Mamadi Doumbouya a décidé de ne pas appliquer les sanctions décidées par la Cedeao à l’encontre du Mali. Elle maintient notamment ses frontières ouvertes avec son voisin. Solidarité entre putschistes ou coup de poker de Conakry ?
« La Guinée et le Mali sont deux poumons d’un même corps » : si la formule, qui souligne la proximité géographique des deux voisins, date des règnes de Sékou Touré et Modibo Keita, elle n’a jamais été autant en vogue à Conakry. Même la télévision nationale, la RTG, s’est fendue d’un éditorial rappelant le passé commun des deux pays, appartenant autrefois à l’empire mandingue de Soundiata Keïta.
C’est le passé mais aussi le présent que Conakry a invoqué au lendemain du 4e Sommet extraordinaire de la Cedeao sur le Mali qui s’est tenu le 9 janvier à Accra pour justifier sa solidarité avec Bamako, lourdement sanctionnée. Les autorités guinéennes ont pris le contre-pied du reste de la sous-région, qui s’est accordée pour condamner la volonté malienne de prolonger la transition de « six mois à cinq ans ». Des sanctions exemplaires – fermetures des frontières, gel des avoirs du Mali, suspension des échanges commerciaux – ont été prises.
Des décisions auxquelles la Guinée n’a pas été associée, rappelle un communiqué du Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD), au pouvoir, publié le 10 janvier. Lui-même théâtre d’un putsch le 5 septembre dernier, le pays a été suspendu de l’organisation trois jours après le renversement d’Alpha Condé par Mamadi Doumbouya. « En conséquence, précise le texte signé du colonel Sadiba Koulibaly, le chef d’état-major général des armées, le CNRD réaffirme que les frontières aérienne, terrestre et maritime de la Guinée restent toujours ouvertes à tous les pays frères, conformément à sa vision panafricaniste. »