C’est dans la cité des 333 saints que le Chef de la Minusma a mis fin à son périple dans les régions du Nord du Mali, les 11 et 12 février dernier. Pour cette dernière étape, Mahamat Saleh Annadif s’est rendu à Ber pour rencontrer la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Il a aussi échangé, entre autres, avec le grand Imam de la Mosquée de Djingarey Ber ainsi que les représentants de la société civile de la région.
Au lendemain de son séjour à Tombouctou, la délégation ayant quitté Gao la veille a rencontré à Ber, commune située à 60 km de Tombouctou, les autorités locales et les représentants de la CMA. Deux points essentiels débattus: la mise en œuvre de l’Accord de paix et l’apaisement des tensions intercommunautaires. Tout au long de ces échanges, M. Annadif a encouragé les parties présentes à persévérer sur la voie de toutes les initiatives pouvant favoriser la réconciliation nationale. Le diplomate tchadien a avancé qu’en dépit des imperfections pouvant être reprochées à l’accord, celui-ci est réel et représente « le moyen le plus efficace d’assurer la défaite du terrorisme dans le pays ».
Annadif sensibilise contre l’utilisation des enfants dans les groupes armés
Dans le cadre de ce déplacement à Ber, la Division des droits de l’Homme de la Minusma, sous l’égide de son directeur, M. Guillaume Nguefa et la section de la Protection de l’enfant ont commémoré la journée internationale de lutte contre l’utilisation des enfants associés aux forces et groupes armés. Présent à la cérémonie, le RSSG a appelé les responsables à, d’un côté, sensibiliser les plus réticents à la nécessité de la mise en œuvre de l’Accord de paix; de l’autre, à mettre la protection de l’enfance au cœur de leur préoccupation. « Nous sommes là pour vous accompagner dans le cadre du respect strict de l’Accord de paix. L’Accord est dans votre intérêt à vous tous, pour que ces enfants qui sont devant moi puissent demain aller à l’école. Ils sont les dirigeants de demain », a-t-il soutenu.
Cette cérémonie, déroulée en présence d’une centaine de participants dont la plupart des enfants, a été porteuse de divers messages de sensibilisation sur la protection de l’enfant. Le secrétaire général de la CMA, Brahim Ould Sidatti, en a saisi l’opportunité pour signer une déclaration dans laquelle la Coordination s’engage à respecter l’interdiction de recruter et d’associer à ses troupes, des enfants conformément au Protocole facultatif sur l’implication d’enfants dans les conflits armés.
“Tout faire pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord”
De retour dans la commune de Tombouctou, Mahamat Saleh Annadif s’est d’abord réuni avec le staff des agences onusiennes et du Bureau régional de la Minusma pour, dit-il, “faire connaissance et mieux s’informer des conditions de travail”. Tout en se disant conscient des difficultés sur le terrain, le représentant spécial onusien a rappelé à son équipe de terrain que “nous devons continuer à appuyer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Mais nous ne pouvons l’appliquer qu’avec les Maliens eux-mêmes”. En outre, il a exhorté le personnel onusien à continuer à exercer leur mandat dans le respect des droits humains et de normes des Nations Unies.
Le diplomate tchadien a aussi visité le Grand Imam de la Mosquée de Djingarey Ber, M. Abdrahamane Ben Essayouti, avec qui il a dialogué en bilatérale à l’intérieur de la Mosquée. Une autre couche importante est la société civile de Tombouctou et de Salem qui s‘est mobilisée pour saluer la présence de M. Annadif. Celui-ci leur a fait part de la nécessité pour lui d’”aller vers ses frères et soeurs maliens pour recueillir leurs avis sur le processus de paix”.
La salle de réunion de la Mairie de Tombouctou a rassemblé une trentaine de membres de la société civile et de notabilités de la commune, dont deux femmes. Dans une ambiance de fraternité chargée d’émotions, l’assistance a loué la nomination d’un tchadien à la tête de la mission onusienne, considérant le lourd tribut payé par les casques bleus tchadiens pour la paix au Mali.
La rencontre présidée par le maire, Hallé Ousmane, a permis d’aborder les questions de sécurité, la construction de la route Tombouctou-Kabara, la réalisation de projets sociaux pour la population et le chômage des jeunes. “C’est pour la première fois que nous entendons les propos d’un chef de la MInusma qui a tendance à toucher nos problèmes fondamentaux”, a affirmé Boubacar Mahamane du Collectif “Une voix pour Tombouctou”. Il a également invité les responsables de la MInusma à la mise sur pied d’un “puissant réseau d’information avec la collaboration de la population pour vaincre le fléau de l’insécurité”.
De cette tournée dans le Nord qui s’achève avec une attaque sur le camp de Kidal au matin du 12 février, Mahamat Saleh Annadif dit avoir tiré des leçons. Particulièrement pour la région de Tombouctou, il dit avoir constaté la gravité de la situation. Cependant, il continue son plaidoyer en faveur de la participation des Maliens dans le processus de paix. “Il faut que les Maliens se ressaisissent, notamment la jeunesse. Il faut que vous vous sensibilisiez les uns, les autres. C’est ensemble que nous devons tout faire pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix”, a conclu le chef de la Minusma, en ajoutant “je vais travailler à ce que les mêmes problèmes ne soient soulevés lors de notre prochaine rencontre”.
La rédaction