En vrai général, Ag Gamou élabore une stratégie irréprochable de sécurisation de toute la région de Ménaka, la zone de Talatayte, la zone entre Ménaka-Ansongo-Gao et le Gourma, en identifiant les moyens, les acteurs et la durée dans le temps.
Cette démarche s’inscrit en droite ligne de l’application de l’article 29 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger : ‘’les Parties réitèrent leur engagement à combattre le terrorisme et ses multiples connexions que sont le crime organisé et le trafic de drogue, y compris à travers les stratégies et mécanismes régionaux existants’’. Bien que général de l’Armée malienne, Ag Gamou n’est pas indifférent aux engagements souscrits par la Plateforme des mouvements du 14 juin d’Alger dans le cadre de l’Accord ; bien au contraire.
Ainsi, dans une conversation sur WhatsApp, selon une publication sur la page de Fahad Ag Almahmoud, le général Ag Gamou a fait le compte-rendu, à un interlocuteur non identifié, des démarches qu’il a déjà entreprises auprès de la diaspora de la communauté imghade à laquelle il a demandé d’organiser des rencontres partout où elle se trouve.
L’objectif de cette organisation est double.
D’une part, il s’agit de travailler avec la communauté Idaksahaks (sans citer son nom dans l’audio).
D’autre part, faire une sensibilisation pour cotiser et envoyer tous les jeunes sur le terrain.
Selon le post du Secrétaire général du Groupe d’auto-défense touareg, imaghad et alliés (GATIA), ‘’l’objectif principal c’est maîtriser la sécurité de toute la région de Ménaka, la zone de Talatayte, la zone entre Ménaka-Ansongo-Gao et le Gourma juste après la fête de tabaski. Selon lui, cela nécessite 2 mois d’opération. Donc, il demande aux membres de ces communautés de cotiser pour prendre en charge cette opération’’.
Au vu de ce qui précède, le plan de guerre de ce général qui a mérité ses galons, à tous égards, est irréprochable. En effet, il prend en compte les zones d’intervention, les moyens financiers et les sources de financement, la durée prévisionnelle de l’opération de sécurisation, les intervenants sur le terrain (les combattants qui seront les fils du terroir). Cela s’appelle dans le jargon militaire une bonne stratégie de guerre ; la stratégie s’entendant comme l’ensemble des moyens que l’on se donne pour atteindre un objectif précis. Dans le cas d’espèce, l’objectif c’est de neutraliser les groupes armés terroristes (GAT) qui entravent tous les efforts de développement dans les localités pré-citées.
Pour certains observateurs et mêmes acteurs avisés de la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays, il est du devoir de l’État de soutenir financièrement et matériellement cette initiative patriotique qui vient en appoint des efforts quotidiens inlassables des forces de défense et de sécurité maliennes incapables de couvrir l’intégralité du territoire en raison de son immensité.
Si un tel regard est juste, il pourrait être buté, au regard de ceux qui, par jalousie des prérogatives de l’Armée (monopole de l’emploi légitime de la force) ou par goût prononcé pour les vaines polémiques, ne se gênent pas de pointer du doigt une sous-traitance de la sécurité à des groupes armés. Ce, quand bien même ce qu’ils appellent ‘’sous-traiter la sécurité’’ a permis la sécurisation de nombreux bureaux de vote à l’occasion de l’élection présidentielle de 2018 qui a vu 24 candidats dans le starting-block. Parmi eux, figurent les détracteurs de l’implication des mouvements armés dans le dispositif de sécurisation du pays. Ce, en sachant également que parler de ‘’sous-traiter la sécurité’’ relève d’une requalification tendancieuse d’une intervention prévue par une disposition de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, donc qui se fait dans un cadre légal. Après tout, il s’agit d’une sécurité de proximité à l’efficacité avérée partout. N’est-ce pas pourquoi l’on incite les populations à être les acteurs de leur propre sécurité ?
Par contre, ce qui n’est pas du tout polémique, c’est le patriotisme dont fait montre le général Ag Gamou et les contributeurs éventuels pour soutenir l’effort de guerre à l’échelle locale. Ce, dans l’esprit et la lettre de l’article 22 de la Constitution du 25 Février 1992 qui dispose : ‘’la défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen’’. Cet exemple devrait conduire à l’émulation. Parce que c’est maintenant plus que jamais que les Maliens devraient apprendre à connaître cette disposition constitutionnelle et surtout à la mettre en pratique. Bien sûr que cela vaut également pour les trompeurs compulsifs sur la marchandise (Puma cloués au sol).
PAR BERTIN DAKOUO