Moscou et Pékin ont soutenu la position des autorités maliennes qui se sont opposées à l’octroi d’une liberté de mouvement ou d’une liberté d’enquêter sur les exactions à la force internationale de maintien de la paix.
La Russie et la Chine se sont abstenues, le mercredi 29 juin, de voter la résolution sur le prolongement d’une année du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) au Conseil de sécurité de l’ONU, qui a été finalement adoptée par 13 voix sur 15.
Moscou et Pékin ont expliqué leur abstention par les « formulations intrusives » du texte en matière de droits humains qui s’opposeraient à la souveraineté malienne.
Rédigée par la France, la résolution maintient dans le mandat de la mission onusienne la protection des droits humains que les autorités maliennes ont cherché à réduire, au nom de l’intégrité territoriale du Mali. La Russie et la Chine ont défendu la position des autorités maliennes qui n’ont pas accepté le fait que les forces de la Minusma disposent d’une liberté de mouvement ou d’une liberté d’enquêter sur les exactions commises, estimant que cela « devrait se faire avec l’accord préalable du gouvernement malien ».
Après le vote, les autorités maliennes se sont dites « insatisfaites » de la résolution, tout en indiquant qu’elles ne s’y soustrairaient pas.
Retrait d’un article relatif au soutien aérien français
Bamako a obtenu le retrait du projet de la résolution initial de toute mention relative au maintien d’un soutien aérien français à la Minusma. Alors que l’armée française poursuit le retrait de ses hommes de ce pays d’Afrique de l’Ouest, les autorités maliennes avaient affirmé début juin qu’il n’était pas question de laisser Paris continuer à agir sur son territoire avec ses avions basés au Tchad.
La résolution qui prolonge le mandat de la Minusma jusqu’au 30 juin 2023 ne condamne pas d’autre part, de façon directe la présence controversée de la société militaire privée russe Wagner au Mali, démentie par Bamako qui n’admet qu’une « aide d’instructeurs russes » en vertu d’un accord bilatéral ancien conclu avec Moscou. « L’ONU condamne l’utilisation de mercenaires et les violations du droit international humanitaire et des atteintes aux droits de l’homme qu’ils commettent », indique le préambule du texte, sans citer nommément Wagner comme le souhaitaient les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
La résolution prévoit un maintien des effectifs actuels de la force internationale de maintien de la paix (13 289 militaires et 1920 policiers), et presse les Casques bleus de soutenir l’application de l’Accord de paix de 2015, une transition politique, le retour de l’autorité étatique dans le centre et la protection des civils et des droits humains. Elle demande aussi au secrétaire général de l’ONU de rédiger un rapport, d’ici janvier 2023, pour évaluer la mission et ses besoins, et faire le point sur l’évolution de ses relations avec la junte militaire au pouvoir.
Source : Agence Ecofin