Les bureaux du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) ont été fermés, ce mercredi, par la gendarmerie nationale sur l’ordre du Procureur du tribunal de la commune IV, selon plusieurs sources. Les gendarmes ont également changé les serrures et ont remis les nouvelles clés au Procureur, a ajouté une source.
« Ce matin (NDLR mercredi 2 février), nous avons été surpris de voir des éléments de la gendarmerie au CNPM. C’était un effectif important. Ils ont quadrillé le siège du CNPM », nous a affirmé un témoin.
Après quelques minutes d’échanges avec des travailleurs, ils sont rentrés dans le bâtiment du CNPM, poursuit le témoin.
« Des gendarmes sont venus nous faire sortir du bureau. Ils disent exécuter un ordre du procureur du tribunal de la commune IV. Après avoir fait sortir les agents du Conseil national du patronat, ils ont changé les clés des bureaux », a témoigné un agent du CNPM.
Par ailleurs, d’autres sources précisent que les nouvelles clés ont été remises au Procureur du tribunal de la commune IV.
Aux environs de 12h, une équipe du journal a fait un tour sur le site et a fait le constat de la présence de près d’une dizaine de gendarmes à l’entrée principale du siège du CNPM.
Cette situation intervient après la sortie médiatique des deux clans qui revendiquent chacun de son côté la présidence du secteur privé malien depuis 18 mois alors que les procédures judiciaires sont en cours. Et les deux camps, par presse interposée, mènent le combat.
En effet, les avocats de Mamadou Sinsy COULIBALY, depuis la décision de rétraction de l’ordonnance gracieuse de la Cour suprême en décembre 2021, se battent pour que le camp Diadié dit Amadou SANKARE quitte les locaux du CNPM pour avoir perdu toute légitimité, à travers cette décision de justice.
« Ils sont venus sur le fondement d’une justice, ce fondement n’étant plus là, ils doivent quitter », a affirmé Me Sékou BARRY, l’un des avocats de Mamadou Sinsy COULIBALY lors de leur conférence de presse tenue le mardi 25 janvier.
« Une décision de justice est rendue pour être exécutée. Nous nous posons la question qui obstrue la décision de justice de la Cour suprême. Et sur quel fondement Diadié dit Amadou SANKARE est maintenu au CNPM ? », s’interroge-t-il, en affirmant que Diadié dit Amadou SANKARE n’est pas le président du CNPM et ce poste demeure vacant jusqu’à l’organisation d’une nouvelle Assemblée générale élective.
Comme la réponse du berger à la bergère, le conseil de Diadié SANKARE, à travers Me Badjan HAGGE, était également face à la presse le lundi 31 janvier pour répliquer.
« Diadié dit Amadou SANKARE ne peut pas quitter le CNPM sur la base de la rétractation de l’ordonnance gracieuse. La décision de la Cour suprême ne parle pas d’expulsion », a apporté Me Badjan HAGGE la contradiction en expliquant qu’une décision de rétractation est différente d’un jugement d’expulsion.
« Ce que les avocats de Mamadou Sinsy ne disent pas, ils ont cherché à voir la décision d’expulsion en vain. Ils ont déjà saisi le tribunal de la commune IV du District de Bamako qui a jugé irrecevable leur demande le 19 avril 2021 », a indiqué Me HAGGE qui affirme que rien n’oblige son client à quitter le CNPM.
Par ailleurs, des responsables des groupements professionnels du Mali ont émis le souhait de convoquer une assemblée générale élective. Pour eux, c’est l’alternative certaine pour tourner la page de cette crise qui perdure depuis près deux ans.
« Il n’y a plus question de camp de Mamadou Sinsy COULIBALY et de Diadié. Il y va de l’avenir du CNPM. Il y a 23 groupements professionnels qui ont signé un document pour mettre en place une administration qui va gérer les élections. Ça fait 18 mois que les choses traînent devant la justice. Des décisions ont été certes rendues, mais peinent à être exécutées. Aujourd’hui, nous allons prendre notre avenir et notre destin en main pour la solution légitime aux problèmes du CNPM », a déclaré Mme BERTHE Minian BENGALY, membre du groupe professionnel.
Cette proposition est rejetée par le camp Diadié dit Amadou SANKARE qui a estimé qu’aucun regroupement n’a mandaté personne pour mettre en place une telle stratégie. À cet effet, Oumar DIOUARA, 1er vice-président trésorier du bureau dirigé par Diadiè, soutient que ce n’est pas possible tant que les actions judiciaires sont en cours.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin