En effet, en dépit de sa proximité avec le pouvoir, le président par intérim du M5-RFP proche du Premier ministre s’est permis de critiquer la gestion de la transition. Mais, dans son mémorandum, il a essayé d’être objectif en reconnaissant les acquis de cette transition, avant de pointer du doigt sur ce qui n’a pas marché.
Dans le mémorandum signé par Bouba K TRAORÉ, un accent particulier a été mis sur les résultats du changement qui sont visibles et tangibles à tous les niveaux. Il a notamment évoqué la Refondation du système de défense et de sécurité pour restaurer la dignité et l’honneur du Mali, par la reconstruction de l’outil de défense et la reconquête de l’intégrité ; la Refondation de la souveraineté nationale et l’affirmation de la diplomatie malienne ; la Refondation institutionnelle et politique, avec le passage à la 4ème République ; la Refondation de la Vision endogène de l’Etat et de la Gouvernance ; la Refondation du système électoral avec la création de l’AIGE ; la Refondation de la réorganisation administrative avec l’opérationnalisation des nouvelles régions et l’adoption de la nouvelle carte administrative du Mali ; la Refondation du système biométrique de l’état civil (Mali Kura Biométrie) et des effectifs des agents de la Fonction publique de l’Etat et des collectivités territoriales (Projet SIGRH).
Ce n’est pas tout, Bouba K TRAORÉ a salué la refondation du Capital humain à travers la moralisation des examens scolaires et des concours de la Fonction publique ; la refondation de la justice pénale et de la lutte contre la corruption et l’impunité ; la Refondation de la politique économique nationale à travers une meilleure gestion des ressources financières de l’Etat, la réappropriation des richesses nationales (Secteur minier et contenu local, COMATEX, SUKALA, UMPP, Chemins de fer, etc.) ; la Refondation de la politique agricole, de l’élevage et de la pêche, avec des productions records.
Par ailleurs, il a évoqué la refondation de la production nationale et de la consommation des produits nationaux ; la refondation de la gouvernance financière et économique, avec la tendance vers une autonomisation des revenus de l’Etat, et une meilleure gouvernance des finances publiques ; la refondation du dialogue social à travers la signature et la mise en œuvre du Pacte de stabilité sociale et de croissance, et l’harmonisation valorisante des grilles salariales des agents publics.
Cependant, Bouba Karamoko TRAORÉ souligne que malgré le redressement de la trajectoire de la Transition et la mise en œuvre progressive du processus de Refondation de la Nation, sous l’impulsion du Gouvernement, le Peuple malien témoigne et assiste à un relâchement des termes du Pacte d’honneur du partenariat stratégique liant les deux Forces civiles et militaires pour le changement.
« Ainsi, nous avons pu assister, le 1er juillet 2023, à la rupture de ce pacte initialement incarné par la formation du gouvernement de Transition le 11 juin 2021 par, purement et simplement, le limogeage et le remplacement de presque tous les ministres du M5-RFP, sans consultation ni proposition de Dr Choguel K. MAIGA, en sa double qualité de Premier ministre et de Président du M5-RFP. Cette situation sera plus tard exploitée par certaines forces politiques, pour tenter d’affaiblir et de déstabiliser le M5-RFP qui est, heureusement, resté vigilant et a mis les intérêts supérieurs du Mali au-dessus de certaines considérations », a dénoncé le président du comité stratégique par intérim du M5-RFP.
Aussi, il a soutenu que plusieurs questions majeures de la gestion gouvernementale vaient été traitées sans y associer le Chef du gouvernement, notamment la finalisation de la réorganisation territoriale, la gestion de la crise énergétique, l’organisation de la campagne référendaire et du « meeting de la honte » du 8 juin 2023, le report des élections, etc.
Bouba K TRAORÉ n’a pas manqué d’évoquer les discussions sur l’Alliance des Etats du Sahel (AES), des négociations sur certains dossiers à caractère économique et financier avec des partenaires stratégiques, ainsi qu’avec des partenaires techniques et financiers du Mali.
« Certaines pratiques de l’ancien système qui jurent avec les intérêts supérieurs du Peuple malien, refont surface à travers des arrestations et détentions extrajudiciaires notamment de membres du M5-RFP, le retour progressif et l’infiltration rampante de ceux qui avaient observé une position « neutre » et de ceux qui avaient combattu ouvertement l’avènement du renouveau et s’adonnent à un sabotage et à une déstructuration, depuis l’intérieur, du processus de Refondation, dans le but de remettre en cause l’esprit et les acquis du changement », a fustigé le responsable du M5-RFP.
Selon lui, plusieurs pratiques qui sont inimaginables pour le Malien lambda pendant cette Transition, se manifestent de jour en jour. ‘’Et, le M5-RFP ne peut, et ne veut, s’en rendre complice’’, a-t-il lancé.
Il n’a pas fait de cadeau à l’initiative du Dialogue inter-Maliens (DIM) qui devrait servir d’alternative à la fin de l’Accord issu du processus d’Alger en matière de paix et de réconciliation nationale, tel que prévu par les recommandations des ANR.
M. TRAORÉ regrette que la déclinaison de certaines recommandations tendancieuses « phares » du DIM ont heurté l’opinion, en ce qu’elles s’écartent des objectifs visés et qu’elles tombent dans le piège des pourfendeurs de cette initiative.
Il a souligné notamment la prorogation de la durée de la Transition, l’élévation de six (6) colonels aux grades de généraux, et la négociation avec les chefs des groupes terroristes.
Pour lui, la durée de 5 ans de nouveau proposée pour la Transition est inutile, car la durée de 6 mois à 5 ans maximum a été déjà actée par les ANR. Aussi, dit-il, les propositions « d’auto-promotion » aux grades de généraux de certains officiers au détriment d’autres risquent de créer des frustrations. Enfin, critique Bouba K TRAORÉ, la proposition d’imposer au Peuple malien une négociation avec de « faux » djihadistes et groupes armés terroristes fait oublier le fait que ce sont plutôt des « mercenaires irrédentistes », auteurs proclamés de massacres de civils innocents (notamment du Bateau Tombouctou), à la solde d’autres puissances extérieures, à l’affut de la moindre brèche pour pénétrer le mécanisme de reconstruction de l’Armée et de l’Administration, et du processus de réconciliation nationale pour mieux les saboter de nouveau.
Après avoir dénoncé ce qui n’a pas marché, le président du comité stratégique du M5-RFP a engagé les Autorités de la Transition à une plus grande vigilance, d’éviter d’exposer inutilement le processus de Transition à des risques d’instabilité, afin de mieux défendre et servir les intérêts du Peuple malien sans exclusive, et de s’interdire toutes démarches encourageant le retour des forces hostiles ou des pratiques contraires au changement.
PAR MODIBO KONE