Pays continental et très enclavé, les pistes rurales au Mali sont très souvent impraticables en période d’hivernage, rendant difficile l’acheminement des productions agricoles vers les centres de consommation et accentuant ainsi la pauvreté des ruraux.
L’accès aux services sociaux de base est également problématique avec des pertes en vie humaine et un taux important de déperdition scolaire. Avec une croissance démographique importante et une population urbaine appréciable exigeant un approvisionnement constant en denrées alimentaires provenant du milieu rural, l’acheminement des produits agricoles nécessite la disponibilité d’infrastructures routières, notamment au niveau des bassins de productions agricoles. Pour faciliter la mobilité rurale, le gouvernement a initié le Projet d’amélioration de l’accessibilité rurale (PAAR), avec l’appui de la Banque mondiale.
L’objectif du PAAR est d’améliorer et de pérenniser l’accès routier des communautés paysannes aux marchés et aux services de base dans la zone d’intervention du projet qui est la Région de Koulikoro (à l’exception du cercle de Nara) et la Région de Sikasso. La durée du projet est de cinq ans (2017-2022) avec un cofinancement de la Banque mondiale et de l’Etat malien. Le projet bénéficiera directement à 650.000 âmes, dont 51% de femmes et créera environ 144.000 emplois en cinq ans.
Le PAAR doit aménager 1700 km de pistes pour relier les zones de productions aux zones de consommation. Ces travaux qui devraient être initialement réalisés en quatre phases successives ont été ramenés à trois. La phase 1 (2017-2018) porte sur les travaux d’aménagement de 445 km, dont 204 km de pistes rurales dans la Région de Koulikoro et 241 km dans la Région de Sikasso. La phase 2 (2018-2019) porte sur les travaux de 574 km, dont 309 km de pistes rurales dans la Région de Koulikoro et 265 km dans la Région de Sikasso. Alors que la phase 3 (2019-2020), porte sur les travaux de 673 km de pistes, dont 318 km dans la Région de Koulikoro et 355 km dans la Région de Sikasso.
Le projet comprend quatre principales composantes. La 1ere composante finance l’aménagement d’environ 1 700 km de pistes rurales pour le désenclavement des bassins de production agricole et pour l’inclusion sociale à travers la réalisation de plusieurs aménagements connexes au profit des communautés desservies. La deuxième assure l’entretien courant des pistes rurales améliorées en utilisant la méthode de travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) et des actions de sécurité routière. La 3è finance les coûts opérationnels du projet liés à son fonctionnement, à la gestion des mesures de sauvegarde environnementale et sociale et aussi l’engagement citoyen en vue de s’assurer la participation et l’engagement des bénéficiaires pour une meilleure pérennisation des résultats de développement du projet.
La dernière composante est activée pour financer les activités d’intervention d’urgence afin de faire face aux situations de crise et d’urgence.
Les travaux du projet ont été lancés, le 15 janvier 2018, par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. Le PAAR, au titre de la phase 1, a aménagé des pistes dans les régions de Koulikoro et de Sikasso. Dans la Région de Koulikoro, on peut retenir 204 km de pistes. Les 241 km de pistes ont été réalisés dans la Région de Sikasso.
Du lancement du projet à nos jours, 445 km de pistes ont été aménagés et les réceptions provisoires ont été effectuées avec la réalisation des travaux confortatifs. La stratégie d’intervention du projet est le traitement des points critiques afin de rendre les pistes cyclables en toutes saisons. Une des originalités du PAAR est la participation citoyenne. Le concept de l’engagement citoyen est la base de la stratégie d’intervention du projet qui garantit l’implication, la participation, l’appropriation et la pérennisation des actions de développement du projet. Ce concept englobe les concertations publiques au cours desquelles les communautés de façon participative identifient leurs besoins prioritaires, le mécanisme de gestion des plaintes, conflits et doléances avec la mise en place des comités de médiation au niveau de chaque commune partenaire et le suivi communautaire des travaux par les populations à travers un point focal choisi par commune.
71 villages riverains des 445 km aménagés de la phase 1 bénéficieront d’aménagements connexes, dont 52 constructions (écoles, centres de santé, magasins de stockage), 19 forages dans les deux régions, dont quatre avec périmètres maraîchers pour les femmes. Ces travaux sont en cours et seront livrés aux populations d’ici la fin de l’année 2019. La seconde composante sur l’entretien courant des pistes aménagées et la sécurité routière mettra en place un mécanisme d’entretien courant des pistes rurales par la méthode de haute intensité de main d’œuvre (HIMO). Pour l’entretien courant des pistes aménagées, des brigades villageoises ont été mises en place au niveau de tous les villages riverains.
Les résultats initialement obtenus pour la phase 1 du projet en matière d’amélioration de la sécurité routière sur les pistes aménagées sont variés : 10 agents formés à la certification et en audit/inspection de sécurité routière, 12 tricycles médicalisés offerts aux CSCOM des communes de la phase 1, dont sept pour Sikasso et cinq pour Koulikoro dans le but d’assurer l’évacuation des malades des villages vers le CSCOM. Les catadioptres ou réflecteurs au nombre de 2.500 ont été acquis et seront fixés sur les moyens intermédiaires de transport, les élèves de 25 établissements scolaires ainsi que 25 chauffeurs et conducteurs routiers ont été sensibilisés aux règles de la sécurité routière.
Les travaux sont imminents pour les pistes de la phase 2 du PAAR, leur démarrage interviendra dans les semaines à venir. Les pistes des phases 3 et 4 sont également identifiées.
Khalifa DIAKITÉ
L’Essor