Alors que les pays membres de l’Union européenne engagés au Mali se préparent au sommet de la mi-février à l’adaptation de leur dispositif, l’Allemagne appelle déjà à la réévaluation de l’engagement militaire des Européens dans notre pays.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a jugé mercredi 2 février que l’engagement militaire des Européens au Mali, où les militaires au pouvoir viennent d’expulser l’ambassadeur français, devait être réévalué.
« Au vu des dernières mesures prises par le gouvernement malien, nous devons honnêtement nous demander si les conditions pour le succès de notre engagement commun sont toujours réunies. Notre engagement n’est pas une fin en soi », a déclaré Annalena Baerbock dans une interview à la Süddeutsche Zeitung.
« Nous sommes en étroite concertation avec nos partenaires internationaux et l’Union européenne, notamment la France, sur la manière dont nous allons poursuivre notre engagement sur le terrain », a-t-elle affirmé.
« Nous allons également aborder ces questions primordiales avec le gouvernement malien dans les prochains jours », a ajouté Annalena Baerbock.
L’armée allemande est pour l’heure engagée dans notre pays au sein de deux opérations. 328 soldats participent à la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM) et 1 170 soldats grossissent les rangs des Casques bleus de l’ONU.
L’avenir des soldats de la Bundeswehr au Mali se jouera principalement en mai. Le Bundestag devra alors décider si l’armée allemande poursuit ou non ces deux missions. Le 22 janvier, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, avait pour sa part exclu toute idée d’un retrait des soldats déployés au Mali.
Cette sortie intervient dans un contexte de crise diplomatique entre le Mali et la France alimentée par les discours des responsables politiques des deux États.
Selon plusieurs observateurs, ce différend menace l’opération Barkhane et la Force Takuba, deux initiatives soutenues et exécutées par la France dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Mali et au Sahel.
Mais à ce stade de l’escalade et de la méfiance entre les responsables politiques des deux pays, les opérations militaires se poursuivent sur le terrain, elles n’ont pas été affectées, selon des sources militaires.
Celle-ci est corroborée par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal qui était sur France Info le mardi matin. « Ce qui est certain, c’est que la situation ne peut pas rester en l’état. D’ici la mi-février on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place » et « pour prévoir une adaptation ».
L’avenir des engagements militaires tant souhaité par la France au sein de la Force Takuba se joue lors de cette rencontre. D’ici, le sort de Takuba est fortement menacé.
Cette crise n’a pas que des impacts sur les opérations militaires, elle touche également des domaines politiques et économiques entre le Mali et la France.
« Nous devons constater que les conditions de notre intervention qu’elle soit militaire, économique et politique sont rendues de plus en plus difficiles, bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix », déclarait Florence Parly sur France Inter.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin