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Mali : pourquoi le célèbre chanteur Salif Keïta est devenu le nouveau conseiller du chef de la junte militaire

Une liste de cinq nouveaux “conseillers spéciaux” aux côtés du chef de l’Etat malien Assimi Goïta, a été annoncée dans un décret publié lundi 14 août. Parmi ces cinq nouveaux conseillers, le nom du célèbre chanteur Salif Keïta est apparu. Qui est-il ? Quelles sont ces positions politiques ? Comment expliquer cette prise de position ? La Dépêche du Midi fait le point.

Grande star au Mali et dans le monde, le chanteur et musicien Salif Keïta a été nommé “conseiller spécial” de la junte par Assimi Goïta, le président malien de transition. L’annonce a été faite suite à la publication d’un décret signé le 11 août et publié le 14 août, dans lequel on retrouve une liste de cinq “conseillers spéciaux” qui viennent s’ajouter à ceux déjà présents auprès du président de la junte.

Des prises de position politiques polémiques anciennes

Une semaine auparavant, le 31 juillet, Salif Keïta avait annoncé sa démission du Conseil National de Transition, qui est une Assemblée mise en place par la junte et faisant office d’organe législatif. Dans sa lettre de démission, le chanteur de 73 ans a tenu à réaffirmer son soutien à la junte en se présentant comme un “ami incontesté des militaires de son pays”.

Dès la prise de pouvoir par la junte, en mai 2021, le chanteur de 73 ans a affiché son soutien aux militaires et son hostilité envers la France. Il y a quelques mois, Salif Keïta avait également demandé le départ des casques bleus de l’ONU (Minusma), qui depuis a été officiellement annoncé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Instabilité politique, économique, alimentaire

Les engagements politiques du chanteur ne sont pas nouveaux. Salif Keïta a, entre autres, joué pour le régime dictatorial de Moussa Traoré, soutenu la réélection du président Amadou Tpoumani Touré et chanté contre la famine en Ethiopie. Connu pour ses prises de position polémique, Salif Keïta a  même déclaré en 2019, que “la démocratie n’est pas une bonne chose pour l’Afrique”, précisant que le continent a besoin “d’un dictateur bienveillant comme en Chine”.

Depuis 2012, le Mali est en proie à une crise profonde, une très grande instabilité politique et une forte expansion du djihadisme. Le pays dispose d’une économie à faible revenu, il est exposé aux fluctuations des matières premières, a une forte démographie combinée aux difficultés que le changement climatique accentue en menaçant l’agriculture et la sécurité alimentaire. Tous ces facteurs combinés mènent le pays à la situation instable qu’on lui connaît aujourd’hui, avec un conflit intérieur qui n’en finit pas.

Vers une refondation de l’Etat Malien ?

À la suite du premier coup d’Etat, le 18 août 2020, le gouvernement malien décide d’engager une refondation des institutions du pays avec la mise en place d’un gouvernement de transition, aujourd’hui dirigé par Assimi Goïta. Jusqu’en juillet 2022, le pays faisait l’objet de sanctions financières et commerciales de la CEDEAO. La décision de lever ces sanctions a été prise suite à la proposition par le gouvernement de transition de mettre en place un régime civil en mars 2024.

Depuis 2014, la mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a été mise en place avec pour objectif d’aider à stabiliser le Mali mais, le 16 juin 2023, le ministre des affaires étrangères maliennes a affirmé que la mission de l’ONU avait été un “échec” et a exigé son “retrait sans délai” du pays. La demande a été respectée, entre le 1er juillet et le 31 décembre, les casques bleus cesseront leurs activités afin d’organiser leur départ.

Ce nouveau régime qui est en train de se mettre en place correspond ainsi aux attentes du chanteur Salif Keïta, avec un régime militaire, certes, mais institutionnalisée.

ladepeche.fr

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