Depuis plusieurs mois, la ville de Sévaré dans le centre du Mali, est devenue un eldorado pour les professionnelles du sexe. On y rencontre toutes les nationalités de toutes pointures. Enquête faite, il nous revient que cela s’explique par la forte présence des soldats de la paix de la MINUSMA. De l’avis de certaines candidates au voyage pour la ville promise qui ont accepté de répondre à nos questions, ces soldats payent cinq fois plus qu’un client lambda. Ils payeraient surtout dans la plupart des cas, en dollars.
Ce n’est pas notre première fois d’évoquer ce sujet dans nos pages car, au lieu de faiblir, le phénomène gagne en ampleur. Telle la puanteur qui attire les mouches, les dollars du sexe des soldats de la paix entretiennent l’appétit des professionnelles du sexe et justifient leur ruée vers Sévaré, dans le centre du pays qui abrite un gros contingent de casques bleus. C’est la déduction qu’on peut faire de la confidence que nous a faite sous anonymat, une candidate en instance de départ pour « la terre promise », rencontrée devant Bi 2, un maquis du Quartier Golf, en commune V du District de Bamako. Apparemment, elle n’est pas à son premier voyage et semble bien au fait de ce qu’on peut appeler un « réseau ». Selon elle, des départs sont organisés chaque mois, comme pour renouveler « un stock ». Par convois, des filles de toutes les nationalités quittent Bamako pour Sévaré. Elle nous montre du doigt, assises sur une table, deux filles qui viennent de Kenièba, ville proche de la Guinée et du Sénégal. Plus loin, une de Loulou, une autre de Zegoua, à la frontière du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire et d’autres qui sont comme elle, de Bamako. A ses dires, pour ce voyage, elles sont au total seize candidates sélectionnées sur commande pour renforcer ou remplacer d’autres, sans compter celles qui font le déplacement de leur propre gré. Des fois, ajoute notre interlocutrice, le nombre de candidates par convoi peut passer jusqu’à vingt-deux. Leur arrivée, poursuit-elle, est très attendue par les soldats de la MINUSMA, leurs principaux clients. « Dans les maquis de Sévaré maintenant, le dollar circule mieux que le CFA ». Une situation qui explique la migration des filles de joie de la capitale pour Sévaré (Mopti). Visiblement très loquace, elle dévoile entre deux gorgées de bière qu’en une seule nuit, une professionnelle du sexe peut se taper jusqu’à 100 000F CFA, tandis qu’à Bamako, les recettes sont maigres.
A Bamako et même dans les maquis où la demande est forte, une crack de nuit a rarement 20 000F la nuit. Les temps sont très durs et les professionnelles sont souvent obligées de casser leur prix, « une promo » qui ne dit pas son nom pour entretenir la maigre clientèle. L’on comprend aisément que la demande est forte du côté des casques bleus et que l’offre également est importante. La mission de paix couvre bien d’autres volets.
Fousseyni SISSOKO
Source : NOTRE VOIE