La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Bamako a annulé ce mardi 2 mars les procédures visant sept personnes, dont 5 étaient en détention, poursuivies pour « complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté de l’État ». Parmi les prévenus figuraient l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et l’activiste Ras Bath.
A la sortie de la salle Mahamet Fofana de la Cour d’appel de Bamako, le pool d’avocats de la défense est tout sourire au terme d’un délibéré à huis clos. « J’étais certain que nous allions gagner, et ça a été fait, s’est félicité maitre Kassoum Tapo au micro de notre correspondant à Bamako, Kaourou Magassa. Ce que nous n’avons pas cessé de dire dans ce dossier, dès le départ, à savoir que c’était un dossier vide et qu’on a voulu instrumentaliser la justice, et ça n’a pas marchée. »
En plus de l’annulation de la procédure, la chambre d’accusation annule les mandats de dépôts des prévenus, ce qui a pour conséquence théorique la remise en liberté des cinq personnes en détention, arrêtées par les services de renseignement malien fin décembre. Parmi elles, Mohamed Youssouf Bathily dit « Ras Bath », militant, polémiste et animateur radio aux nombreux sympathisants. Le Collectif pour la défense de la République (CDR), dont Ras Bath est un des meneurs, s’est félicité de cette décision.
La justice vient de confirmer ce que nous disons depuis le départ, donc c’est une fierté pour nous. Parce que depuis le premier jour, nous avons dit qu’il y avait une main cachée derrière. C’est en réalité pour des raisons politiques. Parce que Ras Bath gêne.
Suite à cette annonce, les partisans de Ras Bath, le seul à être également poursuivi pour outrage à la personne du chef de l’Etat, se sont dirigé vers la prison centrale de Bamako. Des centaines de jeunes dont Ousmane Niambélé, qui n’a jamais cru en sa culpabilité. « Comment peut-il faire un coup d’Etat? Il n’a pas d’arme, ni de militaire à sa solde pour pouvoir faire un coup d’état. C’est un simple civil. »
Après plusieurs heures d’attentes et à la nuit tombée, aucune libération en vue. Selon la loi malienne, le parquet a trois jours pour se pourvoir en cassation. Une option envisagée par le procureur général Idrissa Arizo Maiga. Dans une déclaration à la télévision nationale il s’est dit en désaccord avec la décision prise par la chambre d’accusation.
Ces personnalités étaient poursuivies pour « complot contre le gouvernement, association de malfaiteurs, offense à la personne du chef de l’État et complicité ». Le parquet évoquait des faits présumés « d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État », des « indices graves et concordants » de l’existence d’une « entreprise criminelle » et des « actions de sabotage » contre des initiatives prises par les autorités de transition mises en place par les militaires après leur putsch en août dernier.
Source: RFI