Le porte-parole du Collectif des associations des religieux, Mohamed Kimbiri, initiateur de la manifestation du vendredi 22 mars 2019 a été pris en otage par des manifestants. C’était en représailles à sa décision de transformer la marche en meeting, à l’esplanade de la Bourse du Travail.
Il y a quelques semaines, Mohamed Kimbiri, porte-parole du Collectif des associations des religieux, annonçait une marche pacifique pour exiger l’ouverture des classes fermées à cause de la grève des enseignants.
Le jour ‘’J’’, le vendredi 22 mars, c’est seulement une poignée de personnes qui se sont mobilisées à l’esplanade de la Bourse du Travail depuis 15 heures, sous une forte chaleur. Certaines d’entre elles brandissaient des pancartes hostiles au gouvernement. « SBM dégage si tu n’as pas solution à l’école malienne !» ; « IBK, attention, la patience à des limites ! », « L’argent de l’Etat, priorité aux pauvres ! ». On pouvait également lire sur des banderoles: « SOS à l’école malienne. Les élèves à l’école et non dans les rues», « Soyons conscients que l’avenir de nos enfants est menacé ».
Après plus d’une heure d’attente alors que des manifestants commençaient à s’impatienter, Mohamed Kimbiri, accompagné des responsables religieux dont le représentant du chérif de Nioro se montre enfin au public. Portant un bonnet bleu, il est apparu le visage fatigué. Très acclamé, il a commencé son intervention par saluer la mobilisation malgré sa faiblesse.
Aussitôt dans son speech introductif, il informe le public de la transformation de la marche pacifique en un meeting à l’esplanade de la Bourse du travail. « Hier nuit (Ndrl dans la soirée jeudi 21 mars) nous avons eu des rencontres des vieux du District. Pendant longtemps, on a parlé de la situation du pays. Ils nous soutiennent dans notre combat. Au cours de notre rencontre, ils m’ont demandé de surseoir à la marche pour en faire un meeting. Nous sommes dans un pays de gérontocratie et en respect à leur âge, j’ai accepté », déclare-t-il. Initialement, la marche devait partir de la Bourse du travail à la Cité administrative. C’est ce message qui a suscité la colère, le désordre, la contestation…Parce qu’à peine qu’il a terminé son intervention, des manifestations ont crié à la trahison. « Tu nous as trahi !» ; « Tu as été acheté !», « On va marcher comme convenu !» ; « Ce sont ces vieux qui ont détruit notre pays » ; « On n’est pas pour leur avis », étaient, entre autres, propos scandés par la foule. Au-delà des mots, certains sont allés jusqu’à jeter de sachets d’eau au porte-parole. C’était le grand désordre.
En plein dans son discours, des manifestants lui ont tourné le dos pour occuper le Boulevard de l’indépendance. Selon eux, il n’est pas question de les empêcher « de marcher sur la Cité administrative ». Parmi ces mécontents, l’on reconnaît plusieurs jeunes partis politiques de l’opposition.
Dans ce grand brouhaha, M. Kimbiri a tout de même lu péniblement sa déclaration, avant de mettre fin au regroupement. Tel n’était pas l’avis des contestateurs qui ont finalement assiégé la Bourse du Travail, où M. Kimbiri était retranché. Et, il a fallu l’intervention de la garde nationale et de la police pour disperser la foule.
Dans sa déclaration, M. Kimbiri estime que le pouvoir public et les syndicats se ressaisissent pour ne pas entrainer le peuple malien au bord du précipice aux conséquences dramatiques pour notre jeunesse. Aussi, a-t-il appelé le gouvernement à respecter ses engagements, tout en dénonçant les comportements anti-pédagogiques qui ternissent l’image des éducateurs. De même, il a déploré le mépris des pouvoirs publics et des enseignants de la situation préoccupante de l’école malienne.
Sikou BAH
Source: Azalaï Express