Sans être définitivement enterrée, l’alliance «Ensemble Pour le Mali» a visiblement cessé d’exister comme référence d’apparentement et de convergence des formations de la majorité présidentielle. C’est désormais le sauve-qui-peut dans les rangs de ce regroupement dont les composantes tentent de surmonter l’indifférence d’IBK à peine réélu. qui par un combat de conservation identitaire, qui par une bataille de survie politique ou de survie tout-court. Bref, une cacophonie sur fond de calculs peu propices à l’union sacrée que le Premier ministre pour sa part appelle de tous ses vœux. Et dont il a tant besoin pour stabiliser son équipe gouvernementale et préserver le camp présidentiel contre un coup de balai fatal qu’il est peut-être le seul à pressentir.
Lors de sa rencontre avec les anciens camarades de l’Adema, il y a de cela deux jeudis, le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga ne s’est point limité à la manifestation d’un simple besoin de reconfiguration de la classe politique. Le projet de fusionner certaines composantes de la majorité présidentielle, en l’occurrence le Pasj, le Rpm, l’ASMA, l’Udd et PS Yélen-Coura, s’est appuyé sur le développement par le président du l’ASMA-CFP d’arguments pour le moins atypiques. Nos sources indiquent, en clair, que le chef du Gouvernement, devant les responsables de la Ruche et la forte délégation de camarades qu’il conduisait pour la circonstance, a reposé son argumentaire sur une posture assez critique du pouvoir voire une situation d’autant plus fragile que des forces opportunistes pourraient être tentées de s’engouffrer dans la brèche si l’on n’y prend garde et interrompre le mandat avant son terme. La menace d’une redite du scénario de 2012 planerait-elle donc sur la République ? Il semble, à en croire notre source, que Soumeylou Boubeye Maiga n’écarte pas une telle éventualité, même s’il estime que l’aventure ne profitera pas forcément à ceux qui la mijotent. Quoi qu’il en soit, seule une jonction des composantes principales de la majorité peut déjouer le schéma maléfique, conjurer le mal qui se dessine et éviter au pays un scénario catastrophique semblable à celui de 2012.
On eut dit, selon toute vraisemblance, une carte de la peur sur laquelle le Premier ministre pourrait miser à une double fin. Primo, faire admettre le besoin de la fusion comme solution indispensable et vitale contre un péril d’interruption de mandat ; secundo, reléguer les rivalités et ambitions velléitaires internes susceptibles d’offrir un retentissement aux sirènes du changement qui hantent la Primature. Si le premier schéma n’est que factice, le second est bel et bien réel, au regard des assauts et adversités dont le chef du Gouvernement est la cible depuis quelques temps : de la part notamment de religieux qui réclament sans ambages sa tête, de ressortissants du Centre qui subodorent des basses manœuvres du gouvernement dans les clivages intercommunautaires, du front social qui présument une intrusion de l’Exécutif dans les divisions syndicales. C’est dire dans un tel contexte de tirs croisés la mobilisation des troupes dans une bataille de survie collective pourrait avoir été simplement dictée par un réflexe de combativité sur fond de résistance et de conservation personnelle. Toutefois l’appel aurait pu être entendu et suivi si le chef du Gouvernement s’y était pris différemment : en profitant de son accession très peu espérée à la plus haute fonction gouvernementale pour se révéler sous les traits de rassembleur de la classe politique, comme vecteur de symbiose nationale autour des priorités sublimes des Maliens.
Au lieu de quoi, du temps et de l’énergie auront été plutôt déployés dans l’effort de paraître tel qu’il est perçu dans l’opinion : une incarnation de l’autorité par le recours excessif à la puissance publique. Les voix dissidentes qui en ont fait les frais n’ont aucun intérêt politique à répondre par une main secourante au cri d’alerte du Premier ministre, tandis que ses partenaires de la majorité présidentielle ont toutes les raisons de considérer lesdits signaux comme une détresse personnelle présentée comme un risque de naufrage collectif, après avoir subi de plein fouet une arrogante vague de débauchages de sa part. Du reste, le président Treta et la délégation de membres du BPN-Rpm ayant succédé au Premier ministre dans l’antre des Ruchers, la semaine dernière, ont affiché une totale indifférence aux sirènes de la fusion qu’a fait retentir quelques jours auparavant sur les mêmes lieux Soumeylou Boubeye. Mieux, avec le Pasj, Bocari Treta et sa suite ne se sont point contentés de tendre la main à leur tour dans le sens d’une collaboration avec leurs anciens camarades de l’Adema. Ils ont en outre clairement motivé leur démarche par une absence évidente de boussole et de vision du gouvernement dirigé par Soumeylou Boubeye Maiga, une défaillance à laquelle il convient, à leurs yeux, de remédier par le partage et la jonction des forces entre composantes de la majorité. Il va sans dire qu’en médisant de la sorte du gouvernement, le Rpm ne figure pas au nombre des partenaires sur lesquels le Premier ministre pourrait compter comme soutien à la conservation de l’équipe actuelle ni au maintien du président de l’ASMA à sa tête. Exit donc le temps où il s’imposait comme le sauveur irremplaçable du régime et de l’EPM, une alliance désormais relégué tel qu’en attestent les initiatives dispersées de ses principales composantes. Place à présent aux calculs de fin de mandat qui semblent imposer aux partis de la majorité une conjugaison prématurée du président IBK, faute d’attention et d’orientation de sa part.
La Rédaction
Source: Le Témoin