Mme Salimata Tangara dirige, depuis le 12 octobre 2022, la Commune rurale de Niamana, une collectivité située dans le cercle de San, région du même nom. Militante de plusieurs associations féminines, cette femme-leader, qui n’a pas fréquenté l’école classique, est sur le front pour l’émergence de Niamana. Elle nous a accordé un entretien en marge de la Journée nationale des communes, tenue les 11, 12 et 13 mai 2023 au Centre international de conférences de Bamako.
Elle a pris le 12 octobre 2022 les rênes de la commune rurale de Niamana, dans le cercle de San – région du même nom- suite au décès de son prédécesseur. Un véritable coup de destin pour une femme qui n’a jamais rêvé de ce poste, malgré son engagement politique qui ‘’remonte à la création du Rassemblement pour le Mali (RpM)’’.
Sans avoir jamais fréquenté l’école classique, Salimata Tangara s’est en revanche bâti une solide réputation dans le milieu associatif féminin par son activisme. De la Coordination des associations et O.n.g féminines du Mali (Cafo) à ‘’Sikoloton’’ elle s’est imposée grâce à son leadership. De 2001 jusqu’à son élection 2022 à la tête du bureau municipal, elle est demeurée trésorière générale de l’Association de centre de santé communautaire de Niamana. Une longévité qui en dit long sur sa probité dans la gestion des ressources publiques.
Mes ambitions pour les femmes et les jeunes
‘’Mon ambition est d’assurer une éducation de qualité pour les enfants et permettre aux femmes n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école de bénéficier des cours d’alphabétisation’’. La Maire de la commune rurale de Niamana nourrit de grandes ambitions pour la transformation sur place des produits agricoles. Elle déplore que le Sahara et la Méditerranée soient devenus des cimetières pour de nombreux jeunes subsahariens. C’est pourquoi la Maire non moins mère se bat pour trouver des financements de projets qui pourraient leur ôter le goût d’une aventure au péril de leur vie.
Dans l’agenda de Salimata Tangara figure en bonne place l’amélioration de la santé des populations à travers la réalisation d’infrastructures dignes du nom. Elle veut voir les femmes, notamment celles en état de grossesse donner la vie dans de meilleures conditions. ‘’Nous avons besoin d’équipements sanitaires’’, lance-t-elle. Car l’édile est consciente de la nécessité de renouveler régulièrement les équipements des structures de santé.
Elle souhaite également des ressources humaines de qualité au service de la décentralisation. Ainsi, ambitionne-t-elle une formation continue des agents de la mairie afin qu’ils soient en phase avec l’évolution des lois et autres textes du pays. ‘’Tout cela contribue au développement de la commune’’, justifie-t-elle.
Seulement voilà : le développement ne saurait être possible si les taxes ne sont pas payées : ‘’Qui parle de communes parle de taxes. Sans paiement de taxes, la commune n’est pas viable.’’
Se mettre ensemble pour prendre des initiatives
La maire de la commune rurale de Niamana a une conception claire de la décentralisation. «Les dirigeants nous ont fait comprendre que le pouvoir est retourné à la maison et que l’on doit se mettre ensemble pour prendre des initiatives dans le sens du développement de la commune», nous confie-t-elle autour d’une table dans la salle de banquet du Centre international de conférence de Bamako. ‘’Nous devrons nous donner la main pour assurer notre développement’’, a-t-elle laissé entendre.
Partisane d’une gestion participative des affaires communales, elle travaille avec toutes les couches sociales et politiques de la collectivité ainsi que les partenaires. ‘’Je ne travaille pas seule…Je suis à la disposition de nos concitoyens nuit et jour. Les chefs de village me félicitent’’, se glorifie Mme le Maire de Niamana.
Fervente défenseure des droits de la femme et de l’épanouissement de la gent féminine, elle appelle ses sœurs à s’engager sans complexe dans les actions de développement. ‘’Être une femme n’est pas un handicap’’, estime celle qui veut aider les femmes à s’insérer dans le circuit de développement socio-économique de la commune.
‘’Mon mari ne soutient….’’
La Maire de la commune rurale de Niamana plaide pour que le lois soient traduites dans les langues nationales afin de faciliter leur compréhension par plus de citoyens. En cours d’apprentissage et de lecture en langue nationale bamanakan depuis 17 ans, elle a su se développer un talent de pédagogue qui l’aide aujourd’hui à manager l’équipe communale. Pour autant, il n’est point aisé d’être femme et maire, de surcroît non instruite. Certains ne s’embarrassent pas de le lui jeter au visage. Loin de la décourager, ces critiques raffermissent sa détermination. ‘’Malgré mon niveau d’instruction, je cherche à développer la commune et non à la faire reculer’’.
Dans son combat, l’élue de l’Union pour la démocratie et le développement (Ud.d.) bénéficie d’un soutien de taille qui est celui de son mari. La maire Tangara apprécie fortement le comportement de ce dernier. ‘’Mon mari me soutient. Il n’a jamais posé de problème. Attentionné, il trouve toujours quelqu’un pour m’accompagner dans les coins difficiles d’accès’’.
Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger