Après la défenestration de Tiéman Hubert Coulibaly du ministère de la Défense et des anciens combattants, l’on se posait des questions sur les raisons réelles de son départ précipité du Gouvernement.
Il nous revient que derrière ce départ du désormais ex-ministre de la Défense, se cache un énorme scandale financier concernant les dépenses au profit de l’Armée qui s’élèvent à 220 milliards FCFA sur lesquels 74 milliards ont été réellement justifiés pour le moment. A présent, des voix s’élèvent pour exiger un audit de la situation. Mais au vu des intérêts en jeu, IBK l’ordonnera-t-il en sachant que le fiston national, Karim Keïta, a joué au VRP pour Oryx dans la fourniture de carburant à l’Armée?
En effet, l’on se rappelle que suite à l’attaque de la caserne militaire de Nampala, l’Urd, en tant que chef de file de l’opposition démocratique et républicaine, interpellait le président de la République en des termes à la fois clairs et alarmants sur la situation et l’état de nos forces armées et de sécurité. C’était à travers une déclaration lue par le 1er vice-président de l’Urd, Salikou Sanogo, à l’occasion d’une conférence de presse tenue à la Maison de la presse de Bamako.
En effet, l’Urd notait que : «Le Président de la République a réuni un conseil de défense le même jour pour ensuite reconnaître qu’il y a eu des dysfonctionnements au sein de l’appareil militaire sans aucune précision. Le Ministre de la Défense déclare avec un sérieux déconcertant le même jour à la Télévision nationale que « nos forces sont revenues prendre le contrôle du camp et sécuriser la ville ». Son message a été relayé par son homologue de la communication, porte-parole du Gouvernement sur RFI le lendemain 20 juillet 2016. Au même moment les populations de Nampala étaient abandonnées à elles-mêmes. Aucun renfort pompeusement annoncé par ces deux membres du Gouvernement n’était présent dans la ville. Le maire de Nampala, entre autre, interrogé par la presse malienne et internationale dont Jeune Afrique, a démenti formellement les propos tenus la veille par les deux ministres.
Nous savions que le mensonge d’Etat était le sport favori du régime IBK, mais de là à vouloir rassurer tout un peuple, après des faits aussi graves qu’intolérables, par des mensonges grotesques, constitue le pire des mépris qu’un régime peut avoir envers son peuple. Pourquoi mentir que Nampala a été sécurisée alors que rien n’en était ? Pourquoi ? Pourquoi ?».
Renfort immobilisé faute de carburant
Cette préoccupation de l’Urd, largement partagée par les populations maliennes, devait trouver une réponse. Hélas, elle viendra, mais sur le tard car seulement après l’attaque de Boni. En effet, las d’apprendre que nos forces armées et de sécurité manquent de l’essentiel pour travailler et faire face aux incursions djihadistes, le chef de l’Etat était obligé de démettre Tiéman Hubert Coulibaly de ses fonctions. Il se trouve que Tiéman répondait toujours au président de la République que des moyens sont pourtant mis à la disposition des éléments déployés sur le terrain pour exécuter leurs missions. C’était sans compter avec les réseaux de renseignements, par lesquels le Président IBK apprendra que pour le cas de Nampala, le renfort n’a pas pu quitter Ségou à temps pour porter assistance aux éléments pris dans l’étau des djihadistes à cause d’un manque de carburant.
En effet, après vérification au niveau du Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des finances, 220 milliards de francs CFA avaient été déclarés dépensés pour le fonctionnement de nos forces armées dont 74 milliards de nos francs ont été justifiés à ce jour. C’est le scandale ! Disons que la liste des scandales financiers du régime IBK s’allonge ainsi et Dieu seul sait qu’elle est déjà longue, très longue d’ailleurs pour seulement trois ans passés au pouvoir.
Avec cette découverte, des voix s’élèvent de plus en plus pour exiger un audit qui ne viendra certainement pas très tôt au vu des intérêts en jeu. En effet, au sein des forces armées et de sécurité c’est un secret de polichinelle que l’Honorable et fiston national, Karim Keïta, est cité comme actif dans ce dossier pour avoir joué le rôle de VRP au profit de la multinationale Oryx aux côtés de laquelle il s’est affiché à plusieurs reprises à l’occasion d’une présence très remarquée lors de l’inauguration des stations ouvertes par Oryx. Ce qui n’est pas le cas avec d’autres compagnies pétrolières du pays.
Par ailleurs, avec le carburant de la multinationale Oryx dont la qualité est remise en cause par le rapport de l’Ong basé en Suisse, Public Eye, suite à des analyses d’échantillons prélevés sur place au Mali, il y a de quoi se demander si un pareil carburant serait indiqué pour des hélicoptères et autres engins de l’armée.
Affaire à suivre.
A.D.
Source: Le sphynx