La première pluie, il y a deux semaines, a rempli la mare d’Akragh, dans le centre du Mali. Située dans la zone du Méma, elle est connue des bergers locaux pour ses réserves en eau et sa bonne herbe tout autour. Les éleveurs y conduisent traditionnellement le bétail malmené par la sécheresse, installant leurs tentes en bordure de la mare. Lundi matin, des bombes lâchées depuis le ciel ont soudainement rompu la tranquillité des lieux. Certaines ont explosé dans des campements de nomades, tuant six personnes. Tous des civils, selon les habitants contactés par Libération.
«J’ai entendu les explosions entre 8h30 et 10h30, raconte un leader communautaire, qui se trouvait à une quinzaine de kilomètres du lieu des frappes lundi matin. Là-bas, tout le monde a fui, les rescapés se sont éparpillés un peu partout. Ce n’est que mercredi que nous avons retrouvé tout le monde.» Des familles terrorisées ont franchi la frontière mauritanienne toute proche, certaines ont rejoint le camp de réfugiés de Mbera. Le chef a aussi recueilli chez lui les habitants en fuite. «Aucun combattant ne figure parmi les victimes : je connais chacune d’entre elles», assure-t-il.
Avions de combat
Deux avions de chasse et deux hélicoptères de combat ont participé à l’opération, selon son décompte. Les roquettes et des débris d’explosifs photographiés sur le site suggèrent en effet qu’ils ont été tirés depuis des avions de combat. Les frappes ont aussi visé Bossosso, un grand campement situé