Auprès des forces françaises, le président Macron s’est montré déterminé dans la poursuite de l’engagement français contre le terrorisme au Sahel. Une visite, la première au Mali en Afrique, hautement symbolique.
« Les forces françaises sont là pour longtemps » , avait souligné en janvier dernier, à Gao, François Hollande, pour son dernier déplacement en terre africaine. Quatre mois plus tard, son successeur Emmanuel Macron ne l’a pas contredit, hier, sur la plateforme opérationnelle du désert malien. Le nouveau chef de l’État français a affiché « une politique de détermination et de poursuite de l’action » menée avec Barkhane depuis 2014, dans la continuité de Serval et de l’intervention française lancée en janvier 2013.
Le blanc immaculé des Falcons présidentiels tranche dès le matin avec l’océan de poussière ocre de la plaine de Gao. Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien, dans son habit traditionnel blanc, accueille sur ses terres, souvent meurtries, son homologue français, en costume bleu. Contraste saisissant, mais complicité affichée. « Nous serons éternellement reconnaissants à la France pour son soutien, toutes nos nuits sont hantées par cette peur terroriste » , lâche « IBK ». Entre deux discours, pour réaffirmer au Mali puis aux militaires, sa volonté de poursuivre l’action de Barkhane, le nouveau chef des armées français va au contact.
« Barkhane pour la gagne »
« Il veut voir des gens, des soldats. Un peu de matériel, mais surtout de l’humain. On a ménagé des séquences de rencontre » , détaillent même les militaires chargés de son accueil à Gao. Il discute avec les pilotes d’hélicoptère, avant de monter un quart d’heure dans un Caïman pour survoler le camp et distinguer la fameuse dune rose. Il déjeune à l’ordinaire avec eux, prenant un plateau-repas très frugal.
Il est accompagné de Sylvie Goulard, la nouvelle ministre des Armées, et de Jean-Yves Le Drian, au Mali comme chez lui. « J’ai un petit pincement au cœur de quitter les militaires c’est sûr… » , nous glisse l’ancien ministre de la Défense, aujourd’hui à l’Europe et aux Affaires étrangères.
Sous une chaleur caniculaire, Emmanuel Macron échange également avec les forces spéciales, qui, pour des questions de sécurité, ne souhaitent pas être filmées. « J’ai été ému par la dangerosité qu’ils rencontrent tous les jours » , souligne-t-il dans un « exercice » presse assez inhabituel, sous un hangar et avec en fond, le camp dans une lumière tombante. Lui qui se veut « un chef exigeant, lucide, toujours présent » , gagne ses galons de chef des armées, dans un ton très régalien qui marque les esprits, évoque le soutien nécessaire des Européens (Allemands notamment), et l’accent qui sera mis sur le développement au Mali.
Les soldats, eux, affichent « fierté et honneur » d’entendre les mots d’un président qui n’est guère plus vieux que la plupart d’entre eux. Ils crient « Barkhane pour la gagne » à ce président nouvelle génération, qui semble les avoir écoutés, et entendus. La cible est double, insiste le président, avant de reprendre son Falcon pour la France : « Dans le même temps, je veux gagner la guerre et gagner la paix ».
lalsace