Notre consœur Bintou Dagnoko vient de publier aux éditions Gafé, un recueil de poèmes intitulé «Mon père m’a légué». C’est le reflet d’une société sans âme, minée par la violence physique, l’injustice, l’exploitation des plus fragiles. Cependant, l’auteure appelle à garder espoir, à se battre et travailler dur.
Selon Ousmane Diarra, écrivain, qui a préfacé le livre, «Ce recueil de poèmes, c’est les voix croisées ou, plutôt, superposées d’un père et de sa fille. Elles ont réveillé en moi les mots, les refrains et les mélodies que je croyais enfouis sous les plis du temps, réveillé en moi mes premières inquiétudes devant la vie, devant le monde, devant notre humanité qui semble n’avoir plus de repère. Oui, notre condition humaine devenue pire qu’aux temps de ma prime jeunesse ! Certes, la jeunesse, c’est l’âge de toutes les angoisses mais, aujourd’hui, avec tout ce que nous voyons sous nos yeux, on peut dire sans se tromper que cette angoisse s’est aggravée».
La condition humaine dépeinte…
L’œuvre de notre consœur dépeint «la condition humaine, donc la solitude d’une jeune fille dans une société sans âme, minée par la violence physique comme morale, par l’injustice, l’exploitation sans état d’âme des plus fragiles dont elle devait pourtant prendre soin». L’auteure nous fait voyager dans un univers où l’hypocrisie est devenue la règle du jeu social ; l’intérêt général est foulé aux pieds. «Les plus délicats apparaissent comme des chèvres au milieu d’une horde d’hyènes affamées. Sans pitié, elles se font dévorer par les puissants… »
……et chantée
Aux dires d’Ousmane Diarra, «Bintou Dagnoko la chante dans sa voix de jeune fille sensible et inquiète, la dénonce à travers des mélodies savoureuses qui me rappellent celles des jeunes filles du village, chantant au clair de lune, chantant à la fois la beauté de la vie, la joie de vivre, la beauté de la nature ; mais aussi leurs souffrances, leurs angoisses, les injustices dont elles sont victimes de la part des plus puissants, interpellant souvent jusque le chef de village, prenant souvent les morts à témoin. » Dans ce concert de souffrances, d’angoisses et d’injustices, la voix du papa (paix à son âme !) lui répond, mais aussi répond à toute la jeunesse. Un appel à ne jamais désespérer, à se battre et travailler dur.
Pour Ousmane Diarra, «Bintou Dagnoko doit certes continuer de peaufiner son art, mais déjà, elle a la fibre de l’écrivaine, la sensibilité et la sincérité sans lesquelles tout art n’est que factice». Il déclare avoir déjà rencontré «beaucoup de beauté dans ce recueil, beaucoup d’amour, non seulement du prochain, mais aussi du Mali et d’Afrique.
Moussa Diarra
Source : Le Challenger