Après la sortie médiatique d’une partie de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) à savoir : CPA, MSA, CMRF2, Mnla (branche de Tombouctou), pour dénoncer les décrets du ministre de l’Administration territoriale, l’autre partie de la CMA constituée du Mnla, du Hcua et du MAA vient de briser le silence. Ils se sont démarqués nettement de leurs frères d’armes pour apprécier cette décision courageuse des autorités maliennes. C’était le mardi dernier à l’Hôtel Kempinski de Bamako.
Après la sortie médiatique des membres de certains groupes armés se disant de la CMA, les responsables des autres membres de ladite Coordination ont à leur tour organisé un point de presse ce mardi 18 octobre. Il s’agit notamment des responsables du Mnla, HCUA, MAA : Ibrahim Ould Sidati, Ambéry Ag Rhissa, Mohamed Djéri Maïga, et de plusieurs autres membres desdits mouvements.
Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, a félicité le gouvernement d’avoir pris à bras le corps le processus de mise en œuvre de l’Accord. Et ce, à travers des actes salutaires. «On a vu depuis un certain temps que le gouvernement de la République du Mali prenait des décisions courageuses. La plus notoire c’est la désignation des membres des autorités intérimaires. Pour nous, c’est quelque chose de notoire, c’est une avancée majeure. C’est le goulot d’étranglement qui existait depuis un certain temps», a-t-il déclaré. Et d’ajouter qu’une fois que les autorités intérimaires seront installées, l’administration sera reployée naturellement, y compris au niveau des services sociaux de bases.
Parmi ces autorités intérimaires chargées de gérer des localités du nord du Mali figurent les rebelles et les ex-rebelles. Et pour ces derniers, si chaque camp respecte ses engagements, les choses iront très vite. «Il restera alors la phase essentielle du désarmement. Elle se fera après le début de l’organisation des patrouilles mixtes», a-t-il précisé.
Cette conférence de presse fut l’occasion pour les responsables de la CMA de clarifier leur position en rapport avec la récente déclaration de certains mouvements armés qui se réclament aussi de la CMA. Selon Sidi Brahim Ould Sidati, les responsables de ces mouvements qui font des déclarations sous la couverture de la CMA ne sont pas habilités à le faire. «Les membres de la CPA, MSA, Cmfpr2 ne sont pas habilités à prendre la parole au nom de la Coordination des mouvements de l’Azawad.
La CMA n’est composée que du Mnla, du Hcua, et du MAA. Ce sont ces trois mouvements armés qui ont pris part au processus de négociations jusqu’à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale», a-t-il déclaré. Avant de rappeler les conditions dans lesquelles ils les ont associés à la Coordination des mouvements de l’Azawad. A l’en croire, ils les ont acceptés sans condition afin qu’ils puissent prendre part aux activités du Comité de Suivi de l’Accord. Mieux, ils n’ont jamais fait partie des structures de décision de la CMA.
La CMA dénonce certaines irrégularités des décrets
Si les membres de la CMA se sont réjouis au début de l’adoption de ces décrets relatifs à la mise en place des autorités intérimaires, ils n’ont par ailleurs pas manqué de souligner quelques irrégularités qui, selon eux, sont contraires aux accords précédents convenus avec l’Etat dans le cadre de l’Entente du 19 mai 2016.
Pour Sidi Brahim Ould Sidati, l’Etat ne s’est pas conformé à l’accord d’entente du 19 mai 2016. Cet accord dit «Entente», indiquera-t-il, spécifie clairement la taille de l’autorité intérimaire par région et par cercle.
«Sur ce décret, la CMA a certaines remarques. La première, en ce qui concerne la région de Ménaka, de Kidal, et de Tombouctou, le décret est en porte-à-faux avec l’Entente qui a été signée le 19 mai. Parce que dans l’Entente, il est stipulé que la taille de l’autorité intérimaire au niveau régional et même au niveau du cercle est égale au conseil qu’elle remplace.
Dans l’Entente, une clé de répartition a été faite, ce dont le décret n’a pas tenu compte; parce qu’à Tombouctou où la taille de l’autorité intérimaire est de 12 membres, le gouvernement en a mis 13; au niveau de Kidal c’était 11 et c’est devenu 13; au niveau de Ménaka qui est encore déterminé par l’Entente, au lieu de 15 le gouvernement en a mis 17», a-t-il souligné. Avant d’inviter le gouvernement à revenir sur le décret et enlever tous ceux qui sont en surplus par rapport à l’application de l’Entente.
Selon lui, l’Entente devra être la base du décret qui a été pris en Conseil des ministres.
Boubacar SIDIBE
Source: Le Prétoire