Avec 102 morts à son actif au cours d’attaques, la Minusma est la mission des Nations unies la coûteuse en termes de vies humaines de ces dernières années. Et le décompte macabre ne semble pas prêt de s’arrêter.
Vendredi, une attaque contre un véhicule de la Minusma a tué un Casque bleu nigérien de l’ONU, à Gao, dans le nord du Mali. Ce scénario est devenu bien coutumier dans cette région du pays où l’ONU a installé sa mission, chargée de réconcilier les camps rivaux du conflit malien débuté en 2012 et de lutter contre les nombreux groupes armés dont c’est le fief.
Une tâche aux allures de purgatoire pour la mission onusienne qui enregistre de lourdes pertes depuis sa prise de fonctions en juillet 2013. Dans un communiqué publié quelque temps après l’attaque du vendredi, les membres du Conseil de sécurité ont notamment déploré le sombre bilan de 102 Casques bleus tués dans des attaques. L’ONU établit par ailleurs 68 morts (autres causes non liées à des actes violents), 372 blessés (attaques) et 154 blessés (autres causes non liées à des actes violents).
Des chiffres qui font de la Minusma la mission la plus coûteuse en vies humaines de l’ONU. Pourtant, la situation ne semble pas très reluisante. En plus du conflit politique dont l’issue reste encore incertaine, la mission onusienne de même que l’armée malienne et les soldats français de l’opération Barkhane doivent affronter des ennemis aux profils parfois inconnus.
Le recours G5 Sahel
Une multitude de groupes djihadistes pullulent en effet dans la région, usant de plus en plus d’une logistique sophistiquée pour mener leurs attaques. C’est notamment le cas du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (Jamaat Nosrat Al-Islam Wal-Mouslimin ou JNIM), principale alliance djihadiste du Sahel qui revendique son allégeance à Al-Qaida.
Ce groupe a du reste revendiqué la majorité des 63 attaques (37 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 20 contre la Minusma, 5 contre un groupe armé signataire de l’accord de paix et 3 contre l’opération Barkhane) perpétrées au cours du 1er trimestre 2018.
Pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, la tenue des élections présidentielles programmées cette année ne doit pas éclipser la profonde menace sécuritaire à laquelle fait face le Mali. De son avis, il est temps que les différentes parties signataires de l’accord de paix prennent en compte leurs responsabilités dans la mise en œuvre de cet accord.
Mais, encore plus difficile et incertain pour la Minusma, l’insurrection djihadiste a des ramifications dans toute la zone Sahel et rend complexe son retrait si jamais elle en avait l’intention. C’est probablement l’une des raisons de la mise sur pied de la force du G5 Sahel censé freiner l’avancée de la menace djihadiste.
Source: kibaru