Toutefois, la République ce n’est pas que les convictions réaffirmées, c’est aussi les institutions et les procédures. Sous ce prime, si les institutions de la République n’ont pas fondamentalement changées (le Président de la République ; le Gouvernement ; le Parlement ; la Cour suprême ; la Cour constitutionnelle ; le Conseil économique, social, environnemental et culturel) , la montée en puissance du Collectif des Acteurs institutionnel qui se substitue au gouvernement de la République (qui n’est cité nulle part dans la Motion de remerciement rendue publique ce samedi 22 juillet 2023) afin de féliciter le président de la République pour son initiative, de remercier le peuple (les Légitimités traditionnelles et religieuses ; les Partis et regroupements politiques, les Organisations de la Société civile, les Centrales syndicales, les Forces de défense et de sécurité, les Ordres professionnels, le Conseil national des personnes âgées, les groupements de Femmes, de Jeunes et de Personnes vivant avec un handicap, les Maliens établis à l’extérieur…) pour son vote massif et saluer l’avènement de la 4e République.
Les motions de remerciement et de félicitation très personnalisées et sélectives s’adressent aux «acteurs ayant contribué à l’organisation réussie du référendum sur le territoire national et à l’extérieur». Comme dans un parallélisme des formes, c’est ce Collectif qui a piloté la campagne référendaire en lieu et place du gouvernement qui s’exprime à la fin du processus ; pas le gouvernement dont le porte-parole est par ailleurs le Coordinateur.
La «gratitude aux premiers responsables des différentes institutions de notre pays, ainsi qu’à leurs membres pour leur engagement citoyen et leur contribution remarquable ayant permis la victoire du « OUI )) massif au référendum constitutionnel» est un pis-aller. Pour cause ? Un curieux point de presse concocté par le Collectif des Acteurs institutionnels pour un ‘’Oui’’ massif s’est tenu ce samedi 22 juillet 2023 au Centre International de Conférence de Bamako (CICB) comme si on n’était dans une République à deux vitesses. Les organisateurs : des ministres de la République et des membres du Conseil national de la Transition sous la présidence du ministre d’État, de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga accompagné par plusieurs membres du gouvernement dont le ministre Ibrahim Ikassa Maïga. En fait un gouvernement dans le gouvernement de la République avec à sa tête un futur Premier ministre, déjà adulé par le Collectif des Acteurs institutionnels pour un ‘’Oui’’ massif.
En effet, lorsque le mandataire du ‘’Oui’’ et président du Conseil National de la Société civile, l’éternel Boureima Allaye Touré a appelé le colonel Abdoulaye Maïga de Premier ministre et prédit sa nomination à ce poste, personne n’a estimé faire un recadrage républicain. Or, son propos était sans équivoque «Comme le dit le Premier ministre. Je dis Premier ministre parce qu’il est Premier ministre pour moi. Il le sera aussi inchalla ».
Gageons que ce soit un lapsus linguae, sinon la bavure serait antirépublicaine et instituerait un État avec deux gouvernements et deux Premiers ministres. Parce que dans cette hypothèse qui n’est pas une fiction journalistique, le président du Conseil National de la Société civile serait dans une logique de non reconnaissance du Premier ministre nommé par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et opterait pour le colonel Abdoulaye Maïga à Primature.
Comme si la partition était joué d’avance fin de la conférence de presse, une poignée de manifestants est venue scander et réclamer que le colonel Abdoulaye Maïga soit nommé Premier ministre. A ce rythme il ne faut pas s’étonner que des marches aient lieu pour demander d’imposer le Colonel à la Primature. Comme qui dirait : la 4e République est née sous les auspices de la guerre des clans et pour les postes.
Affaire à suivre