Une mission du conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM) dirigée par son président Moussa Alassane Diallo et comprenant le directeur général de la structure Mahamane Baby était en visite de terrain mercredi 4 mars à Koulikoro dans le cadre de la mise en œuvre de l’assurance maladie obligatoire (AMO).
Cette visite avait pour objectif de prendre contact avec tous les acteurs impliqués dans l’assurance maladie universelle mais, aussi avec les partenaires de la CANAM. Il s’agissait aussi d’évaluer la mise en œuvre de l’AMO au niveau de la région, d’apprécier la prise en charge des assurés sociaux depuis l’accueil jusqu’au niveau des soins. «Cette mission s’inscrit dans le cadre des réformes structurelles en cours au niveau de la CANAM en vue de changer les habitudes. La CANAM connaît aujourd’hui une fraude sans précédent qui s’explique par l’outil par lequel les assurés se sont identifiés au niveau de la prestation de service notamment les cartes blanches et les récépissés. « à partir du 1er avril, tous les assurés sociaux qui n’auraient pas de cartes biométriques seront exclus des services de l’assurance maladie universelle. C’est une information majeure que nous sommes venus partager avec les acteurs sur le terrain en l’occurrence les médecins, pharmaciens et les autres partenaires que sont l’Institut national de prévoyance sociale et la Caisse malienne de sécurité sociale (INPS et CMSS)», a expliqué le PCA.
Pour Moussa Alassane Diallo, toutes les projections et prévisions faites par la CANAM ont montré que si des mesures rigoureuses, responsables et courageuses ne sont pas prises pour combattre la fraude, il est certain qu’à l’horizon 2023, il y aura un problème de soutenabilité du système AMO. «Plus de 80% des dépenses sont actuellement consacrées aux médicaments, si bien que les prescriptions irrationnelles sont en train de peser lourdement sur les comptes d’exploitation de la CANAM et par conséquent sur sa soutenabilité financière», a déploré le PCA. «On est dans un système de solidarité, si les charges augmentent plus vite que les ressources, on va infailliblement vers un système de faillite», a-t-il ajouté.
Pour redresser la barre et envisager l’avenir avec sérénité, la CANAM préconise des mesures d’ordre organisationnel notamment les cartes biométriques, mais aussi d’ordre technique avec de nouveaux logiciels qui sont de nature à mieux sécuriser les opérations. Une campagne de sensibilisation des médecins à soigner à moindre coût est envisagée au-delà des mesures organisationnelles et techniques. Le PCA a espéré que l’ensemble de ces mesures pourra permettre à la CANAM de faire des économies pour assurer la stabilité financière de la structure et permettre une meilleure prise en charge et une meilleure prestation des assurés. La mission a eu des échanges sur la mise en œuvre de l’AMO avec le personnel du Centre de santé de référence de Koulikoro, l’infirmerie de la garnison militaire, le Centre de santé communautaire de Koulikoro Ba, les gérants des pharmacies Chiva et Coura Sadio, la direction régionale de l’INPS et celle de la CMSS. Ces échanges ont permis de mettre sur la table plusieurs questions comme la gestion des droits (interne et externe), l’inexistence de base de données exhaustives et fiables des assurés sociaux, les procédures de saisie, la validation, la liquidation et le payement des factures. Les débats ont aussi porté sur les problèmes de connexion, l’usage abusif des feuilles de soins, la gestion des rejets des feuilles de soins. Les intervenants ont également évoqué le refus des pharmacies de livrer tous les médicaments prescrits, la transmission des ordonnances, la limitation des prescriptions dans les Centres de santé communautaire (CSCOM), l’arrêt des services AMO dans les pharmacies à partir de 22 heures, l’insuffisance des agents AMO et la faible maîtrise de l’outil de gestion par le personnel sanitaire. Par ailleurs, la mission a expliqué que les assurés doivent impérativement posséder leur carte biométrique avant le 1er avril, faute de quoi, ils ne bénéficieront pas de prestations. Aussi, les intervenants ont estimé nécessaire la relecture de la liste des médicaments non homologués, et déploré l’inexistence d’un cadre de concertation des acteurs, entre autres. En retour, le PCA a signifié aux acteurs que leur engagement à soutenir le système est essentiel pour que la CANAM puisse réussir l’ensemble des reformes en cours, mais aussi pour assurer la pérennité de l’AMO.
Amadou MAÏGA
Amap-Koulikoro
Source: Journal L’Essor- Mali