L’actuelle gouverneure du district de Bamako, Mme Aminata Kane, qui s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite, après 42 ans de bons et loyaux services rendus à la nation, est un modèle de rigueur, d’intégrité et de courage pour la nouvelle génération. Digne et femme d’honneur, elle garde la tête haute.
« L’une des femmes que j’admire en ce moment est l’actuelle gouverneure de Bamako, Aminata Kane. Cette femme est parvenue à faire un travail qu’aucun homme n’a réussi à faire. Mettre de l’ordre dans la ville ! C’est important pour moi que vous l’écriviez parce que beaucoup de gens ne respectent pas son travail et je la soutiens à fond. Ce qu’elle fait est extraordinaire. Les gens sont hostiles parce que dès que l’on touche à leurs habitudes, ils sont déboussolés. Elle tient le coup, elle ne se laisse pas corrompre ni impressionner. Pour toutes ces raisons, elle est un modèle en tant qu’être humain. Il nous faut des dirigeants qui n’ont pas peur de l’image que l’on pourrait se faire d’eux parce qu’ils font tout simplement leur travail. Cette femme fait son travail ». Ces propos sont de l’artiste musicienne Rokia Traoré. Cette penseuse libre de très grande conviction s’exprimait chez nos confrères de « Into The Chic By Jeune Afrique » en février 2017.
Cette prise de position de Rokia Traoré n’a rien de l’hypocrisie qui sert de plat de résistance aux déclarations des personnalités publiques. Rokia Traoré a raison. Le contrôleur général de police, Ami Kane a mis de l’ordre dans la ville. L’opération qu’elle a menée en 2016 était plus que nécessaire dans une capitale où le désordre et l’anarchie ont pris le pas sur fond d’incivisme notoire. L’incendie qui a frappé, il y a quelques jours, le marché rose de Bamako devrait encore convaincre les plus sceptiques de la nécessité et de la justesse d’une telle opération. Rokia Traoré a raison. Avant elle, aucun gouverneur n’a réussi à faire ce boulot. « Madame le Gouverneur du District de Bamako, Bravo, il a fallu une femme au poste de Gouverneur pour rendre Bamako assaini et propre. Bamako ne doit plus être une ville sale », a déclaré le Président IBK lors d’une audience qu’il a accordée aux participants du premier forum des femmes de la diaspora malienne. La vaste opération de déguerpissement des abords des voies publiques, une décision impopulaire prise par Mme le gouverneur était une nécessité absolue qui a porté ses fruits.
Une carrière bien remplie
De 1976, année de son intégration à la police à nos jours, elle s’est forgé une solide réputation bâtie au cours de plusieurs années de bons et loyaux services rendus à la nation. Directrice de la police judiciaire à la Direction générale de la police nationale, le contrôleur général de police qui s’apprête à faire valoir ses droits à la retraite a dirigé d’une main d’experte de nombreux commissariats de police où elle s’est distinguée par des résultats encourageants obtenus dans la lutte contre le banditisme. Femme de terrain et de très grande autorité, Ami Kane n’est pas le commandant qui envoie ses fantassins en première ligne. L’opinion garde encore en mémoire ses multiples sorties nocturnes à la tête des équipes de patrouille pour traquer sans cesse les malfrats afin de faire régner l’ordre dans la cité. Ami Kane fut pendant longtemps la bête noire des malfrats et autres délinquants. A la tête de la brigade chargée de la protection de l’enfance et des mœurs, de 2004 à 2014, elle a mené des combats nobles. Partout où elle passe, elle mène le combat qu’elle croit juste. L’indifférence et le laisser-aller lui sont intolérables.
De fort caractère, déterminée, courageuse et imperturbable, elle oppose toujours un sang-froid doublé d’une grande sérénité aux coups-bas et autres attaques personnelles. Son attachement aux valeurs d’intégrité et de transparence s’est avéré une entreprise pleine de péril. Ses méthodes rigoureuses de travail, son sens élevé de la responsabilité et surtout son attachement aux règles de transparence, lui ont attiré des ennuis. Pendant sa carrière, elle a subi des lynchages médiatiques d’une rare virulence.
Une réformatrice ? Sans aucun doute. Femme d’expériences, dotée d’une grande compétence, elle est l’exemple de l’officier qui s’est toujours illustré par son engagement à préserver les valeurs fondamentales de la police nationale. Son militantisme pour les droits des femmes et de l’enfant va l’amener à défendre devant plusieurs tribunes la cause de la femme. Chevalier de l’Ordre national, elle faisait partie en 2011, des maliennes exceptionnelles ayant reçu le prix « Women of Excellence » de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Mali.
Véridique, très croyante et vivant dans une foi profonde et sincère, celle qui garde toujours un exemplaire de Coran sur son bureau, reste convaincue qu’elle a la mission de lutter contre l’injustice et l’arbitraire. Mme Ami Kane a encore de l’énergie et de la force pour servir dans l’honneur et la dignité sa patrie qu’elle aime tant.
Chiaka Doumbia
Le challenger