Cette semaine, l’anthropologue et Professeur Younoussa Touré répond aux trois questions de la rédaction sur l’accord de paix.
Quels sont les principaux obstacles à la mise en œuvre de l’Accord ?
Après sa signature, il n y a pas eu assez de communication afin que le peuple malien comprenne dans quelles conditions il a été signé, les lignes rouges et les espaces au sein desquels on peut se mouvoir. Lorsque les gens n’ont pas d’explication, ils se font souvent une idée erronée et les signataires ont moins d’audace. Il y a aussi une tendance à dénoncer parce qu’on n’était pas à la table de négociation.
Les parties signataires sont-elles de bonne foi ?
L’Accord a été signé entre des mouvements dissidents. Il y a eu ensuite des mouvements non dissidents et finalement la communauté internationale. Et elle a voulu regrouper les parties maliennes en un seul bloc. Cela signifie que rebelles et non rebelles travaillent ensemble pour mettre l’Accord en œuvre. Dès lors, le gouvernement était esseulé. Or l’Accord dit que c’est lui qui est chargé de la mise en œuvre. Il est hésitant parce qu’il a peur de la société civile et des activistes qui n’ont pas compris pourquoi il a signé.
Faut-il envisager une relecture ?
La relecture suppose que les gens n’ont pas pu mettre en œuvre. Il faut d’abord se mettre ensemble et voir quel est le problème. Il y a une solution politique à tout. Il ne faut pas que l’on pense que c’est éternel. On peut changer lorsque les conditions évoluent. C’est ce que l’on a fait pour la régionalisation. Certains craignent de perdre des privilèges.
Journal du Mali