La grande collectionneuse suisse, qui a beaucoup œuvré pour le Mali, raconte pour Le Figaro comment elle rencontra cette figure légendaire de Bamako, le père de la photographie africaine disparu le 14 avril. Son père était le grand collectionneur, Josef Mueller (1887-1977), jeune homme curieux né dans une famille bourgeoise de Soleure (Solothurn), en Suisse alémanique, et passionné spontané d’art moderne qui consacra, à 20 ans, son revenu d’une année entière à acheter une toile de Ferdinand Hodler.
Fille unique, amateur passionné et mécène suisse de renom, Monique Barbier-Mueller est, elle aussi, un fort tempérament du monde de l’art. Sa tante, Gertrud Dübi-Müller (1888-1980), posa en jeune fille bien née, avec grâce et tenue, pour le peintre suisse Ferdinand Hodler (1853-1918), aîné et ami qu’elle photographia Dans la loggia de son appartement du Quai du Mont-Blanc, 1918, jusqu’à son lit de mort (ses précieux vintages furent exposés début 2013 dans l’exposition Fernidand Hodler à la Fondation Beyeler de Bâle). Monique Barbier-Mueller vient de lui consacrer un livre, «A ma tante», publié par «Libro», (Verlag Neue Zürcher Zeitung), département d’édition de la Neue Zürcher Zeitung, le journal de langue allemande le plus important de Suisse qui a une bonne audience en Allemagne (176 pages, 110 illustrations couleur et noir et blanc, 58 à 59, 80 €, en cours de traduction française). L’Afrique -et surtout le Mali- est l’autre continent de coeur de cette Genevoise, voyageuse intrépide et sans répit. Passion pour une civilisation immense qu’elle partage avec son époux Jean-Paul Barbier-Mueller, le grand collectionneur d’arts premiers, mais qu’elle vit plus directement sur le terrain. Pour Le Figaro, elle nous confie le souvenir précieux de sa rencontre avec Malick Sidibé, le photographe malien disparu le 14 avril à Bamako.
«Malick m’a donné, en douceur, sans avoir l’air d’y toucher, plusieurs belles leçons de vie africaine. Notre première rencontre a ressemblé à un conte de fées : il suffisait de formuler son souhait de la manière requise et votre souhait se réalisait. J’étais dans un taxi brinquebalant de Bamako, assise à côté du chauffeur, quand le passager à l’arrière exhala dans un hoquet :
-«Quel dommage de ne pas savoir comment rencontrer un des plus extraordinaires photographes du continent!»
-«Qui nous en empêche? Répondis-je, vous savez son nom?»
-«Oui, mais ce n’est pas assez !»
-«En Afrique, si ! Son nom?»
-«Malick Sidibé».
Je me tournai vers mon chauffeur: «Tu le connais!»
-«Oui.»
-«Il est à Bamako»
– «Oui»
– «Tu sais où?»
-«Oui»
-«C’est loin?»-
-«Non»
-«Alors on y va!».
Un quart d’heure plus tard, on découvrait l’échoppe plus que modeste, les étagères où s’entassaient, sous une poussière assassine, les appareils photographiques que même les ignorants contemplaient avec respect, et Malick, le maître, niché au sein d’un petit aréopage disparate, qui se renouvelait chaque jour. À côté de la famille indispensable, tous les reporters en vadrouille, d’invraisemblables Américaines qui avaient appris le ouolof ou le baoulé, et que j’écoutais avec un sentiment d’envie réel.
Comptabilité touchante de toutes ses épreuves
Obtenir d’être photographié par le maître ne posait aucun problème : on se plaçait devant une couverture à carreaux noirs et blancs suspendue d’un mur à l’autre, tandis que le fils de Malick réglait les éclairages. L‘artiste vous donnait quelques conseils pour rectifier une attitude, accentuer un sourire, déplacer un pied trop présent ; l’éclair de magnésium vous surprenait, et l’on convenait qu’on reprendrait le film au retour du voyage prévu, pour le faire développer et tirer à Paris, avant de le rendre à Malick qui gardait une comptabilité touchante de toutes ses épreuves. Lors de notre très grande exposition à Munich, à la Haus der Kunst, j’ai fait venir Malick pour photographier l’événement. Connaissant ses goûts, je me suis attachée à lui montrer aussi ce qui me semblait particulièrement remarquable dans les collections royales bavaroises et surtout le Cabinet des Trésors ruisselant d’or, de perles et de pierres précieuses et scintillantes. Le lendemain, un bus nous fit traverser la campagne et les forêts en nous amenant au château de Herrenchiemsee. Malick ouvrait de grands yeux, et je ne pus me retenir de le questionner pour lui demander laquelle de toutes ces merveilles qu’il avait contemplées, l’avait le plus impressionné. «La campagne si verte, me dit-il, cette herbe si riche, ces arbres si beaux.» Et je me rappelai soudain le bétail efflanqué qui survivait alors péniblement à la période de sécheresse qui avait frappé le Mali.
«Comment ces palais si lourds tiennent-ils sur l’eau?»
Monique Barbier-Mueller a beaucoup voyagé au Mali, comme son ami l’artiste espagnol Miquel Barceló © MBM. Quand avec Lucille Reyboz, photographe, elle aussi, amoureuse du Mali, nous avons toutes deux pris soin dans le tumulte de la Biennale de Venise dont il recueillait le prix (premier Africain à recevoir cet honneur et premier photographe), il n’a cessé de me surprendre par la qualité de ses émerveillements. Les méandres des voies d’eau de la Vénétie vues du ciel ne réussirent pas à l’impressionner. Et il me déclara avec un certain accent de supériorité que cela lui rappelait les environs de Mopti au Mali. Un peu plus tard, j’eus ma revanche : dans l’embarcation descendant le Grand Canal, j’eus la satisfaction de voir Malick muet, frappé de stupeur. À la fin il me dit: «Mais comment ces palais si lourds tiennent-ils sur l’eau?»
Nous plaisantions Malick sur sa faiblesse pour les jolies jeunes femmes
C’était un artiste : comment aurait-il pu ne pas admirer la beauté ? Sa religion lui permettant d’avoir quatre épouses, à condition que chacune soit traitée avec les mêmes égards, il y eut une période où la recherche d’une nouvelle épouse, la quatrième, le préoccupa beaucoup. Et puis un jour j’appris qu’il avait trouvé cette compagne rêvée, qu’il me présenta. Grande surprise : ce n’était pas une de ces jeunes filles en fleurs joliment potelées dont la vue le réjouissait dans la rue. Sa nouvelle femme avait vécu, avait perdu son mari, et, connaissant depuis longtemps Malick. C’était elle qui était venue lui demander de l’épouser, car son état de veuve la mettait dans une situation difficile, confinant à la misère. Grand seigneur, vrai gentleman, Malick avait accepté de s’unir à cette amie d’enfance.
Cette Afrique qui nous manque
J’ai été profondément impressionnée par le discours de remerciement de notre ami lorsqu’on lui remit le Lion d’Or de la Biennale de Venise. Les Africains sont de grands orateurs, mais je ne m’attendais pas à une si sensible hiérarchie du mérite de chacun. Ce n’était ni sa langue, ni son milieu. Mais Malick était homme de culture. Se référant à sa coutume ancestrale, il commença par remercier le maire de la ville, de qui dépendaient tous ces bienfaits dont il bénéficiait ce jour-là. Puis il passa aux choses sérieuses pour évoquer d’abord celui qui l’avait en premier reconnu, soutenu, aimé durant tant de longues années, faisant fondre en larmes un André Magnin qui n’en attendait pas tant. Chacun eut sa part, avec un sens de la justice qui n’égalait que sa sensibilité. Son long discours ne comporta pas la moindre erreur, il mentionna tous ceux qui devaient l’être sans se tromper ni de lieux, ni d’attributions. Ce fut une très belle fête, pleine de chaleur humaine, une grande leçon d’humanité. Pour ce jour-là, et pour beaucoup d’autres que j’aurais encore aimé pouvoir vivre, je pense aujourd’hui avec chaleur à Malick Sidibé, mon ami, et à cette Afrique qui nous manque.»
Malick Sidibé, l’œil de Bamako, est mort
Portraitiste sans pareil, il fut le premier photographe africain à recevoir le prestigieux Prix Hasselblad en 2003. Il s’est éteint le 14 avril des suites d’un cancer dans sa chère ville de Bamako, à l’âge de 80 ans. D’une élégance parfaite dans ses longs boubous coordonnés en wax luisant, toujours bien droit dans sa posture de patriarche malgré l’âge et le diabète qui l’affaiblissait, chaleureux et plein d’humour, Malick Sidibé était un petit homme râblé et un beau personnage. Annoncée hier soir par Le Quotidien de l’Art, la disparition du grand photographe malien des suites d’un cancer à 80 ans, le 14 avril, a jeté hier un vent de tristesse dans le petit monde de la photographie où cette légende africaine tenait une place à part. «Je suis un portraitiste naturaliste, pas philosophique», aimait à répéter cet artiste révélé au monde en 1994 lors des premières Rencontres africaines de la photographie de Bamako initiées par la photographe française passionnée d’Afrique, Françoise Huguier (Sur les traces de l’Afrique fantôme en 1990, suivi de Secrètes dans lequel elle réussit à entrer dans l’intimité des femmes africaines).
Au fil des ans et des éditions, suspendues puis reprises, des Rencontres de Bamako qui ont résisté vaillamment aux assauts du terrorisme en 2015, Malick Sidibé était devenu l’homme-phare du rendez-vous photographique si particulier entre griots, jus de fleurs de carcadet et de gingembre, rives du Niger et marché rose. Comme un rite, tous les festivaliers défilaient humblement à son studio dans le quartier populaire de Bagadadji pour se faire photographier par ce portraitiste inouï. Un public proche du fan-club, certain de tenir là une occasion unique qui fait les annales de l’image et les grands moments d’une vie. Malick Sidibé avait étudié à l’École des Artisans Soudanais de Bamako et ouvert son studio photo en 1958 dans le quartier de Bagadadji. Un studio célèbre, mais modeste comme la rue africaine. Un décor immuable avec son fameux rideau de fond rayé noir et blanc, ses étagères poussiéreuses où s’alignaient ses vieux objectifs (il prit ses premières photos en 1956 avec un petit appareil d’amateur, un Brownie Flash), ses tabourets de toujours où la pause des modèles était circonscrite à un tout petit espace. L’attente, longue, très longue, se faisait dans la rue, assis comme les Anciens qui se racontent sans fin, dans une lenteur et une bonne humeur souvent oubliées en Europe.
Il recoiffait les timides
Intuitif et rapide, Malick Sidibé traitait tout le monde avec une bienveillance pleine d’autorité, les grands collectionneurs qui ont, parmi leurs chères icônes du siècle, ses jeunes soirées dansantes endiablées de Bamako au début des années 1960, comme les jeunes amateurs blonds, en short de brousse et tatoués venus d’Australie. Il faisait poser les belles et les extravertis en mouvement. Il recoiffait les timides et les poussait à sourire. Trois clics, et le portrait, toujours noir et blanc contrasté, toujours profondément juste et sans affectation, attestait du talent singulier de ce fils de la terre.
Malien comme son illustre aîné Seydou Keita (1923-2001) actuellement exposé par Yves Aupetitallot au Grand Palais, Malick Sidibé est lié intimement à Bamako où il a toujours vécu et travaillé en tant qu’artiste. Né en 1936 à Soloba, dans le sud ouest du Mali, dans une famille de paysans peuls dont il partagea le dur labeur, il fut tour à tour berger, bouvier et cultivateur, avant d’apprendre la photographie en 1955 auprès de Gérard Guillat. Il parlait de son chemin d’artiste avec modestie, sans aigreur ni regrets, comme de son destin d’homme, d’Africain, de père et de grand-père. «Homme de racines», il n’oublia rien de son enfance et donna à son œuvre cette tonalité grave et humaine, ce sens inné de la communauté et de ses individus tous distincts, tous intéressants, cette empathie pour ses semblables qui ont fait de lui un portraitiste dans la lignée du maître européen du genre, le photographe allemand August Sander, qui fit aussi le portrait d’une nation. «Cette fidélité à ses origines lui a permis, dès 1957, lors de ses premiers reportages effectués à mobylette ou à vélo, de saisir avec discernement les mutations de la société malienne et de sa capitale, Bamako. Les heures heureuses de l’indépendance, la liberté insouciante d’une jeunesse qui découvre l’ère des loisirs, des fêtes, des bals et des pique-niques au bord du Niger deviennent la nature féconde de sa soif de photographie», écrit la critique Laura Serani qui fut coordinatrice pour la Biennale de Bamako en 2009, en préface du Photo Poche publié en 2013 chez Actes Sud. Posé et déterminé, il garda toujours le même protocole dans son travail.
Lion d’Or à Venise en 2007
«J’ai eu la chance de photographier des gens en mouvement qui ne faisaient pas attention à moi ; je n’ai jamais dansé, mais ces jeunes respiraient la vie!», répondait simplement Malick Sidibé, porté sur le sourire et la rencontre. À Venise, en 2007, à peine débarqué de son motoscafo, il se dirigeait droit non pas sur les VIP de l’art, mais sur les vendeurs africains à la sauvette de faux Gucci et faux Prada pour leur parler en peul ou en bambara. Au fil des honneurs et des festivals, Malick Sidibé était devenu la référence africaine, mais aussi la référence humaniste de plus en plus rare dans un monde exposé à la violence, à la pauvreté, au sida, à l’indifférence. Il fut le premier photographe africain à recevoir le prestigieux Prix Hasselblad en 2003. Il était salué partout, de la première édition de Kyotographie en avril 2013 à Kyoto (Japon) aux Rencontres d’Arles (on le retrouvera encore cet été dans l’exposition Swinging Bamako), de Paris Photo où ses vintages font toujours mouche à la 52e Biennale de Venise où ce «trésor national malien» fut couronné d’un Lion d’or d’honneur pour sa longue carrière en 2007. La façon dont il reçut cet hommage, le samedi midi clôturant la semaine frénétique de vernissage, au milieu des Giardini et de ses pavillons nationaux déjà à demi-desertés, fut un moment extraordinaire. Il parla simplement et fermement de la condition d’homme, mettant toutes les petites manies de l’art et tous les narcissismes aux oubliettes. Son accent à la fois sincère, grave, dénué de coquetterie et de banalité mit aussitôt les larmes aux yeux de l’assistance, de sa grande amie, la collectionneuse suisse Monique Barbier-Mueller, aux réputés plus impassibles François Pinault et Jean Pigozzi. Quand il brandit son Lion d’Or devant l’objectif de sa jeune disciple et amie, la photographe française Lucille Reyboz, personne n’avait plus un mouchoir sec.
La mort de Malick Sidibé : le monde de la photo se souvient
Photographes, directeurs de festival photo, collectionneurs et amis dressent le portrait du grand photographe malien, disparu le 14 avril à Bamako.
Lucille Reyboz, photographe et fondatrice de Kyotographie à Kyoto, premier festival photo au Japon: «Malick Sidibé était vraiment l’Afrique libre, rayonnante et joyeuse»
Lucille Reyboz et Yusuke Nakanishi, fondateurs du festival photo Kyotographie qui exposèrent Malick Sidibé à leur toute première édition en 2013 © Kate Barry.
«J’ai rencontré Malick Sidibé au début des années 1990 quand je suis retournée à Bamako où j’avais vécu, enfant. J’avais beaucoup entendu parler de lui, il était déjà une figure, j’ai donc cherché son studio dans le quartier de Bagadadji dont il connaissait chaque personne. Il était tellement vivant, il avait ce sourire énorme, il aimait les gens. Quand on passait la journée avec lui, on voyait défiler tout le quartier dans son studio. Il avait photographié plusieurs générations de ses habitants, il en était devenu la mémoire vivante, les archives, comme il est devenu la mémoire de la scène malienne enjouée, gaie et dansante des années 1960 et 1970. Son studio au chaos organisé était à la fois sa légende et son portrait. Malgré l’exiguïté des lieux et son accumulation, il savait très exactement où était chaque chose. Lorsque je suis revenue le trouver pour l’album Rail Band de Salif Keïta, je cherchais des photos anciennes du musicien [albinos, né en 1949, NDLR]. Malik les a retrouvées en une seconde, trente ans plus tard. En tant que photographe, j’ai appris avec lui, si attentif et bienveillant, l’échange, la complicité avec le modèle. Poser pour Malick Sidibé, c’était entrer dans une certaine danse à deux, ou à plusieurs. Ses photos respirent ce bonheur. C’est pour cela que nous lui avions rendu hommage par une exposition, lors de la première édition de Kyotographie en 2013. Nous lui rendrons hommage, la semaine prochaine, en ouverture de notre quatrième édition. Perdre Malick Sidibé, c’est perdre aussi un Bamako rayonnant et libre, si loin des nouvelles terribles qui nous en parviennent aujourd’hui. Il s’en va, et c’est comme un rideau noir qui tombe sur le Mali». Dans l’exposition Swinging Bamako, cet été aux Rencontres d’Arles 2016, on retrouvera une vingtaine de photos de Malick Sidibé dont Regardez-moi!, 1962. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie MAGNIN-A, Paris.
Sam Stourdzé, directeur des Rencontres d’Arles : «Témoin d’une période charnière»
La Galerie Mathias Coullaud (Paris, IIIe) lui avait consacré une exposition à l’automne dernier : Malick Sidibé, Un danseur yéyé, 1970, tirage argentique baryté (50x60cm) Courtesy Galerie Magnin-A.
«Avant même l’annonce de cette disparition, nous avions mis Malick Sidibé au programme des Rencontres d’Arles 2016, dans la séquence baptisée Africa Pop qui comprend trois expositions dont l’une s’appelle explicitement Swinging Bamako. Il est indéniablement un grand photographe africain qui témoigne, comme son aîné Seydou Keïta, actuellement exposé au Grand Palais à Paris, de l’extraordinaire vitalité du Mali et de sa scène. Malick Sidibé était un peu le petit-frère de Seydou Keïta. Ils ont beaucoup de similitudes, car ils ont pratiqué tous deux la photographie de studio qui dérive de la photographie de rue. Les deux ont utilisé des moyens rudimentaires, des studios simplement décorés d’une toile de fond peinte. Leurs différences concernent surtout leurs sujets. Seydou Keïta fait figure d’aristocrate qui a photographié les classes supérieures. Malick Sidibé a, lui, photographié les classes moyennes et populaires. Il sortait sans cesse de son studio de Bamako pour arpenter toutes les fêtes, tous les lieux de la danse de la capitale, dans ce moment charnière que furent les années 1960 et 1970. Le Mali en avait fini avec la colonisation et ne subissait pas encore la dictature. C’était donc une période libre, riche et joyeuse, dont ses photographies étonnantes traduisent la légèreté, la jeunesse et la vie. Nous voulions rendre hommage, cet été, à un grand photographe de 80 ans. Ce sera, tristement, un hommage posthume».
André Magnin, collectionneur et galeriste d’art contemporain africain : «Un monument de la photographie»
«Malick Sidibé vient de nous quitter. C’est un grand homme, un immense photographe que tout le peuple du Mali, que toute l’Afrique et le monde entier viennent de perdre», a posté ce matin son ami et grand défricheur de la scène africaine, André Magnin, sur son compte Instagram (Magnin-A).
«Malick Sidibé, monument de la photographie, auteur de chefs-d’œuvre tels que Nuit de Noël, 1962, Dansez le twist, Jeunesse au bord du fleuve Niger… et tant d’autres, des milliers d’images pleines de tendresse et de beauté. Photographe de la jeunesse du Mali indépendant, d’une jeunesse insouciante, libre, moderne, pleine de joie et d’espoir qui partage les musiques et les danses modernes, twist, rock, afro-cubaines, la mode, les looks des années 60, 70… Généreux, accueillant, aimé de tous, Malick fut mis à l’honneur dès les premières Rencontres photographiques de Bamako. Il connaît un succès international depuis sa première exposition en France à la Fondation Cartier pour l’art contemporain et sa première monographie aux éditions Scalo par André Magnin (sic). Malick a exposé dans le monde entier et obtenu les prix les plus prestigieux de la photographie, y compris le Prix Hasselblad et le Lion d’or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de son œuvre. Il est dans nos cœurs pour l’éternité».
Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication : «Témoin de l’effervescence de l’indépendance de son pays»
«Témoin de l’effervescence de l’indépendance de son pays, parmi les jeunes gens épris de musique, Malick Sidibé a photographié les fêtes et les joies à Bamako. Maître du portrait, il a couvert de son regard bienveillant ceux qu’il accueillait dans son studio. La France a très tôt exposé, soutenu et reconnu son immense talent, avant la consécration internationale du Prix Hasselblad et de la Biennale de Venise en 2007 pour l’ensemble de son œuvre. J’adresse mes sincères condoléances à ses proches».
Source : Le Reporter