Depuis un certain temps, un groupe se présentant comme des cadres de la tribu Kel Ansar a annoncé par la voie d’une déclaration ne plus reconnaître leur chef Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed Ansari dit Nasser. Motif invoqué : son engagement politique aux côtés du président IBK. L’intéressé vient tout juste d’être confirmé à cette fonction à la faveur d’une assemblée générale de la tribu, tenue les 30 et 31 mars dernier, à Zarho, localité située à environ 170 kilomètres à l’est de la ville de Tombouctou et relevant administrativement de la commune de Ber.
En fait, ce que les membres de ce groupe reprochent à leur chef c’est sa position politique. En effet, il faut dire que le chef de la tribu Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed Ansari dit Nasser n’a jamais caché son soutien au Président IBK. Pour lui, il s’agit tout simplement d’une reconnaissance envers les actions posées par le chef de l’Etat en faveur du retour de la paix et surtout le fait d’avoir mis fin à l’exil de l’ancien chef de la tribu, Mohamed El Mehdi Ag Attaher El Ansari. Ce dernier est rentré au bercail en 2013 sur la demande du président IBK.
Dans le même ordre d’idées, à travers une rencontre tenue à Bamako, en juillet 2017, la tribu Kel Ansar avait clairement soutenu le projet de révision constitutionnelle. Ce jour-là, le chef de la tribu Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser avait déclaré qu’il soutenait cette initiative dans le sens où elle permettra de mettre en œuvre certaines dispositions de l’accord qu’il considère comme «seule alternative pour la concrétisation d’une paix définitive».
Par ailleurs, en signant cette déclaration, il semble que ce groupe ne soit pas très au fait des procédures de désignation d’une chefferie traditionnelle. Ainsi, au sein de la tribu Kel Ansar comme dans les autres regroupements du genre, la chefferie est un legs. Et ici, seules les voix des notabilités sont reconnues. Le rôle des cadres se situe au niveau de l’appui-conseil et des orientations. Toutefois, c’est qu’il est demandé au chef c’est de soutenir les ressortissants de la tribu à travers la promotion de ses cadres et la multiplication des actions visant à réconcilier toutes les communautés. Sur ces points, il est difficile de reprocher beaucoup de choses au chef de la tribu.
En effet, à travers ses efforts, il a pu intégrer certains ressortissants de la tribu au sein de certaines structures de l’accord telles que la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), la Commission Nationale Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (CNDDR) la Commission Nationale d’Intégration (CNI), le Conseil national de la Réforme du secteur de la sécurité (CNRSS). Sans compter ceux qui l’ont été dans certains départements ministériels. Mieux, il y a même un membre du gouvernement issu de cette communauté, en l’occurrence le ministre du Développement industriel, Mohamed Ali Ag Ibrahim. De plus, le chef de la tribu a été très présent sur le terrain à travers des visites aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger où il a animé plusieurs séances de sensibilisation sur le retour de la paix au Mali.
On se souvient également qu’il a négocié et obtenu la libération de prisonniers militaires détenus par les mouvements armés à Razelma, en 2015. S’y ajoute la rencontre de Gargando, toujours dans la région de Tombouctou, en mars 2016 où pour la première fois depuis la crise de 2012, le drapeau malien a recommencé à flotter. C’est également grâce à sa médiation en compagnie d’autres chefs religieux qu’un accord a été trouvé pour le règlement de la tension fratricide opposant les Imgad et les Ifoghas, dans la région de Kidal, en août 2016.
Selon des observateurs, les signataires de ladite déclaration n’ont toujours pas digéré le fait que le chef de tribu ait inséré d’autres communautés au sein du Conseil Général de la Tribu Kel Antassar et Alliés. Ce qui, aux yeux de Nasser est tout à fait normal « puisque les Kel Ansar sont une communauté très métissée ».
Il convient de signaler que Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed Ansari dit Nasser peut aussi compter sur le soutien indéfectible des ressortissants de cette communauté établis en Arabie Saoudite, au Maroc, en Mauritanie, en Algérie, etc.
Massiré DIOP
L’Indépendant