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Mali-France: faites vos jeux, plus rien ne va!

Joël Meyer est l’ambassadeur de la France au Mali. Pris dans l’escalade de la violence verbale qui ne cesse de grimper entre son pays d’envoi et son pays d’accueil le Mali, le diplomate est sommé par le deuxième de quitter son territoire sous les 72 heures à compter de ce lundi. Dans le même temps, après avoir pris acte de ce couperet qui s’est abattu sur son représentant sur les bords du Djoliba, Paris rappelle son chef de la diplomatie au Mali, affichant ainsi sa volonté de continuer à rester dans une logique de dialogue et par ricochet, dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Est-ce le point du non-retour dans la dégradation des relations entre le Mali et la France?

En tout cas, au Mali, les maîtres militaires, qui, comme on le dirait dans les rues d’Abidjan, «mangent leur piment dans la bouche» de civils, sont déterminés à tenir tête à une France qui demeure comme dans une bulle d’arrogance. Elle semble ignorer que même à son propre enfant, il faut savoir parler en adoptant un certain ton de respect mutuel. A plus forte raison, dans des relations de pays à pays jouissant chacun de sa souveraineté, il faut tourner plus de sept fois sa langue dans la bouche, en restant surtout dans les clous de la diplomatie. A écouter les attaques et contre-attaques qui enveniment cette joute orale improductive, l’on se croirait dans une bagarre de cour de récréation d’une école primaire.

Il suffit, pourtant, pour les putschistes maliens de revenir à des proportions moins ahurissantes en matière de transition, et avoir à l’esprit que la prise de pouvoir par les armes est interdite. Tout comme devaient l’être, du reste, les charcutages des constitutions pour s’ouvrir des boulevards de présidence à vie par les troisièmes mandats de tous les dangers. Mais le pays de Vladimir Poutine et de la société Wagner, c’est bien le nouveau cœur pour lequel bat celui de la junte malienne très fâchée avec la France qui, comme si elle aussi perdait de plus en plus pied en Afrique, maîtrise difficilement les nerfs et surtout la langue de ses président et ministres. L’escalade de la violence verbale est loin d’arranger une situation, qui, à la longue, éprouvera sérieusement toutes les parties en conflit. Le drame est que, à tort ou à raison, les militaires au pouvoir à Bamako semblent refuser de croire encore aux vertus du dialogue et avec la CEDEAO qu’ils prennent pour le porte-voix de la France, et avec le pays de Emmanuel Macron qui, elle, affublée de son péché originel de pays colonisateur, arrive difficilement à se débarrasser d’une certaine condescendance désuète.

Ce n’est pas trop de le dire, la France est tombée dans le jeu de provocation orchestré par des militaires maliens qui, conseillés par des politiciens experts en intrigue ou pas, ont logiquement saisi au bond, cette balle qui leur a été servie sur un plateau d’or, notamment par le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui ne met pas de gant pour traiter ce régime «illégitime». Le patron de la diplomatie européenne dit peut-être tout haut, ce que tous, même les va-t’en guerre maliens, pensent bas. Les lieutenants de Jupiter, horripilés par le braconnage russe en Afrique, ont fini par ruer aveuglément dans les brancards, faisant passer par perte et profit, les efforts financiers et le sacrifice de plus de 50 soldats de la force Barkhane, dans le sable chaud du Mali, au titre de cette lutte sans fin contre le terrorisme dans le Sahel.

Finalement, le colonel Assimi Goïta et les autres chefs de la transition ont réussi à faire oublier qu’ils sont doublement putschistes et qu’en plus d’avoir détenu plus d’une année un pouvoir arraché par les armes, entendent réaliser une transition politique inédite de 5 ans! Et du dialogue de sourds, Maliens et Français sont passés aux propos orageux, avec pour risque de répandre dans la sous-région, et plus loin si affinité, cette graine du chaos et du saut dans l’inconnue.

Hors les terroristes sévissent toujours et se frottent même les doigts sur des gâchettes toujours prêtes à semer la mort et la désolation. Il n’est jamais tard pour bien faire, surtout quand c’est pour ramener la réconciliation, la paix, et africains, la tranquillité, dont ont besoin des peuples soucieux de se battre désormais pour le développement de leurs pays et du continent.

Par Wakat Séra

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