Le secrétaire général du ministère de la Jeunesse, Amadou Diarra YALCOUYE, a lancé, le vendredi 2 août, au Centre Marie Melhez à Koulikoro, la 13e édition d’Oxyjeunes sur le thème : ‘’Chaque fille, tous ses droits’’. La capitale de Méguetan qui accueille une soixantaine d’enfants venus de toutes les régions a été désignée à cause notamment de sa prévalence élevée du mariage précoce.
Organisée par l’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement malien, et bien d’autres partenaires, la 13e édition d’Oxyjeunes se tient du 1er au 6 août à Koulikoro où des violations des droits des enfants ne sont pas négligeables. Elle est placée sous le thème ‘’Chaque fille, tous ses droits’’ pour insister, interpeller les autorités à renforcer davantage les efforts sur le respect des droits des enfants encore malmenés au Mali, en dépit de la signature des conventions.
,Une soixantaine d’enfants venus de toutes les régions prennent part à l’édition durant une semaine. Pendant cette période, ils vont s’exprimer sur leurs droits, à travers des productions journalistiques, des dessins et des chants…Aussi, c’est une opportunité pour eux d’être en contact avec des réalités socio-culturelles de ladite localité.
Lors de la cérémonie de lancement des activités de cette édition, sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des sports, le Maire de la commune urbaine de Koulikoro, Eli DIARRA, a déploré les insuffisances dans les protections des droits des enfants malgré les efforts consentis. Selon lui, des enfants continuent d’être victimes de beaucoup de pratiques néfastes tout en rappelant qu’environ 58% des filles se sont mariées avant 18 ans dans leur localité.
Aussi, s’est-il plaint qu’en plus du mariage d’enfants, certaines familles retirent leurs enfants de l’école de crainte que les filles ne subissent des grossesses non désirées. Au regard de cette triste réalité, il espère que la tenue de cette édition dans sa circonscription sera un déclic pour un changement de mentalité dans sa commune.
La vice-présidente de l’URTEL, Coumba TANGARA, pour sa part, a salué la constance dans la tenue de ce rendez-vous des enfants du Mali. Pour elle, Oxyjeunes est un espace qui s’inscrit dans la concrétisation du droit à l’expression des enfants pour le respect de leurs droits. En outre, Oxyjeunes est un espace de brassage pour la cohésion et la paix, a-t-elle ajouté.
De son côté, la représentante de l’UNICEF, Lucia ELMI, a précisé que la région de Koulikoro a été choisie parce qu’elle enregistre un taux très élevé du mariage d’enfants au Mali et bien d’autres pratiques ayant des conséquences sur le plein épanouissement des enfants. Appelant à inverser la tendance, elle pense qu’il faut impliquer les enfants dans les approches parce qu’ils y jouent un rôle important. Elle est convaincue que les enfants constituent de véritables vecteurs de changement positif afin de mettre fin à des pratiques néfastes.
Par ailleurs, elle a indiqué que cette année, le monde célébrera dans les prochaines semaines, le 30e anniversaire de la signature de ce document aux États unis. Cet événement sera l’occasion pour des pays, dont le Mali, de réaffirmer davantage leur effort et soutien à l’application de la CDE.
« Au Mali, malgré d’importants efforts déployés par l’État et ses partenaires, les enfants, filles et garçons, ne bénéficient toujours pas de tous leurs droits tels que stipule la CDE », a déclaré la responsable de l’UNICEF au Mali.
La représentante du Parlement des enfants, Mariam ALDJIANBANGOU, quant à elle, s’est indignée des violations des droits des enfants. Outre le mariage précoce, les filles souffrent également de l’excision à Koulikoro, a-t-elle fait savoir. Selon elle, la région recense plus de cas d’excision qu’ailleurs au Mali.
Le thème, pour le Secrétaire général du ministère de la Jeunesse, est une invitation aux parties prenantes à prendre des mesures pour renforcer le bien-être et l’autonomisation de la fille au Mali,conformément aux instruments juridiques de protection des enfants dont la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes, le Protocole à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique,(« Protocole de Maputo ») et la CADBEE.
Puis, il a rappelé des efforts consentis par le gouvernement en faveur des enfants, dont l’adoption du Programme national de lutte contre la violence contre le genre, la création de la cellule contre le travail des enfants…
Toutefois, ces actions sont encore loin d’honorer les engagements pris par le Mali, car des pratiques néfastes contre les enfants persistent. Déjà, contre le mariage précoce, M. YALCOUYE a affirmé qu’une stratégie nationale est en cours d’élaboration pour freiner ladite pratique.
Par Sikou BAH