Son père croisait les bras en priant, pas son grand père. Alors quel camp choisir ? Et comment vivre son choix ? L’ami d’Iyad Ag Ghaly a un sérieux problème ! Mais il dit pouvoir vivre avec les autres.
Mahmoud Dicko
Mahmoud Dicko est un wahhabite discret. Il n’est pas le genre à étaler, avec véhémence, sa tendance wahhabite et il évite de la jeter sur la place publique avec arrogance, suffisance et mépris pour les autres ; comme beaucoup le font. Cette discrétion, on vient d’en percer le mystère avec l’émission ‘’La marche du monde’’ de Rfi. Le samedi 30 dernier, les collègues de cette émission avaient réservé leur émission à un et seul sujet : « islam soufis et islam wahhabite » au Mali. Naturellement, les reporters se sont adressés à Ousmane Madani Haidara et à Mahmoud Dicko.
A cette occasion, le Président du Haut Conseil Islamique (son mandat est terminé, en fait) a expliqué comment il était devenu wahhabite et surtout quel genre de wahhabite il était. Mahmoud Dicko relate son parcours et on apprend des choses : que son père croisait les bras quand il priait (donc wahhabite), que son grand père lui, ne croisait pas les bras (donc soufiste), et qu’il était allé étudier en Arabie Saoudite durant plusieurs années. Or, les deux tendances ne s’entendront jamais jusqu’au jour du jugement dernier. Et tout le sang musulman versé en Irak, en Syrie, au Pakistan, en Algérie, au Soudan, etc. et puis proche de nous au Mali est à placer dans le cadre de cette guerre.
Dicko indique qu’en ayant vu prier son père et son grand père différemment, il avait posé des questions à ce dernier. Et on comprend qu’il n’a pas été vraiment satisfait. Il est donc tout à fait probable que son séjour de longues années (et la rencontre d’Iyad Ag Ghaly, son ami de 20 ans ?) au royaume d’Arabie Saoudite – le berceau mondial du wahhabisme – qui l’ont conditionné vers le wahhabisme. On peut penser aussi que les circonstances de la vie l’on aussi dirigé vers cette direction.
Dicko a rencontré Iyad vers le début des années 90 et il était un jeune imam alors âgé de la trentaine et sans le sou. Une période où socialement, économiquement et financièrement, il est plutôt fragile. Donc influençable.
Dicko est donc fils de wahhabite et petit fils de soufiste. Il a opté pour le côté du père mais il continue à avoir des difficultés existentielles et décisionnelles dans cette déchirure. On peut être sûr que les attaques de son ami et partenaire Iyad contre le Mali l’a plongé dans un état d’âme très difficile. Elles l’on mis aussi en difficultés et vis-à-vis des musulmans non wahhabites et vis-à-vis du Mali tout court. Dicko, à titre d’exemple, est pour la destruction des mausolées de Tombouctou. Mais il ne pouvait pas le revendiquer ouvertement pour ne pas choquer les Maliens. De l’autre côté, il ne pouvait pas les condamner pour ne pas avoir des problèmes avec Ançardine, Al-Qaïda, Boko Haram, etc. Avouons que cela fait beaucoup.
Mahmoud Dicko est d’une intelligence du diable et cela lui a permis de s’en sortir jusqu’à présent. Mais, les jours difficiles restent devant lui. En effet, il a derrière une foule d’adorateurs qui l’appellent déjà « Amir », comme on le dit à un chef d’Etat d’un Emirat. Les Maliens sont là aussi qui ne voudraient pas découvrir certaines choses et le salafisme mondial a le regard braqué sur lui en ce qui concerne le Mali. Le chat retombera-t-il toujours sur ses pattes ? Allaahou Aalam.
A. Tall