Dans la farouche lutte contre le terrorisme enclenché par la communauté internationale, le Mali a bien son mot à dire. Et à plusieurs titres. Ses services de sécurité jouent un rôle déterminant en toute discrétion. Grace à leur vigilance, plusieurs dizaines de terroristes ont été mis hors d’Etat de nuire, même si la mise en déroute de l’Etat islamique en Syrie et en Irak les oblige à plus de vigilance. Retour sur les lauriers des forces spéciales du Mali.
Longtemps accusés de laxisme et même d’incompétence les forces de sécurité maliennes, plus singulièrement les services secrets, ont réussi admirablement à redorer leur blason à travers leurs hauts faits d’armes. L’arrestation du terroriste mauritanien, Fawaz Ould Ahmeida, et bien d’autres caïds du terrorisme international doit pouvoir bien rassurer les populations.
Comme on l’a appris de source sécuritaire malienne, c’est dans la soirée du 21 avril dernier que le terroriste mauritanien a été arrêté à Bacodjicoroni Golf. Soit à la veille du vendredi 22 où le fou d’actes terroristes prévoyait de mener un véritable raid sanglant dans la capitale malienne. Cette arrestation, loin d’être le fait du hasard ou d’un simple coup de chance traduit la vigilance et l’efficacité des hommes du Général Moussa Diawara, patron des services secrets maliens.
Bien qu’il ait séjourné plusieurs fois à Bamako sans se faire repérer, ce redoutable terroriste avait été pris en filature jusqu’au 16 avril, date à laquelle il était retourné dans la capitale pour perpétrer des attentats prévus pour le 22 avril. Le timing entre son arrestation et la date de l’attaque prévue indiquent clairement que l’énergumène n’avait jamais pu échapper à la vigilance des limiers des services spéciaux.
C’est-à-dire que ses faits et gestes étaient suivis depuis quelques temps sans qu’il puisse s’en apercevoir. Pour ce faire, il a fallu collecter puis confronter des milliers d’informations en vue de repérer, tracer puis arrêter Fawaz Ould Ahmeida.
Car dans ce genre d’action, il fallait éviter d’éveiller le moindre soupçon, s’assurer de l’identité de l’individu, ne pas se fourvoyer quant à sa planque, cerner ses fréquentations et ses cibles à attaquer, entre autres. Et pour un terroriste de son niveau en tant que planificateur, il a fallu du temps et de l’adresse dans les enquêtes avant de procéder à son élimination physique ou morale. Ce qui a nécessité de remonter la filière depuis la base.
La difficulté de remonter la piste des terroristes
Depuis qu’il a commis la première attaque terroriste de Bamako au bar La Terrasse en mars 2015, Fawaz Ould Ahmeida avait disparu, laissant derrière lui, au milieu des victimes, des douilles de munition et des éclats de grenades pour seuls indices. Tel aura été le cas pour les autres attaques dont Ould Ahmeida serait apparu en planificateur. En l’occurrence les attaques des hôtels Radisson Blu et Nord-Sud de Bamako et Byblos de Sévaré. A chacune de ces monstruosités, les services secrets de notre agence de renseignements récoltent moins d’indices que leurs confrères des pays développés quand cela survient sur leur sol.
Contrairement à ces derniers, les nôtres n’ont pas l’avantage des images de vidéos-surveillance dans les rues ou dans les bâtiments. Ils n’ont pas non plus de banques de données d’empruntes et d’ADN aussi fiables que celles des grands pays car nos Etats en sont encore au balbutiement de fichiers individuels fiables. Ce qui participe à désabuser notre police scientifique naissante. A cela, il faut ajouter la collaboration approximative, voire insignifiante, de nombreux individus de notre pays.
Car certains continuent de voir en ces gangsters des héros d’une cause qu’ils ne s’expliquent que de la pire des façons. Une conséquence directe de leurs mauvaises formations spirituelle et intellectuelle. Malgré cela, les agents ont réussi à déjouer nombre d’attaques et à mettre aux arrêts cinq terroristes de haut vol en l’espace de quatre semaines seulement.
L’explication des succès réalisés
Outre leur formation bien assimilée auprès des pays amis et la poursuite de leur assistance dans le domaine, le point focal de cette efficacité est sans nul doute la coopération entre les services de défense et de sécurité intérieurs d’une part, et celle entre les agences de renseignement ivoirienne, burkinabé et malienne d’autre part. Manifestée par la rencontre d’Abidjan entre les ministres en charge du dossier dans les trois pays.
La coordination entre les forces du bien est la seule arme pour contrer celles du mal. Il est impérieux que la coordination soit fluide entre les agences aussi bien en interne qu’en externe. La preuve est donnée par l’arrestation d’Ibrahim Ould Mohamed à Goundam dans la région de Tombouctou. Dès qu’il a posé les pieds sur le territoire malien, après le forfait à Grand Bassam, il a été pris en filature par nos services secrets jusqu’à Goundam, grâce à la coopération ivoiro-malienne.
Et ce malgré qu’il ait pris soin d’éviter de passer par Sikasso pour se rendre à Goundam afin de brouiller les pistes. C’est en voulant en sortir qu’il a été mis aux arrêts. Livrant des informations précieuses. Après quoi, survint celle du numéro 2 de l’attaque de la station balnéaire ivoirienne, Alou Doumbia. De là à celle de Kounta Dallah, l’instigateur principal de l’attaque, il n’est plus question que de temps.
Quelques jours avant la mise hors d’état de nuire de Ould Mohamed, c’était celle de Souleymane Kéita, chef de Ançar Dine du Sud du Mali, prés de la frontière mauritanienne, alors qu’il revenait d’une cavale l’ayant mené hors du pays. C’est l’arrestation d’un de ses suppôts dans le centre du pays qui a permis de le repérer. Disposant maintenant de personnes à interroger, le travail de nos forces de sécurité et de défense s’en porte mieux et les résultats suivent à volonté.
A cette allure, en tenant compte de ce regain de confiance que cela suscite chez eux, on ne peut que se dire que nos anges gardiens sont en train de prendre le dessus sur ceux dont on disait qu’ils n’avaient aucune capacité à stopper. Ils nous ont donné la preuve que nous pouvons compter sur eux et surtout collaborer avec eux en leur fournissant les informations dont ils ont besoin pour notre sécurité. C’est ce que révèle la mise sous verrous des terroristes arrêtés ces derniers jours par les forces spéciales de nos services secrets.
Résumé : Harouna Niang
La Dépêche