Le mariage est censé être un événement heureux : un jour d’union, de joie, d’agréables moments avec la famille et les amis. Au Mali, ce moment tourne mal lorsque les amis et les collaborateurs d’un des mariés décident de faire un bizutage à l’un ou autre.
Dans son sens premier, le bizutage est compris comme le fait, selon le Larousse, de « soumettre un nouveau à des épreuves d’initiation, avant de l’admettre au sein d’une société scolaire ou universitaire déterminée (ces épreuves pouvant constituer un délit en cas de brimades ou de violences) ».
Au Mali, lors des mariages, la nouvelle forme de bizutage consiste à prendre le ou la mariée (le plus souvent la femme) et l’initier au travail de son partenaire. Ainsi, les militaires font faire à la femme une certaine gymnastique en lui enfilant une tenue militaire ; les bouchers l’amènent au marché ou à l’abattoir pour couper la viande ; les maçons sur un chantier, entre autres.
Cette forme de bizutage a commencé avec les militaires qui voulaient montrer au (à la) partenaire de leur collègue la difficulté dans laquelle ils exercent le métier.
Une pratique dangereuse
Aujourd’hui, cette pratique est de plus en plus fréquente dans tous les domaines. Elle est généralement l’œuvre des collègues du marié(e) pour que la nouvelle mariée puisse comprendre les difficultés dans lesquelles son mari gagne sa vie. Sauf que, la plupart du temps, les bizutages se passent mal et sont dangereux pour la jeune mariée.
« Mon mari est électricien. Le jour de mon mariage, j’ai fini le reste de ma soirée à l’hôpital. Ses collègues m’avaient intimé l’ordre d’escalader un poteau électrique. Etant enceinte, je me suis évanouie et j’ai fini aux urgences. Heureusement, je n’ai pas perdu le bébé, mais la panique a été générale et le mariage s’est mal passé pour beaucoup », témoigne Mama Traoré, une jeune mariée.
Le mari de Fatoumata est tailleur. Elle n’oubliera pas de sitôt le jour où elle a essayé de faire passer un fil à travers une aiguille. Elle a été gravement blessée, parce que c’était la première fois qu’elle utilisait du matériel de couture.
Comme Mama et Fatoumata, beaucoup de femmes sont exposées à cette pratique, qui devient de plus en plus dangereux pour les mariés. Blessures, fausses couches, et même des robes de mariée déchirées que les mariés se retrouvent à rembourser, sont les conséquences qui peuvent en découler.
Au-delà, du supplice que cette pratique peut engendrer, il y a aussi les querelles entre les amis du mari et la famille de la mariée. Toutes choses qui créent une situation d’inconfort entre le mari et sa belle-famille.
Il serait judicieux que l’on revoie cette pratique pour le bien du couple et pour une bonne tenue des célébrations de mariage dans le pays. De toutes les façons, s’il y a mariage, cela implique que les deux parties se connaissent et ont conscience de la situation professionnelle et financière de l’un et l’autre.
Source: Benbere