Le Secrétaire général du Rassemblement pour le Mali (RMP), Me Baber Gano a-t-il du poids à Djenné ? La réponse est visiblement non au regard des résultats que le candidat, IBK a eus dans la ville natale de Me Baber Gano.
Lors du premier et second tour de la présidentielle 2018, dans la sous-section RPM de Djenné, le candidat de l’Alliance « Ensemble resterons l’espoir » et de l’Union pour la République et la démocratie (l’URD), Soumaïla Cissé a tenu la dragée haute à celui de la coalition, «Ensemble pour le Mali» (EPM) et du RPM, le président de la République sortant, Ibrahim Boubacar Kéita.
Le résultat a été au premier tour de 35,27 % contre 36,25 % pour l’URD. Au 2e tour, le RPM s’est contenté de 47,63 % de voix contre 52,37 % pour l’URD. Pendant l’élection présidentielle du 29 juillet et 12 août 2018, des ministres de la République et autres caciques du régime ont battu campagne avec tambour et trompette pour le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Dans les six communes du district de Bamako aussi bien que dans les régions et cercles et même à l’extérieur du Mali, « ces ministres militants » ont rivalisé d’ardeur dans la conquête de voix des électeurs en faveur de leur candidat.
Ils l’ont fait sous le contrôle du parti RPM ou des clubs de soutien créés de leur propre chef pour la circonstance. La plupart des ministres et autres militants du parti majoritaire ont pu tirer leurs épingles du jeu en faisant gagner IBK à Bamako et dans d’autres circonscriptions électorales du pays aux deux tours de l’élection présidentielle. Le secrétaire général du RPM et ministre de l’Investissement et du Secteur privé, Me Baber Gano s’est contenté en revanche de la portion congrue dans son Djenné natal.
Au premier tour, sur un suffrage de 37242 voix, Soumaïla Cissé en a gagné 13499 (36,25 %) contre 13134 (35,27 %) pour IBK. Au deuxième tour, la balance a encore penché en faveur de l’URD. Sur les 38102 suffrages exprimés, le candidat de l’URD a recueilli 19955 voix (52,37 %) contre 18147 voix, (47,63 %) pour IBK. Pur produit du RPM Me Baber Gano est pourtant un pur produit du RPM qu’il a rallié dès sa création le 30 juin 2001.
Il va sans dire qu’il est un militant de première heure du parti des tisserands dont il a gravi tous les échelons pour se retrouver de nos jours secrétaire général. Il est de surcroit ressortissant et autochtone de la ville mythique de Djenné pour être battu lamentablement par l’URD de Soumaïla Cissé, à l’aller comme au retour. Me Baber Gano a plus que déçu les militants de son parti qui ont pris la défaite du RPM à Djenné comme une sévère humiliation. Il a plus que jamais raté l’occasion de rendre service à IBK et de se montrer utile à son poste de secrétaire général de son parti en démontrant sa force politique dans sa ville natale qui n’est ni plus moins que son fief électoral.
En revanche, dans la sous section de Dandougou-Fakala, dans la même circonscription de Djenné, le candidat de l’EPM, IBK a rabattu le caquet à celui de l’Alliance « Ensemble resterons l’Espoir » de Soumaïla Cissé. Cette sous-section se glorifie d’avoir réalisé 48 % pour IBK contre 22 % pour Soumaïla Cissé au 1er tour. Le même rythme a été maintenu au 2e tour où la section de Dandougou-Fakala a obtenu pour le candidat de l’EMP, 1591 voix contre 925 voix pour M. Cissé.
Une prouesse accomplie face à la débauche d’importants moyens matériels et financiers du camp adverse. Mais grâce à la perspicacité d’un anonyme, un certain Baba Diawara, Djenné a pu sauver l’honneur et éviter un tsunami électoral. Les élections législatives dont les 1er et 2e tours sont fixés au 28 octobre et 18 novembre 2018, constituent d’autres challenges pour le Secrétaire général du RPM.
Il a l’occasion de redorer son blason à Djenné au cours de ces élections de proximité, pour reprendre les deux sièges de députés à l’alliance URD-Adéma. Sous d’autres cieux, il y a des partis politiques qui ont érigé en mode de tradition et règle d’or, la force électorale pour prétendre à certains postes au sein du bureau du parti. En d’autres termes, pour être maintenu à des postes politiques, il faut avoir une base électorale solide. En France par exemple, certains présidents comme Sarkozy et Hollande, ont encouragé le cumule de mandat électoral avec la fonction ministérielle ou exécutive. Le but est que le parti puisse se renforcer davantage pendant les joutes électorales et compter sur l’échiquier politique.
Oumarou S. Touré
(Militant RPM)
Malinet