Le retour d’IBK de sa visite à Paris a donné lieu à une mobilisation montée de toute pièce, telle qu’il faut s’interroger sur le sens de cette manifestation. Au-delà des symboles, le séjour du Président Keïta dans l’ancienne Métropole coloniale n’est en aucun cas un triomphe, il y a au contraire de réelles questions qui coupent le sommeil aux Maliens n’ayant eu aucune réponse. La liesse populaire autour de l’évènement a une autre explication.
La surprise est d’abord venue des nombreux appels du parti présidentiel afin de mobiliser les citoyens pour réserver un accueil populaire au chef de l’Etat. Ainsi, pendant tout le week-end, les médias publics ont diffusé en boucle ces appels à la mobilisation qui étaient également transmis par des relais traditionnels à travers la capitale.
Pourtant, la visite d’IBK en France avait pour seule originalité le fait qu’il s’agissait de la première visite d’Etat d’un Président malien en France. Et rien d’autre. Il est vrai que l’ex-puissance coloniale est de nouveau au cœur des questions de souveraineté, mais la récente visite d’IBK n’apporte pas une évolution d’approche de l’unité du Mali.
Au moment où le drapeau malien flottait dans la capitale française dont la célèbre rue des Champs Elysées, la question de l’interdiction de la ville de Kidal aux membres du gouvernement malien n’a pas été résolue encore moins abordée à Paris. Pourtant, lesdits ex- rebelles étaient hissés au même niveau qu’IBK, invités à Paris en même temps que le président de la République. A croire que la France dicte tout, IBK exécute, tel un préfet français, à l’instar de celui qui a accueilli le président IBK à l’aéroport, même pas un membre du gouvernement. Allah Akbar !
De l’argent, il en a été question lors de cette visite d’Etat pour reconstruire le Mali, notamment le Nord dévasté par la guerre. Là encore, il ne s’agit que des sommes promises par les Européens depuis la transition pour la reconstruction du pays. La nouveauté, ce sont les 360 millions d’Euros de rallonge française, une bien modique somme par rapport aux 5000 milliards de Fcfa annoncés par la Chine en 2014.
IBK est certes retourné au Mali avec de l’argent, mais il n’y avait pas de quoi faire la fête dans les rues de la capitale. En réalité, la mobilisation autour du voyage présidentiel en France traduit l’état d’esprit des partisans d’un président qui perd de plus en plus sa popularité au fil des ans. Peut-on remplacer des failles de gouvernance avec du folklore ?
Ce n’est évidemment pas possible, car les Maliens ne perdent pas de vue l’urgence d’une bonne distribution de la justice et des emplois pour les jeunes. Si la visite d’IBK à Paris apportait des garanties de bonne gouvernance et de sécurité, on aurait compris la portée de la mobilisation qui a entouré l’évènement. Au lieu de cet accueil, on ferait mieux de se tourner vers IBK pour exiger explication sur la vente de la place du cinquantenaire et les marchés sombres de gré à gré déguisé des tracteurs…
Soumaila T. Diarra
B. Daou
Source: Le republicain