A douze petits mois de la fin de la Transition, le bout du tunnel reste encore loin. Aucune des promesses, faites aux populations par les nouveaux maîtres du pays, n’a été réalisée. La colère le dispute à l’indignation. Et le désespoir, à la désespérance.
Ramener la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, mettre en œuvre les réformes politiques et institutionnelles recommandées par la charte de la Transition . Voici, entre autres, les promesses faites aux Maliens par les autorités de la Transition.
Les fleurs et les promesses des fruits
Six mois après, la promesse des fleurs n’a pas tenu celle des fruits. Plus qu’hier, l’insécurité s’est aggravée. Outre le Nord et le Centre du pays, les groupes djihadistes se sont infiltrés dans le Sud du pays. Les attaques des camps militaires sont devenues monnaie courante. Avec, à la clé, la mort de plusieurs dizaines de militaires par jour, voire par semaine.
La dernière en date, l’attaque menée, lundi 15 mars, contre la relève du poste de Tessit, au sud-ouest d’Ansongo, dans la région de Gao.
Jugée comme la plus meurtrière, elle a fait plus de 31 morts, 14 blessés et 11 portés disparus dans les rangs de l’armée, contre 13 morts, côté groupes terroristes. D’autres sources, non officielles, estiment le nombre de soldats tués à une quarantaine.
La région de Ségou, située à quelque quatre heures de route de Bamako, la capitale, est devenue le nouveau fief des groupes terroristes. Particulièrement, la zone de Niono où les groupes djihadistes opèrent, désormais, à visage découvert. Pendant ce temps, des officiers et sous-officiers, chargés de défendre l’intégrité du territoire national, sont déployés dans les ministères. Ou nommés à la tête de services publics. Pour quoi y faire ? s’interrogent nos concitoyens, au bord de la crise de nerf.
Aujourd’hui plus qu’hier, le détournement du dénier public est devenu un sport national. Et la corruption, d’un naturel insoupçonné. Partout, le même refrain : « manges et tais-toi ! Et s’il en reste, la nation pourrait en bénéficier ».
Les auteurs de ces « crimes contre la nation malienne » se la coulent douce au volant de luxueuses bagnoles. En toute impunité.
Réformes ou réformettes ?
S’agissant des réformes politiques et institutionnelles à mettre en œuvre pour l’avènement du « Mali nouveau » que les populations appellent de leurs vœux, rien ou presque, de concret à douze petits mois de la fin de la Transition.
Et la semaine dernière, coup de théâtre : le Premier ministre rencontre, lundi 15 mars, les leaders des partis politiques et de la société, servile, pardon civile. Objectif : échanger sur les réformes politiques et institutionnelles à venir.
Certains leaders politiques ont, certes, apprécié la démarche du premier ministre. Cependant, ils doutent que de vraies réformes puissent en sortir, au regard du délai jugé très « court ».
D’autres, à l’instar de Modibo Sidibé, leader du parti FARE ANKAWULI, conseillent plutôt, aux autorités de la Transitions, l’organisation d’une assise sur la refondation du Mali, seul moyen, selon lui, de répondre aux aspirations des populations.
« Je pense que si nous allons aux élections présidentielle et législative dans ces conditions, dans ce contexte, je pense que cela va être difficile. Et ça, je le maintiens ! », avertit, de son côté, l’imam Mahmoud Dicko. C’était, au cours du meeting animé, la semaine dernière, par Housséïni Amion Guindo, leader du parti CODEM.
« Réveillez-vous ! », comme qui dirait. Car, cette fois, c’est un sommeil de trop. Dormir, c’est mourir un peu ; c’est mourir tout court.
Oumar Babi
Source : Canard Déchaine