Comme on pouvait s’y attendre, le mandat de la mission de l’ONU a été renouvelé. Elle est donc autorisée à rester au Mali en usant de tous les moyens en sa possession pour protéger et exécuter son mandat. Elle s’est même renforcée en terme de personnels militaires. Ce qui est d’ailleurs le seul fait majeur, rien de plus.
Le Conseil de sécurité ne donne en rien autorisation à sa mission de lutter contre le terrorisme. Pas comme les Maliens puvaient s’y attendre. Au contraire, le mandat de la Minusma n’a pas changé si ce n’est l’augmentation de son personnel militaire.
Et là, on se demande si les attaques asymétriques qu’elle subit sont réellement le fruit d’une insuffisance d’hommes ou d’une absence d’autorisation à aller combattre ceux qui la combat. A chacun son appréciation. Mais ce qui est patent, c’est que la Minusma reste telle qu’elle est venue au Mali en matière de lutte contre le terrorisme. En matière de lutte contre ceux qui la combat.
“Ce que le conseil de sécurité a fait, c’est de réaffirmer exactement le même mandat qu’on avait auparavant. Mais cette fois, la différence, c’est qu’il a inclus un langage plus explicite d’être plus robuste et plus active en terme d’opération de contrer les menaces asymétriques”, ainsi s’exprimait Radia Achouri, porte-parole de la mission, au micro des confrères du Studio Tamani. Plus loin, elle ajoute : ” A savoir que quelqu’un qui tire sur nous ou qui tire sur un civil, on le tire dessus. Quelqu’un qui menace de tirer et on sait qu’il va tirer, on lui tire dessus”. Voilà en tout et pour tout le “nouveau” rôle de la mission la plus dangereuse de l’histoire des Nations-Unies.
En d’autres termes, la Minusma n’a pas le droit de toucher à un cheveu de quelqu’un qui se promène, sous son nez et sa barbe, avec une kalach. Cela, même si elle sait pertinemment que c’est un terroriste susceptible d’aller l’attaquer quelques mètres plus loin. Il faut que cette personne manifeste une intention de s’attaquer à un civil ou aux casques bleus pour que ceux-ci puissent enfin réagir. Est-cela un mandat robuste ? N’est ce pas ce que fait la Minusma en longueur de journée d’où son record en terme de morts et de blessés ?
En effet, ce record macabre n’est que le résultat de l’intervention d’une mission sur un terrain vaste et miné par le terrorisme. Et le terrorisme, la Minusma n’a toujours pas été dotée des moyens militaires et juridiques pour le combattre. D’ailleurs cette tâche a été mise exclusivement (mais logiquement) sur le compte de Barkhane et de l’armée malienne. Seulement, la première est dans une logique de traquer les terroristes au lieu de les éliminer et la seconde, en reconstruction, n’a pas encore la capacité requise en terme de moyens.
Du coup, la présence de milliers de soldats internationaux ne suffit plus à rassurer les populations. Les problèmes liés à l’insécurité demeurent intacts et n’ont pas l’air d’emprunter le chemin de la normalité. C’est pourquoi l’envie d’une mission onusienne vraiment robuste s’exprime.
Mais cet appel du citoyen lambda malien, de son gouvernement, de ses élus et même des pays contributeurs, n’a pas pu convaincre le Conseil de Sécurité de revoir sa copie toutes les fois qu’elle en a eu l’occasion.
Pourquoi l’ONU reste donc non boisé à cet appel pressant du peuple, de ses autorités et de certains de ses partenaires ? Après tout, c’est dans intérêt exclusif du Malien que tous ces véhicules tagués de « UN » circulent à Bamako et dans les régions du Nord.
La rédaction