Au Mali, les défis à relever sont énormes. Dans beaucoup de villages, les femmes ne peuvent plus se rendre à la foire, les enfants sont privés d’école en raison des menaces djihadistes. Malgré cette situation morose, les autorités transitoires actuelles, au pouvoir depuis juin 2021, disent multiplier leurs partenaires militaires. Une volonté qui les ont orientées vers la Russie avec laquelle, soutiennent-elles, le Mali entretient une relation « d’État à État ». Ce que certains anciens partenaires stratégiques, notamment l’Union européenne, nient et sont convaincus, à raison ou à tort, de la présence du groupe de sécurité privée russe « Wagner » dans le pays.
En raison de cette possible présence de Wagner, nombreux sont les partenaires européens, sur les pas de la France, à décider d’arrêter leur coopération militaire avec le Mali. L’Allemagne, un partenaire historique du pays pour avoir été le premier à reconnaitre son indépendance, ne fait pas exception en la matière.
Elle a annoncé sa volonté d’arrêter sa mission de formation dans le cadre du dispositif UE au bénéfice des forces armées maliennes de défense et de sécurité connue sous le nom de l’EUTM. « La coopération avec le Mali, avec la population, continue. C’est la mission EUTM qui ne peut pas continuer », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Madame Annalena Baerbock, après une audience de plus de trois heures accordée par le président de la transition, col. Assimi Kéïta, au palais de Koulouba.
« Le Mali souhaite travailler avec l’ensemble de ses partenaires »
Au cours de cette audience, mercredi 13 avril 2022, le président malien de la transition a justifié la coopération avec la Russie par la complexité de la crise malienne ainsi que de la décision « unilatérale » de la France de retirer ses militaires du territoire malien.
De son côté, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a indiqué que le Mali a pris note de « la décision qui a été prise » en ce qui concerne l’arrêt de la mission EUTM et qu’il la respecte. Toutefois, il a invité chaque partenaire du Mali à respecter les choix de l’État malien. « Ce pays fait ses choix en fonction de ses préoccupations comme l’Allemagne fait ses choix en fonction de ses préoccupations », a-t-il répliqué.
Le diplomate malien a réitéré la volonté des autorités maliennes à travailler avec l’ensemble de leurs partenaires. « Le Mali souhaite travailler avec l’ensemble de ses partenaires, y compris l’Allemagne, la Russie, la Chine, les États-Unis, a-t-il voulu rassurer. L’ensemble de ses partenaires qui souhaitent lui donner la main pour pouvoir travailler avec lui. »
Chiencoro Diarra
Source: Sahel Tribune