Après des mois de silence, l’imam de Badalabougou revient sur la chaine politique avec des piques virulentes non seulement à l’encontre des autorités de la transition et de la communauté internationale mais aussi contre la classe politique et de la société civile du Mali. Même si les Maliens, dans leur majorité, sont satisfaits de la gestion de Assimi Goïta et de son gouvernement, Dicko ne l’est pas.
L’imam Mahmoud Dicko fait encore parler de lui. Comme il sait bien le faire, il a lancé des pierres dans le jardin des dirigeants de la transition. La Communauté internationale, la classe politique malienne et la société civile ont eu leur part.
Dicko attaque…
À l’occasion du forum de Bamako, l’imam Mahmoud Dicko a attaqué les autorités de la transition. Il a indiqué que les gouvernants du Mali sont « arrogants ». La communauté internationale, en ce qui la concerne, est traitée d’« orgueilleuse » se cantonnant derrière des principes au détriment des conditions de vie des Maliens. La classe politique malienne a eu, elle aussi, sa dose. Dicko lui reproche d’être « moribonde ». Et même la société civile n’est pas épargnée.
Les réactions
Cette sortie de l’imam Mahmoud Dicko a suscité d’énormes réactions. La première sortie qui contredit cette position de Dicko, c’est celle de son mentor : le chérif de Nioro. Ce dernier, lors de son prêche le vendredi dernier, a indiqué que les autorités maliennes ne sont pas arrogantes. Pour ce dernier, les gouvernants maliens n’ont fait que sauver l’honneur du Mali. « Partout dans le monde, les dirigeants se font toujours respecter à travers les pouvoirs qu’ils détiennent. Aucun pays n’aime être humilié ou vilipendé par une autre puissance quelconque, quelle que soit la richesse ou la diplomatie de cette dernière », a déclaré le chérif de Nioro qui a réitéré son soutien aux autorités de la transition. « Nous avons été humiliés aux yeux du monde entier à travers nos propres dirigeants. Aujourd’hui, notre pays connaît un régime militaire qui donne un nouvel élan et une nouvelle dignité à son peuple », a ajouté le Bouyé Haïdara qui a appelé ses fidèles et sympathisants à soutenir la transition en cours.
L’ancien ministre et cadre de l’Adema, Seydou Traoré a, lui aussi, répliqué à la sortie de l’imam Dicko. Selon ce dernier, l’imam Mahmoud Dicko est ‘’inconstant’’ et ‘’ambiguë’’. « L’imam Dicko, vénéré et respectable patriarche religieux, votre discours au Forum de Bamako, a juste montré que vous êtes un humain parmi les humains, inconstant comme les humains savent l’être, ambiguë comme n’importe quel mortel », a déclaré Seydou Troaré. À la différence de Dicko, cet ancien ministre trouve que les autorités travaillent à donner au Mali sa dignité et sa souveraineté. « Alors, quoi de plus normal que dans cet éclairage, face à une situation d’atteinte caractérisée à notre souveraineté que les autorités de la transition soient intransigeantes et arrogantes pour répondre à l’orgueil de la communauté internationale qui se croit et se prend “propriétaire” du Mali », a précisé Seydou Traoré. Il trouve également que même si l’imam Dicko est libre comme tout citoyen de changer de prendre position, sa posture actuelle écorche son image.
L’ancien ministre a indiqué l’imam Mahmoud Dicko a manqué du respect au peuple malien. « Par contre, à charge pour vous de vous excusez publiquement, car nous sommes nombreux à nous sentir insultés par vos propos », a laissé entendre Seydou Traoré qui ajouté : « iman Dicko, comme Macron, Florence Parly, Jean Yves Le Drian, le sénateur français Christian Cambon, président de la Commission des Affaires Étrangères et de la défense, vous nous avez manqué de respect. Vous avez déçu ! LA FRANCE DE MACRON JUBILE ! »
L’imam Mahmoud Dicko, l’éternel insatisfait
Depuis les années 1991, l’imam Mahmoud Dicko a été le leader religieux qui s’est fait beaucoup remarquer sur la scène politique. Il a participé activement à la gestion du pays. Dans les années 2010, il a combattu ce dernier au sujet du projet du code de la famille. Après la chute de ce dernier, il a fait partie des leaders religieux qui ont appelé à voter le candidat IBK dont il a bénéficié la largesse durant des années. Il a fini par combattre ce dernier à la fin de son règne. Qu’en est-il de la nomination de Boubou Cissé comme premier ministre ? Le même imam a été insatisfait de la gestion de ce dernier et a fini par le combattre. Les Maliens se souviennent aussi de la suite du combat du M5-RFP. Il a abandonné ses collègues en plein vol en proposant Moctar Ouane comme Premier ministre qu’il a qualifié, par la suite, de « Premier ministre froid ». Depuis quand la nomination d’un Premier ministre a été le rôle d’un imam ? Pourtant, lui Dicko, a profité de sa popularité pour faire nommer, jusqu’à deux fois, un Premier ministre. Bien qu’en tant que citoyen, il a le droit de critiquer les actions des gouvernants, mais l’imam Mahmoud Dicko ne devrait pas oublier sa part de responsabilité dans la chute du Mali.
Et maintenant, pendant que les Maliens dans leur majorité et l’Afrique sont fiers de ce que font les autorités actuelles de la transition, l’imam Mahmoud Dicko se montre comme un opposant et revient sur les attaques. Là encore, il n’est pas satisfait de la gouvernance de Assimi. En tout cas, c’est ce que prouvent ses différentes sorties.
Les risques qu’encourent Mahmoud Dicko
De nos jours, les Maliens soutiennent Assimi Goïta et son gouvernement. La majorité est satisfaite des résultats obtenus en un an, surtout sur le plan sécuritaire.
L’Imam Mahmoud Dicko est respecté par bon nombre de citoyens, non seulement parce qu’il est un leader religieux, mais aussi pour son engagement pour une bonne gouvernance. En se dressant comme un opposant à la transition, l’imam Mahmoud Dicko risque de perdre sa crédibilité et son image d’un combattant de la bonne gouvernance. Beaucoup verront ses attaques contre les autorités comme un combat personnel, un règlement de compte et il risque de perdre sa popularité. En tout cas sur le plan politique.
B. Guindo