L’annonce a été faite le mercredi 3 mai dernier par le commandant du contingent allemand de la MINUSMA, le colonel Heiko Bohnsack.
La Bundeswehr, l’armée allemande a déjà commencé à expédier les premiers composants de son équipement militaire déployé au Mali. Une annonce qui vient au même moment où Berlin décide pour une dernière fois de prolonger d’un an le mandat de ses troupes présentes au sein de la MINUSMA.
Cette décision du gouvernement allemand est encore en attente d’être validée par le parlement de ce pays à savoir la Bundestag. Après une décennie de présence, le retrait des militaires allemands au Mali sera effectif en mai 2024.
Au cours de son séjour passé au Mali en mi-avril dernier, le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, avait fait la même annonce auprès des autorités maliennes. Ce retrait des casques bleus allemands intervient sur fond de désaccord avec les autorités.
Au mois d’août 2022, l’Allemagne avait décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » la majeure partie de ses opérations militaires au Mali, en signe de protestation contre les restrictions de mouvement imposées par les autorités maliennes à la MINUSMA. Depuis, la situation ne s’est pas véritablement améliorée puisque la mission onusienne ne peut faire survoler ses appareils, notamment les drones de reconnaissance, sans autorisation. A plusieurs reprises, ces autorisations ne leur ont pas été accordées.
Le contingent allemand fort de près d’un millier de casques bleus au Mali – essentiellement basés à Gao – a comme tâche principale de rassembler des reconnaissances pour la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali.
D’après le commandant de la force allemande de la MINUSMA, le colonel Heiko Bohnsack, « dans les premières étapes du retrait, le matériel en place sera lentement aminci tandis que les troupes conserveront tous les moyens pour remplir leur mission ».
Par ailleurs, la décision allemande est également motivée par le froid qui s’est installée entre l’Union européenne et les autorités maliennes qui ont décidé de se tourner vers la Russie. Les Occidentaux continuent à fustiger la présence au Mali « des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner » alors que les autorités maliennes évoquent plutôt « des instructeurs déployés dans le cadre de la coopération bilatérale d’Etat à Etat ».
Parallèlement au début du retrait de ses troupes du Mali, l’Allemagne a décidé de participer à une nouvelle Mission de partenariat militaire de l’UE au Niger (EUMPM Niger). Laquelle est censée contribuer au renforcement des capacités militaires des forces armées nigériennes afin de soutenir le Niger dans sa lutte contre les groupes armés terroristes dans le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Le soutien de l’EUMPM au Niger s’inscrira dans le cadre du plan global de renforcement des capacités dirigé par les Nigériens.
Aussi, l’Allemagne veut à tout prix faire éviter à ses troupes la désillusion connue en Afghanistan dont l’opération militaire initiée en 2001 a été qualifiée de « fiasco » y compris par les Occidentaux.
Le contingent allemand de la MINUSMA est l’un des plus importants après ceux du Tchad, du Bangladesh et de l’Égypte.
En plus de l’Allemagne, d’autres pays ont aussi décidé du retrait de leurs troupes au Mali. Il s’agit notamment de la Suède, de la Grande-Bretagne, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de l’Egypte et de la Jordanie.
D’aucuns craignent que cette tendance ne se poursuive alors qu’on est à quelques jours du début des débats sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA. Déjà, la mission a été très diminuée par le soutien aérien notamment que lui apportait l’opération militaire française Barkhane dont le retrait du Mali a été effectif depuis août 2022, après une décennie de présence.
En plus d’avoir le budget annuel le plus élevé (1,2 milliards de dollars) la MINUSMA est aussi la mission de maintien de la paix ayant subi le plus de pertes dans le monde ces dernières années. Depuis sa création en 2013, plus de 185 de ses membres sont morts dans des actes hostiles.
MD/ac/APA