La ville de Ménaka serait actuellement « encerclée » par l’État Islamique au Grand Sahara, affirment des populations locales qui précisent que tous les cercles de la région sont désormais sous le contrôle de l’EIGS, précisent les mêmes sources. Cette situation était prévisible, avec l’intensification des combats entre les groupes terroristes EIGS et le JNIM, indique un chef coutumier de la zone qui exprime son inquiétude et appelle les autorités de la transition à faire face à cette situation avant qu’il ne soit trop tard.
Le lundi 10 avril, des éléments de Daech ont attaqué les localités de Tindermène et de Inkadewane, situées dans la région de Ménaka. Ces individus ont saccagé des boutiques et procédé à des enlèvements. Après la prise de la localité de Tindermène les groupes terroristes alliés à l’Etat islamique, la situation sécuritaire demeure très tendue autour de la Ménaka qui est désormais sous pression. En tout cas, certaines sources au sein de la population confirment l’emprise de Daech sur des localités environnantes. Des milliers de personnes auraient déjà quitté Ménaka pour aller vers d’autres grandes villes comme Ansongo, Gao, Kidal, ou encore en Algérie et au Niger. D’autres sources nient cet encerclement par des djihadistes.
«J’ai vu des voitures contenant des armes lourdes notamment des douze sept. A la sortie de la ville, il y avait aussi un groupe de motocyclistes qui ont intercepté un véhicule à l’hôpital de Ménaka» témoigne un habitant de Ménaka qui a préféré garder l’anonymat.
Pour Housseyni Ag Yéhia, un ressortissant de Ménaka, l’arrivée des terroristes djihadistes à Tidermène aura de lourdes conséquences pour les populations de la zone.
«Maintenant avec cette prise de Tidermène, c’est toute la région de Ménaka qui est encerclée… une région de 80.000 km 2. C’est toute cette zone qui échappe au contrôle non seulement des mouvements armés, notamment du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), mais aussi de l’armée malienne. L’armée malienne est seulement présente à l’intérieur des villes, le camp FAMa (Forces Armées maliennes) et celui de la Minusma. Même si les groupes armés comme le GATIA ou le MSA se sont repliés vers l’intérieur de la ville avec toutes les populations déplacées. Il faut comprendre également que les populations dans cette zone sont des populations nomades et pastorales qui vivent de l’élevage. Ces différents événements s’accompagnent également du vol du bétail. Du coup, quand les groupes armés attaquent un village, c’est tout le bétail qu’on emporte », à nos confrères de la DW.
Contacté par la DW, le colonel-major Issa Tembiné, gouverneur de la région de Ménaka affirme qu’il n’y a pas de pression dans la ville de Ménaka et que les populations vaquent normalement à leurs occupations.
«La situation autour de Ménaka est la même qu’il y a 1, 2, 3 ou même 10 mois. Les 2 groupes terroristes continuent de se relayer dans l’occupation et le contrôle de la majeure partie du territoire et les FAMa, la Minusma et les groupes signataires occupent la ville.
Le seul véritable changement est que l’EIGS ne partage plus le contrôle de la région avec le JNIM. Le premier a réussi à reprendre le contrôle de la quasi-totalité de la région. Ce qui est inquiétant, cette capacité de l’EIGS à se régénérer à chaque fois qu’on croyait à sa fin», a posté sur sa page Twitter Kanfari Sonni Anass MAIGA, l’un des observateurs.
Selon d’autres témoignages, l’EIGS serait en possession d’un drone de surveillance et bénéficie d’un considérable appui extérieur et ou aérien qui cache mal le concours d’une puissance internationale.
La convergence des forces alliées de l’État Islamique sur Ménaka est une « réelle crainte qu’il faut prendre en compte avant qu’il ne soit trop tard », alerte un élu de la région qui a requis l’anonymat.
« C’est un désespoir total, et la situation a besoin d’une double vigilance et d’une urgence totale », déclare le Président du Conseil de cercle de Ménaka. Sidi Barka interpelle les autorités de la transition et les partenaires du Mali à faire face à la situation.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info Matin