Lors de la célébration du 61e anniversaire de son pays à l’indépendance, le 22 septembre dernier, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta a annoncé l’ouverture très prochaine d’une école de guerre au Mali. Un projet aussitôt été adopté dès le lendemain par l’organe législatif de la transition. Certes ambitieux de par sa vision, le Mali dans les circonstances actuelles de multiples crises avec la France et les Nations unies a-t-il les moyens de mettre en œuvre un tel grand projet?
22 septembre 1960-22 septembre 2021, le Mali atteint 61 ans de son accession à la souveraineté nationale et internationale en tant qu’Etat indépendant. Une occasion mise à profit par le président de la transition en cours, le colonel Assimi Goïta, pour annoncer l’ouverture très prochaine d’une école de guerre au Mali. Le projet a aussitôt été adopté, dès le lendemain, par l’organe législatif de la transition, le Conseil Nation de Transition (CNT) pour mettre l’accent sur l’importance du projet.
D’ailleurs certains Maliens l’ont apprécié à juste titre, en termes de réponse à l’engagement des militaires au pouvoir de venir à bout de ce phénomène d’insécurité sans précédent qui gangrène le Mali et le Sahel en général. Pour d’autres, un projet de telle envergure peut paraitre utopique dans la mesure où, le Mali est en perte progressive de confiance et par ricochet, de soutien de la plupart de ses partenaires techniques et financiers dans le monde entier. Certainement parce que le pays peine toujours à mettre en œuvre effectivement, après 30 ans, le régime de démocratique qu’il a librement choisi en mars 1991. Depuis cette date, le Mali ne connait qu’un seul président qui a démocratiquement passer le pouvoir à la fin de ses mandats. Le mandat de tous les autres a été écourté par des militaires en armes avec au menu des frustrations, cette même question d’insécurité. Pis, à chaque renversement de pouvoir, le problème d’insécurité existant s’aggrave davantage et prend d’autres proportions plus inquiétantes menaçant la survie de l’Etat. C’est pourquoi, à chaque coup-d ‘Etat, la communauté internationale et ses sœurs des organisations régionales et sous régionales ont sanctionné le Mai en conditionnant la reprise des coopérations économiques au retour à l’ordre constitutionnel normal. Donc ayant perdu plus d’une cinquantaine d’hommes à travers l’opération Barkhane, Paris a ainsi décidé une recomposition de son dispositif militaire au Sahel. De 5.100 soldats, Barkhane doit décroître entre 2500 et 3000 hommes selon le président français Emmanuel Macron. Un retrait qui est attendu à partir du second semestre au début de l’année 2022, respectivement à travers les bases françaises de Kidal, Tessalit et Tombouctou. Une décision a encore infectée et bousculée par la sulfureuse question de coopération du Mali avec un groupe sécurité paramilitaire privé russe Wagner.
Une école de guerre sur quel fonds ?
Même si la ministre française des armées, Florence Parly s’est rendue au Mali, après l’annonce de son pays de ne pas pouvoir cohabiter avec des mercenaires, pour, dit-elle, préciser que « l’armée française ne quittera pas le Mali », il faut reconnaitre que l’engagement de cette puissance colonisatrice qui est la France ne sera plus comme avant au Mali. En plus de l’instabilité politique, l’augmentation du nombre perte des militaires français dans une guerre qui n’est pas la leur, la question controversée de Wagner, un sentiment anti français fort vient conclure la donne. Un « sentiment anti-français » qui tache même d’impacter l’accord de coopération militaire entre le Mali et la France au niveau certaines couches de la population. C’est pourquoi, Sans d’amples éclaircissements sur ces questions de la part des autorités maliennes, le soutien et l’accompagnement de la France et ses alliés de la communauté internationale va être difficile au fameux projet d’école de guerre. Surtout que la France a une forte capacité de mobiliser autour d’elle l’ensemble de la communauté internationale y compris les Etats-Unis. Aussi, certains observateurs estiment que la Russie, vers qui les autorités maliennes penchent actuellement ne peut pas, à elle seule, supporter, en plus des nombreux défis sécuritaires du pays, prendre en charge une école de guerre.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS