Dans le mémorandum remis au médiateur de la CEDEAO par le premier ministre Choguel Kokalla Maïga le lundi dernier, le gouvernement de la Transition a non seulement fait le point de ses acquis, mais a aussi fait des annonces sur ses prochaines activités dans le cadre de la refondation de l’État du Mali.
Selon le mémorandum, Dr Choguel Kokalla Maïga, après sa nomination, a entrepris une série d’initiatives et d’actions avec les organisations syndicales pour ramener la quiétude sur le front social, avec les acteurs politiques et avec les Mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali dans un souci d’inclusivité et de recherche de consensus le plus large possible sur les grands sujets de la vie de la nation.
Un des acquis du gouvernement du Choguel Kokalla Maïga, c’est la fin de la grève de la plus grande centrale syndicale, l’UNTM et plusieurs autres syndicats.
A en croire le mémorandum, plusieurs efforts ont été faits dans le cadre du renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national.
Concernant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le mémorandum fait croire que le Gouvernement de Transition et les Mouvements signataires poursuivent la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger de 2015 et ceux de l’Inclusivité dans un esprit de confiance et de responsabilité au sein d’un cadre nouveau appelé « Cadre Inter malien pour la mise en œuvre de l’Accord ». Comme des atouts, le gouvernement évoque la représentation des membres des groupes signataires dans le CNT, la tenue de la 43ème CSA, le processus du DDR…
Les réformes politiques et institutionnelles, une nécessité !
Le mémorandum a également évoqué la nécessité des réformes politiques et institutionnelles pour une transition réussie au Mali. « Avant même l’avènement de la Transition, la question des réformes politiques et institutionnelles était une demande unanime de la classe politique malienne, toute tendance confondue », précise-t-on dans le document remis à la CEDEAO. A en croire le gouvernement du Mali, « le besoin de réforme tire sa justification et sa légitimité des résolutions du Dialogue National Inclusif, tenu en décembre 2018 ; mais aussi et surtout des aspirations légitimes qui ont mobilisé des mois durant les populations maliennes et qui ont abouti au changement de régime le 18 août 2020 ».
Selon Dr Choguel Kokalla Maïga, les réformes envisagées par le Gouvernement de Transition vont au-delà des aspects cosmétiques et ne se limitent pas au seul besoin de relecture des textes fondamentaux de la République. « Elles concernent tous les fondements de notre société et tous les secteurs : armée, école, santé, foncier, gouvernance, lutte contre la corruption et l’impunité, etc. Leur finalité est de repositionner le Mali sur une dynamique vertueuse, à travers des institutions fortes et légitimes à même d’assurer sa stabilité durable », a-t-on lu. On ajoute, dans le document, que « le besoin de réforme est une quête vieille d’au moins deux décennie mais elle reste une aspiration encore inaboutie faute de volonté et de courage politiques. La crise postélectorale 2018 ainsi que la grave crise politique de 2020 prouvent à suffisance que la démocratie malienne ne peut pas faire durablement l’économie des réformes, voire de la refondation de l’État ».
Les assises nationales de la refondation sont aussi une nécessité pour un Mali. En tout cas, selon le mémorandum du gouvernement à la CEDEAO. « Les Assises Nationales de la Refondation (ANR) visent à faire un diagnostic sans complaisance de l’état de la nation, à partir de la gravité et de la profondeur de la crise, des enjeux, défis et périls. Il ne s’agit pas d’un forum institutionnel comme c’est très souvent le cas dans notre pays. Sa base politique et sociale sera le plus large possible afin d’être représentative de tous les courants de la société malienne, y compris les minorités religieuses, les confréries traditionnelles, les chefferies traditionnelles, les personnes handicapées, les chambres des métiers et les chambres consulaires, bref l’ensemble des segments de la société malienne », précise on dans le document qui ajoute que «les recommandations et conclusions des différentes rencontres tenues antérieurement (foras, états généraux. Conférence d’entente nationale, Dialogue national Inclusif, Concertations nationales…) constitueront la première matière des Assises Nationales de la Refondation. L’autre matière sera constituée de nouvelles idées provenant des populations et des forces politiques et sociales ayant conduit les manifestations populaires qui ont abouti au changement de régime le 18 août 2020 : le M5-RFP et l’aile patriotique des Forces armées et de sécurité ».
Même si des partis et groupements politiques s’opposent à la création de l’organe unique de gestion des élections, le premier Choguel Kokalla Maïga, lui, tient à cette institution. « Pour renforcer la crédibilité et l’efficacité des organes de gestion des élections au Mali, les acteurs politiques n’ont eu de cesse d’appeler de leurs vœux la création d’un Organe unique de gestion des élections. En 2011 avec le CARI et, plus récemment en 2019 avec le DNI, cette aspiration des acteurs politiques et de la société civile a été fixée comme objectif prioritaire pour minimiser le risque de contestation post-électorale », a précisé le mémorandum.
Concernant l’organisation d’élections libres et transparentes, le mémorandum précise que des dispositions sont prises pour élargir la base électorale de notre système politique. « Pour ce faire, il a été procédé à des opérations spéciales d’enrôlement qui ont abouti à l’intégration dans le fichier électoral de 760 000 électeurs. Des opérations d’enrôlement des Maliens établis à l’extérieur sont en cours dans les pays à forte présence de la communauté malienne », a-t-on précisé. Le gouvernement a aussi informé la CEDEAO de l’opération spéciale d’enrôlement des Maliens de l’extérieur ainsi que le traitement de leurs données sont prévues entre septembre et octobre 2021. « La mise à disposition des données à la DGE interviendra après la révision des listes prévue en octobre et les opérations spéciales en cours de préparation dans les Missions Diplomatiques et Consulaires », a-t-on précisé. Quant à la mise à disposition de cartes d’électeurs biométriques, elle interviendra suite au traitement des données issues des opérations d’enrôlement et de révision des listes électorales conformément à la programmation du PAG.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS