Le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali est censé etre renouvelé le 30 juin prochain.
Comme dans tous les pays abritant une mission onusienne de maintien de la paix, la Minusma a célébré, le lundi 29 mai, la Journée internationale des Casques bleus sous le thème : « La paix commence avec moi ».
L’objectif de cette journée est de rendre hommage au plus de 4 200 à avoir perdu la vie sous le drapeau de l’ONU depuis le déploiement de la première opération de maintien de la paix au Moyen Orient en 1948. Depuis, le contexte a beaucoup évolué dans la mesure où actuellement les casques bleus sont confrontés à une menace asymétrique pour laquelle ils n’ont pas de mandat qui les autorise à y faire face. C’est le cas pour la Minusma déployée au Mali depuis juillet 2013. À cela s’ajoute, de plus en plus, la désinformation et la mésinformation, qui compliquent immensément l’exécution de son mandat d’appui aux efforts des autorités maliennes et au peuple malien. Cette situation met en danger la sécurité des casques bleus, surtout lorsque ce fléau s’accompagne d’appels à la violence lancés véhiculés via les réseaux sociaux.
La Minusma est sans conteste la mission onusienne de maintien de la paix la plus coûteuse en vie humaine et en moyen. En plus d’un budget d’un peu plus d’un milliard de dollars chaque année, depuis 2013, la mission onusienne a perdu 190 Casques bleus au Mali du fait d’actes hostiles alors que des centaines d’autres ont été blessés dont certains handicapés à vie.
Incertitudes sur le renouvellement du mandat de la Minusma
Cette célébration intervient alors que l’incertitude demeure quant à l’avenir de la mission onusienne au Mali. De plus en plus, elle est décriée pour n’avoir pas pu mettre fin à la décennie d’insécurité que le Mali traverse. Des voix s’élèvent notamment à Bamako pour demander son départ du Mali.
En plus de cette situation, les relations entre la mission onusienne et les autorités de transition au Mali sont de plus en plus exécrables limitant considérablement la marge de manœuvre des casques bleus. Ces derniers ne sont d’ailleurs plus autorisés à se déplacer librement notamment pour enquêter sur des allégations de violations des droits humains.
A cause de cette situation, de nombreux contingents ont annoncé le départ de leurs troupes de façon prématurée. Il s’agit entre autres, de l’Allemagne, de la Suède, de la Grande-Bretagne, de la Côte d’Ivoire, du Bénin et de la Jordanie. L’Egypte quant à elle qui a suspendu ses opérations depuis l’année dernière après avoir perdu au moins 7 casques bleus, se donne encire un temps de réflexion en attendant de prendre une décision définitive.
Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a indiqué que cette mission n’était plus viable, proposant trois options en vue de redresser la pente. Aujourd’hui, la Minusma doit faire face seule à cette menace asymétrique alors que par le passé elle était soutenue par Barkhane dont le retrait hors du Mali est effectif depuis août 2022. Ainsi, la première option proposée par Antonio Guterres consiste à ce que « tous les paramètres » soient remplis. Parmi ces conditions, le secrétaire général cite des progrès dans la transition politique – qui prévoit, après deux coups d’Etat militaires, le retour des civils au pouvoir en mars 2024 –, ainsi que la liberté de mouvement des casques bleus. Pour ce faire, il a demandé un renforcement des effectifs soulevant le problème de trouver des troupes, alors que plusieurs pays contributeurs (soit plus de 2 250 casques bleus) ont annoncé leur retrait de la Minusma.
La seconde option au cas où « les paramètres clés pour que la mission puisse opérer avec son mandat actuel ne sont pas remplis », le secrétaire général évoque le « retrait des unités en uniforme » et la transformation en « mission politique spéciale », avec une présence uniquement à Bamako. Entre les deux extrêmes, Guterres propose un maintien du nombre de casques bleus, mais la modification du mandat, avec la fermeture de certains camps ou une réduction de la présence dans le centre du pays.
Pour l’instant, toutes ces trois options sont rejetées par le gouvernement malien qui souhaite que la mission l’accompagne sans condition dans la sécurisation du territoire national. Ce qui n’est pas si évident lorsqu’on sait que le mandat de la mission censée être renouvelé le 30 juin prochain ne permet pas un tel engagement.
APA