Les assemblées populaires peuvent débattre franchement et laver les linges sales de la République. Les conseils villageois et de quartier ne sont-ils pas les premiers cercles de dirigeants auxquels le peuple souverain aura délégué son autorité ?
Ces débats pourraient se dérouler selon les règles qui régissent le cousinage à plaisanterie, pilier d’airain qui soutient notre Maliba. Dans cet esprit, le cousin à plaisanterie Doumbia parle à son cousin à plaisanter, Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République du Mali, chef de l’État.
Une mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) vient de séjourner chez nous. Elle a tenté de résorber la crise politique qui secoue violemment notre pays, depuis la proclamation des résultats des dernières élections législatives.
Au cours de la semaine dernière, elle a rencontré le M5-RFP et la majorité présidentielle.
Les envoyés de la communauté internationale ont écouté le président de la République, la classe politique, la société civile, plusieurs personnalités morales et des dignitaires religieux. Les délégués de la Cedeao sont repartis chez eux après avoir fait des propositions que le M5-FRP a rejetées.
La case Mali continue de brûler. L’arbitre que vous êtes, président de la République, ne doit-il pas faire face à sa mission historique ? Elle consiste à agir dans la sérénité, la neutralité pour que la paix règne quotidiennement dans tous les foyers sur l’ensemble de ce pays. N’est-ce pas que le président de la République, chef de l’État est au-dessus de la mêlée ?
N’est-il pas urgent de replacer la balle au centre du terrain de jeu politique ? Et de prendre tout le temps avant de donner un nouveau coup d’envoi pour relancer des matchs sereins dans toutes les localités. La population malienne a un sens politique élevé. Elle est convaincue que le bon sens est la richesse la mieux partagée dans notre pays.
Les Maliens de tous les bords ont la mission de rétablir l’autorité de l’État. Le maintien de la belle image de notre pays sur la scène internationale en dépend. N’ancrons pas l’habitude de vider le fauteuil de président de la République par l’anarchie et le chaos. L’histoire de la Révolution du 26 mars nous impose de consolider de façon pérenne la première institution de notre République.
N’est-ce pas que le chef de l’État doit passer la parole aux Maliens à travers les conseils villageois, de quartier, de fraction nomade ?
N’est-il pas temps de proposer à la population malienne un «Programme gouvernemental triennal de développement socio-économique?»
Il sera, contrairement aux Déclarations de politique générale (DPG), la somme des besoins exprimés en assemblées extraordinaires présidées par les chefs de village, de quartier, de fraction, au nom des populations à la base.
Quelques puits, un centre de santé, une piste carrossable, un magasin de stockage des productions agricoles et piscicoles, des logements d’astreinte pour les cadres de l’administration.
Il est urgent que le président de la République mette en mission le M5-RFP, la majorité présidentielle pour collecter les propositions d’équipements souhaités par les Maliens d’ici la fin de son mandat. Tel pourrait être le préalable concret de la constitution d’un gouvernement d’union nationale, composé d’hommes et de femmes probes.
Le génie malien seul peut résorber notre crise politique.
Sékou Oumar DOUMBIA
Source: Journal l’Essor-Mali