Présente à Bamako dans le cadre d’une médiation voulue par les chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale en vue de contribuer à la recherche des solutions pour une sortie de crise dans la difficile situation politique du Mali, la haute délégation de la Cedeao est pour le moins restée dans les limites de la bienséance. C’est tout à son honneur.
Il faut espérer qu’elle ne plonge pas dans les manigances après sa mission et qu’elle se tienne à égale distance des protagonistes de la crise malienne. Déjà, selon les témoins qui ont participé à la rencontre du jeudi à l’hôtel Salam, les émissaires de la Cedeao ont fait preuve d’une pédagogie salutaire. Certes, il a été noté chez eux une certaine volonté de sauver le fauteuil à IBK, mais l’exposé de la situation réelle dans laquelle patauge le Mali depuis sept ans, qui pousse le pays chaque jour vers précipice mortel, les a amenés, sinon obligés, d’admettre le bien fondé de l’impossibilité pour les responsables du M5-RFP de surseoir, voire d’annuler la mobilisation qui était prévue pour le lendemain vendredi, 19 juin. Somme toute, le Mali fait partie de la communauté internationale et celle-ci souffre ipso facto de tout ce qui peut affecter une composante, à fortiori un peuple soulevé dans son écrasante majorité pour réclamer la démission de son président coupable d’une gouvernance littéralement calamiteuse qui crève les yeux du monde entier.
La mission de la Cedeao a pris fin, du moins dans son volet de mission dépêchée au bord du Djoliba, par un communiqué qui formule des recommandations. Celles-ci peuvent être résumées en cinq points essentiels : le respect des institutions, l’organisation de législatives partielles partout où les résultats ont été faussés par la Cour constitutionnelle, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui mettra en œuvre les recommandations du DNI (Dialogue National Inclusif), l’organisation de réformes institutionnelles et constitutionnelles révisant les pouvoirs de la Cour constitutionnelle, le Code électoral, etc. et, enfin, l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Tout cela’ on le voit’ constitue une offre de dialogue entre les parties belligérantes pas nécessairement prêtes à des compromis.
C’est là où se situe le goulot d’étranglement. Le communiqué portant recommandations de la délégation de haut niveau de la Cedeao peut pécher par une certaine confusion par endroits. En effet, s’agit-il de laisser sur place le président en place en dépit de tout ce qui est porté contre lui ? Que signifie réformes institutionnelles et constitutionnelles dans le contexte ? En ce qui concerne le DNI, l a déjà dégagé le mécanisme de mise en œuvre de ses recommandations malheureusement foulé au pied par le président IBK, et encore. Quant à l’Accord d’Alger, ce piège déflagrateur du Mali original, faut-il homologuer son contenu et l’appliquer sans discernement, quitter à en finir avec l’Etat ?
Ce qui importe, c’est que le M5-RFP a administré aux yeux du monde les preuves incontestables de la pertinence de sa réclamation et la solidité de son organisation. Il faut avoir l’honnêteté de mettre IBK en face de ses méfaits et lui dire d’en tirer les conséquences afin de préserver son pays de quelques drames de plus.
Amadou N’Fa Diallo
Source: Le Prétoire