Dans une affaire qui a captivé l’attention de la scène politique malienne, Boubacar Karamoko Traoré, conseiller spécial à la Primature et vice-président du M5-RFP tendance proche de Dr Choguel Kokalla Maïga, a été libéré lundi 2 septembre 2024, après avoir été condamné à un an de prison ferme en première instance. Cette libération intervient dans le cadre de son procès en appel, après que la justice ait initialement reconnu M. Traoré coupable d’atteinte au crédit de l’État, d’outrage à magistrats, et de diffusion de propos mensongers perturbant la paix publique.
Les accusations portées contre ce proche du Premier ministre de la Transition remontent à un mémorandum publié en mai 2024, dans lequel M. Traoré critiquait sévèrement la gestion des affaires de l’État par les colonels au pouvoir. Ce document de quatre pages, rédigé au nom de son mouvement politique, dressait un bilan sans concession de la Transition, dénonçant notamment « un relâchement des termes du Pacte d’honneur du partenariat stratégique liant les Forces civiles et militaires pour le changement ».
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Le 8 juillet 2024, le tribunal de première instance avait jugé les critiques de M. Traoré suffisamment graves pour justifier une condamnation à un an de prison ferme. Cependant, sa défense avait fermement rejeté ces accusations, soulignant l’absence de preuves concrètes apportées par le Procureur du pôle judiciaire anti-cybercriminalité. « Ces chefs d’accusation ne sont nullement établis », avait déclaré l’un de ses avocats, soutenant que le mémorandum n’était en rien un pamphlet contre les autorités militaires, mais plutôt une analyse constructive signée au nom de son mouvement.
Ce retournement de situation, avec la libération de M. Traoré en appel, pourrait avoir des répercussions importantes sur l’équilibre fragile de la Transition au Mali. Les tensions entre le M5-RFP et les autorités militaires sont désormais exposées au grand jour, avec en toile de fond des accusations d’isolement et de marginalisation des civils dans la prise de décision gouvernementale.
Le mémorandum de M. Traoré, qui pointait du doigt des sujets sensibles tels que la réorganisation territoriale, la crise énergétique, et le report des élections, a manifestement irrité les autorités. De plus, la question de la candidature éventuelle du Colonel Assimi Goïta à la prochaine présidentielle, ainsi que l’élévation de plusieurs colonels au grade de généraux, ont été des points de discorde majeurs.
Le soutien public du Premier ministre Dr Choguel K. Maïga à son collaborateur, affirmant que « personne ne peut dire qu’il y a un point là-dedans qui est faux », pourrait signaler un renforcement des tensions politiques à l’approche de la fin de la Transition. Ce rebondissement pourrait en effet redéfinir les alliances et les rapports de force au sein de la classe politique malienne, alors que le pays continue de naviguer entre aspirations démocratiques et réalités militaires.
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Reste à savoir comment cette libération influencera la dynamique politique au Mali, et si elle sera le prélude à d’autres développements dans ce dossier déjà très sensible.
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MLS
Source: Bamada.net