Deux Casques bleus de l’ONU au Mali ont péri vendredi dans l’explosion d’une mine au passage de leur convoi dans le centre du pays, a annoncé la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) dans un communiqué.
Leur mort intervient cinq jours après celle de dix Casques bleus tchadiens, tués le 20 janvier à Aguelhok (nord-est), dans l’attaque la plus meurtrière contre la Minusma depuis son déploiement en 2013, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda.
“Ce matin vers 06H00, un véhicule d’un convoi logistique de la Minusma a heurté une mine aux environs de Douentza, région de Mopti”, selon le communiqué. “Deux Casques bleus ont trouvé la mort” et plusieurs ont été blessés, dont certains grièvement, a ajouté la Minusma, sans indication sur leur nationalité.
Les deux tués étaient de nationalité sri-lankaise, a ensuite affirmé à l’AFP une source au sein de la Mission de l’ONU dans le centre du Mali sous le couvert de l’anonymat, précisant que les blessés avaient été évacués. La Minusma a “dépêché un renfort sur place non loin de Douentza pour la sécurisation”, selon la même source.
Dans un communiqué à New York, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné “fermement l’attaque à l’engin explosif” contre le convoi onusien. Elle a fait “deux Casques bleus sri lankais tués et six blessés”, précise Antonio Guterres. “Un Casque bleu burkinabé a été blessé lors d’une autre attaque” jeudi avec un engin explosif “contre un autre convoi de la Mission près de Douentza”, a-t-il ajouté, en rappelant que ces attaques “peuvent constituer des crimes de guerre en vertu du droit international”.
Les 15 membres du Conseil de sécurité, dans une déclaration, ont réclamé au gouvernement malien d'”enquêter rapidement” sur l’attaque de vendredi. “Toute implication” dans une attaque contre les Casques bleus peuvent entrainer des “sanctions”, ont-ils menacé dans leur texte.
La Minusma compte près de 14.000 militaires et policiers, dont quelque 200 Casques bleus sri-lankais.
Elle est la plus coûteuse en vies humaines des actuelles opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec près de 180 morts, dont plus d’une centaine dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des Casques bleus tués dans le monde depuis cinq ans.
Dans son dernier rapport trimestriel sur le pays, Antonio Guterres souligne la croissance continue des attaques à l’engin explosif improvisé.
“Le nombre d’attaques de ce type n’a cessé d’augmenter depuis janvier 2018, pour atteindre 192, alors qu’il n’y en avait eu que 124 pendant la même période en 2017”, selon le rapport.
Face à cette menace, “la bonne exécution du mandat de la Mission” est entravée notamment par le manque “de véhicules protégés contre les mines”, déplore le secrétaire général de l’ONU.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit.
Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.
TV5