Dans le cadre de la journée internationale des migrants, l’amphi théâtre de la Faculté des sciences juridiques et politiques a abrité, hier jeudi, une conférence-débat sur la sur migration clandestine. Ladite conférence était animée par le Dr SYLLA, ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration, en présence de Mme Aminata Dramane TRAORE, ancienne ministre Culture, des ambassadeurs accrédités au Mali, des recteurs et doyens des différentes facultés des universités de Bamako.
Y étaient présents aussi, des anciens candidats à l’immigration, dont le jeune et célèbre artiste Adama KONARE, allias DJ Makoye, le Pr Kaourou DOUCOURE, ancien député PARENA, et professeur à l’école de médecine. Cette conférence avait pour objectif de sensibiliser les jeunes étudiants sur les enjeux de la migration.
D’entrée de jeu, Mme Aminata Dramane TRAORE a pointé un doigt accusateur à l’occident qui encourage ces flux migratoires, à travers ses programmes d’ajustement structurel et autres politiques néo-libérales, qui ne laissent aucune chance à la jeunesse des pays en développement. Elle a également fustigé l’exploitation massive des richesses des pays pauvres qui sont drainées vers l’occident.
« Nous devons savoir que l’Afrique est victime de ses richesses. Nous devons savoir aussi que nous n’avons pas besoin d’apitoiement sur notre sort. Nous ne devons pas mendier notre place à l’Europe, mais nous voulons des relations plus justes », a-t-elle clamé, ajoutant que la valorisation de nos produits permettrait à notre pays de donner de l’emploi à nos jeunes et aux femmes représentant plus 70 % de la population malienne.
« Je déplore que même nos dirigeants, qui insinuent que l’emploi des jeunes et l’autonomisation des femmes sont leurs soucis, passent à côté des initiatives de développement de ces couches. La preuve, nos dirigeants s’habillent à chaque fois en costumes faits de notre coton transformé chez les blancs qui nous les revendent plus chères. Au même moment, le pauvre tisserand souffre sous son hangar à l’attente de client. Les richesses minières dont regorge l’Afrique ne nous rapportent rien. Elles sont à la merci des blancs, pendant que les populations qui vivent autour des sites miniers sont privées des services sociaux de base », a-t-elle déploré. Comme pour enfoncer le clou, Mme Aminata Dramane TRAORE soutient que le rapport entre l’Europe et l’Afrique est une coopération très déséquilibrée. « Le modèle économique adopté par nos pays n’est pas approprié au développement de notre Continent et ils le savent très bien ces blancs », a-t-elle indiqué.
Concernant la migration, Aminata Dramane TRAORE constate qu’il y a énormément de risque à voyager dans certaines conditions avec la montée du racisme de l’extrême droite, même si la mobilité est un droit inaliénable.
« Aujourd’hui la logique du système voudrait que les marchandises voyagent, que les capitaux circulent, mais que les êtres humains ne voyagent pas ou du moins sur sélectionne, qu’on trie les migrants. Nos jeunes Africains sont aussi victimes de ce racisme haineux que les blancs et certains Arabes orchestrent contre la peau noire ces trois dernières décennies », a-t-elle dénoncé, avant d’exprimer tous ses regrets envers les Africains qui pratiquent la dépigmentation pour vouloir ressembler aux gens « qui ne nous aiment pas ».
Quant au jeune Makoye, il a raconté sa mésaventure sur la route de la migration clandestine à travers une chanson qui a émerveillé l’assistance.
Le ministre SYLLA a une fois de plus témoigné de la pertinence des questions de migration soulevées par les participants à l’endroit des plus hautes autorités de notre pays.
« La migration est devenue un véritable drame de notre époque, par la fermeture évidente de l’ensemble des frontières. Car chaque pays pour des questions de sécurité ferme ses frontières. Du coup, nous assistons à une migration illégale qui conduit à ces pertes en vies humaines énormes. Les corps et les milliers de personnes repêchés dans la méditerranée en sont des indicatifs au regard du plus grand nombre qu’on ne trouve pas. Je pus l’affirmer avec certitude que mon département est aussi confronté à cette sorte d’aveux que nous enregistrons quotidiennement de la part des parents qui viennent nous voir pour annoncer qu’ils sont sans nouvelles des leurs partis très longtemps. C’est pourquoi le gouvernement du Mali a adopté un document de Politique nationale de la migration, dont la phase de mise en œuvre a démarré », a-t-il révélé.
Pour la situation des Maliens de Libye, le ministre Sylla rassuré que le gouvernement est à pied d’œuvre pour qu’un seul Malien ne reste dans cette misère dans ce pays.
« De janvier 2017 à nos jours, le gouvernement, à travers mon département, a fait rapatrier 5000 Maliens de la Libye et même aujourd’hui d’autres regagneront le pays », a-t-il dit, avant de ne rappeler qu’aucun Malien n’a été vendu ni en Libye ni autre part.
Par CHRISTELLE KONE.
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