Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies a adopté, hier, à l’unanimité des 15 pays membres, une résolution qui fixe les tâches de la mission onusienne dans notre pays pour une année.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé de proroger d’un an le mandat de la MINUSMA. C’était hier à l’issue de sa réunion consacrée à notre pays à New York. En conséquence, les effectifs de la mission onusienne sont portés à 13.289 militaires et 1.920 policiers. Désormais plus offensif, le nouveau mandat permettra de prévenir les attaques terroristes contre les casques bleus et une protection accrue des civils. La MINUSMA est autorisée à employer tous les moyens nécessaires à la réussite de sa mission. C’est ainsi qu’elle doit « adopter une position déterminée et ferme pour mener à bien son mandat ».
Assurément, le Conseil de sécurité de l’ONU a entendu le cri de coeur du Premier ministre Modibo Keita, il y a deux semaines, lors de l’examen du rapport du secrétaire général au siège de l’ONU.
Pas étonnant dès lors que le Conseil de sécurité demande désormais à la mission, présente dans notre pays depuis juillet 2013, d’aider en priorité le gouvernement dans l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Aussi, la MINUSMA doit aider à rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. L’organisation réussie des futures élections nécessite, en effet, la présence des autorités dans le Septentrion et le Centre du pays.
Dans le cadre des bons offices et de la réconciliation en vue de promouvoir un climat apaisé dans le pays, la MINUSMA est appelée à encourager les initiatives visant à atténuer les tensions intercommunautaires. Elle est tenue également de protéger les civils notamment face aux menaces asymétriques.
Le Conseil de sécurité assigne aussi, comme nouvelle tâche, à la MINUSMA des mesures à prendre pour lutter contre les attaques asymétriques afin de défendre activement son mandat. Dans ce cadre, l’instance de décision de l’ONU instruit de « prendre activement des dispositions musclées pour contrer les attaques asymétriques dirigées contre des civils, veiller à ce qu’il y ait des interventions rapides et efficaces lorsqu’il existe des menaces de violence contre des civils et empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones, en ne menant des opérations directes qu’en cas de menaces graves et crédibles ».
Le Conseil de sécurité exhorte la MINUSMA à améliorer encore ses rapports avec la population civile et la coopération avec les Forces de défense et de sécurité maliennes. Dans cette optique, elle doit veiller à ce que tout appui fourni à des forces de sécurité autres que celles de l’ONU, dont les Forces de défense et de sécurité maliennes, soit strictement conforme à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme. Il est demandé à cet effet au secrétaire général de l’ONU de renforcer la coopération entre la MINUSMA,http://bamada.net le Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le G5 Sahel, en vue de la fourniture à la mission de renseignements utiles à l’accomplissement de ses tâches.
Dans la perspective du renforcement des capacités des troupes, le Conseil de sécurité exhorte les pays contributeurs à accélérer les procédures d’achat et de déploiement de tout le matériel nécessaire. Cela va se traduire par le renforcement des capacités en matière de renseignements, la fourniture de dispositifs de protection contre les engins explosifs, la dotation en moyens militaires appropriés.
Concernant les forces françaises Barkhane, le Conseil de sécurité les autorise « à user de tous les moyens nécessaires, dans la limite de leurs capacités et de leurs zones de déploiement, jusqu’à la fin du mandat confié à la MINUSMA par la présente résolution ».
Au chapitre des exhortations à l’endroit de tous les acteurs, le Conseil de sécurité demande d’accélérer la mise en oeuvre de l’Accord et brandit des sanctions contre ceux qui travaillent à saboter les efforts de paix. Aussi, est-il demandé à tous les groupes armés qu’ils déposent les armes, mettent fin aux hostilités, renoncent à la violence, rompent avec des organisations terroristes.
Ce renforcement du mandat de la MINUSMA, réclamé de longue date par notre pays, était prévu. Le dernier rapport du patron des Nations unies relevait les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord, mais soulignait aussi la situation sécuritaire précaire voire dangereuse. Avec 75 hommes perdus depuis le début de l’année, la MINUSMA est la mission onusienne la plus dangereuse parmi les 16 déployées à travers le monde.
La mission dépêchée par le Conseil de sécurité dans notre pays en mars dernier pour toucher du doigt la réalité du terrain a, semble-t-il, permis de prendre les décisions conformes à la situation.
A. M. CISSE
Source :L’ Essor