Dans certaines localités du centre du Mali, pas de trace de l’administration. Les présumés jihadistes se substituent à la justice. Les populations les reconnaissent même comme interlocuteurs légitimes. L’enlèvement d’un maire d’une commune située dans la région de Mopti, lundi 4 décembre, illustre bien la situation.
Un différend opposait le maire de la localité de Sougoulbé, située dans le centre du Mali et un de ses parents. Pomme de discorde : une dette qu’aurait contractée l’édile.
Pour régler l’affaire, une plainte est déposée auprès des présumés jihadistes, qui sont à un jet de pierre du village et qui contrôlent tout.
La plainte est enregistrée, une convocation est adressée au maire. Il ne répond pas. Une seconde convocation, une troisième… Et là, les présumés jihadistes, qui rendent sur place justice, envoient une équipe d’hommes armés pour enlever le premier magistrat de la commune.
Son rapt se déroule dans une mosquée. Le voilà dans l’antre des maîtres des lieux. Deux heures après, ceux-ci rendent leur verdict. Soit il rembourse la somme de 1,9 millions de francs Cfa (environ 2900 euros), soit il subit une épreuve douloureuse.
Immédiatement ses parents, qui vivent à Bamako, mobilisent la somme. Elle est remise aux présumés jihadistes qui la rendent à leur tour au plaignant.
Affaire terminée, le maire regagne sa commune comme si une page était tournée.