Pour son premier déplacement depuis sa prise de fonction comme président de la transition au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim TRAORÉ a choisi notre pays. Il est arrivé à Bamako, hier mercredi, dans l’après-midi. Le Président burkinabé a été accueilli à l’aéroport international Président Modibo KEÏTA de Bamako-Sénou, par le colonel Assimi GOITA. De l’aéroport, les deux personnalités et leurs suites se sont dirigées vers le Palais présidentiel de Koulouba, où les deux Chefs d’État ont eu des entretiens autour de certains sujets d’intérêt commun.
L’accueil de la délégation présidentielle burkinabé a été fait en présence du Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye MAIGA ; du Président du Conseil national de Transition (CNT), le colonel Malick Diaw ; des membres du Gouvernement ainsi que les membres du corps diplomatique et consulaire.
En choisissant le Mali pour effectuer sa première visite à l’étranger, le capitaine Ibrahim TRAORÉ opte pour une mutualisation des moyens dans la lutte contre les groupes terroristes. Ainsi, selon des sources proches de Koulouba, les discussions entre les deux Présidents ont tourné autour des questions sécuritaires qui préoccupent les deux pays voisins depuis des années.
En effet, cette visite d’amitié et de travail vise à renforcer l’axe Ouagadougou-Bamako et à intensifier la lutte contre les groupes armés terroristes qui endeuillent les deux nations.
«Convaincu qu’aucun pays ne peut vaincre seul les groupes armés qui sont extrêmement mobiles, le chef de l’État burkinabè entend insister sur le renforcement de la coopération bilatérale et la mutualisation des moyens de combat», a précisé la Présidence du Faso.
Pour des observateurs, cette première visite que le Président de la transition du Burkina Faso a décidé d’effectuer au Mali est stratégique. Une manière pour le capitaine TRAORÉ de répondre à une préoccupation du peuple burkinabé dont la majorité clame le renforcement de la coopération avec notre pays et de surcroît avec la Russie qui est un partenaire stratégique de Bamako.
L’on se rappelle que les manifestations avant, pendant et après son coup d’État du vendredi 30 septembre 2022, ont appelé à rompre la collaboration avec la France et se tourner vers la Russie. Le modèle malien est envié par des hommes intègres.
Pour arriver à combattre le terrorisme, les méthodes utilisées par le Mali et le Burkina diffèrent pour l’instant. Bamako a rompu avec la France, dont les derniers soldats, opérant au sein de l’opération Barkhane, ont quitté notre sol, et s’est tourné vers la Russie pour aider à combattre les groupes terroristes.
Pour sa part, depuis le coup d’État du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA, renversé huit mois plus tard par le capitaine Ibrahim TRAORÉ, le Burkina Faso n’a pas coupé les liens avec l’armée française qui a continué à participer aux côtés de l’armée burkinabè à la lutte anti-jihadiste.
Cela, malgré le fait que les partisans du capitaine TRAORÉ aient manifesté à plusieurs reprises à Ouagadougou en brandissant des drapeaux russes, en s’en prenant à des intérêts français et en réclamant le départ des quelque 400 soldats des forces spéciales françaises présentes au Burkina.
À ceux qui souhaitent le départ de la France du Burkina Faso, la réponse du nouveau Premier ministre du pays des hommes intègres, Apollinaire Kyelem de TEMBELA, a été la suivante : « peut-être qu’avec la nouvelle donne (sécuritaire) nous examinerons nos rapports avec la Russie pour voir s’il faut la renforcer dans un secteur ou pas, s’il faut la réorienter dans l’intérêt du Burkina Faso et dans le respect de sa souveraineté ».
Mais, a-t-il averti, «ce n’est pas à la rue de nous dire de faire ceci ou cela».
Le Président de la transition malienne avait reçu, le 3 septembre dernier, le Président de la transition burkinabé d’alors, Paul Henri Sandaogo DAMIBA. Au cours de cette visite, les deux Présidents avaient abordé la coopération antiterroriste entre leurs deux pays ébranlés par les groupes jihadistes.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin
